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  • admin9596 1:44 am le January 29, 2016 Permaliens  

    Obama et les armes : le grand raté 

    Le Monde | 18.01.2016 à 17h57 • Mis à jour le27.01.2016 à 11h42

    [Infographie] La nouvelle offensive du président américain contre les armes à feu est-elle perdue d’avance ? Le « New York Times » montre qu’à chaque fois qu’il appelle à limiter leur accès à la suite d’une tuerie de masse, les ventes grimpent.

    Les ventes d'armes (en millions d'unités) aux Etats-Unis entre 2000 et début 2016 (source : nytimes.com).

    Publié le 4 janvier 2016, l’article du New York Times” “Les ventes d’armes grimpent en flèche après l’appel d’Obama à de nouvelles restrictions” est à lire sur : http://www.nytimes.com

     
  • admin9596 11:28 pm le January 27, 2016 Permaliens  

    La générosité calculée de Facebook inquiète les Indiens 

    En Inde, la polémique fait rage autour de Free Basics, l’application mobile de Facebook offrant un accès gratuit mais limité à Internet. Accusée de bafouer la neutralité du Net, elle y a été temporairement interdite. Depuis, Mark Zuckerberg mène la contre-offensive en invoquant la lutte contre la fracture numérique.

    Publicité à l’appui, Facebook présente son application Free Basics comme 
un moyen de réduire la fracture numérique. Ici, à Mumbai en décembre 2015.

    La plateforme Free Basics est-elle un joli cadeau de Facebook ou une insupportable entrave à la liberté de choisir ? Le géant américain promeut dans 37 pays une application mobile qui, dans le cadre d’un partenariat avec un opérateur télécoms local, permet aux utilisateurs d’accéder gratuitement sur Internet à une centaine de sites et services, triés sur le volet, sur le milliard que compte la Toile. Un moyen, selon Facebook, de réduire le fossé numérique entre les riches, qui peuvent s’offrir de la bande passante, et les autres. Mais en Inde, cette offre fait polémique. Le pays a décidé le 23 décembre de la suspendre en attendant l’avis de l’autorité de régulation des télécommunications indienne (TRAI) et les conclusions d’une consultation publique sur l’accès à Internet.

    La neutralité du Net en débat

    Avec Free Basics, les utilisateurs peuvent consulter sans payer la météo, des offres d’emploi, et même des informations sur la santé ou l’agriculture. Encore faut-il que les pauvres sachent lire et écrire, dans un pays où au moins 30 % de la population est analphabète, et qu’ils aient en poche suffisamment de roupies pour s’offrir un smartphone… Mais, demandent les opposants à ce système, si le géant américain voulait vraiment offrir Internet à ceux qui en sont privés, pourquoi en limiter ainsi l’accès à certains sites ?

    Lorsque Madras était englouti par les eaux, en décembre, l’offre de Free Basics n’aurait pas permis aux utilisateurs, ou difficilement, d’avoir accès aux sites créés en quelques heures pour venir en aide aux sinistrés. « Si vous dictez aux pauvres ce qu’ils doivent avoir, vous leur enlevez le droit de choisir ce qu’ils pensent être utiles pour eux », estime Naveen Patnaik, le ministre en chef de l’Odisha, un Etat dans l’est de l’Inde.

    Le site de partage de vidéos YouTube, qui appartient à son concurrent Google, ne fait pas partie des sites retenus par Free Basics, tout comme le moteur de recherche du même nom. Facebook lui a préféré Bing, développé par Microsoft, qui se trouve être aussi l’un de ses actionnaires. Avec Facebook qui se substitue à Internet, de nombreux Indiens craignent de voirdisparaître le principe de neutralité du Net, qui garantit à tous l’accès à Internet dans son intégralité.

    Dans un communiqué rendu public le 30 décembre, un collectif de chercheurs indiens s’inquiète du rôle que s’octroie Facebook. Ils s’inquiètent également du contrôle que peut exercer l’entreprise sur toutes les données et informations personnelles qui transiteront sur ses serveurs.

    Des sociétés craignent aussi que Facebook, voulant fonder un royaume dans l’univers d‘Internet, puisse à son gré en fermer les portes ou faire payer des droits d’entrée. Certains rétorquent que d’autres opérateurs ou géants d’Internet pourraient eux aussi offrir un accès gratuit à quelques sites de leur choix. « Ce serait l’apartheid numérique », s’insurge Mahesh Murthy, un jeune entrepreneur, fondateur de Pinstorm, une agence de conseil en marketing digital.

    Un marché gigantesque

    Dans une tribune publiée fin décembre par le quotidien Times of India, le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, s’étonne des critiques suscitées par son projet. Le multimilliardaire de la Silicon Valley va même jusqu’à affirmer qu’un pauvre sur dix peut sortir de la misère en se connectant à Internet, sans que l’on sache d’où provient cette statistique.

    Pour convaincre les autorités indiennes, Facebook ne lésine pas sur les moyens, puisque l’entreprise s’est offert une immense campagne de publicité. Rarement une entreprise aura dépensé autant d’argent pour une action qu’elle présente comme philanthropique… Le marché indien constitue un énorme potentiel. Le pays ne compte pour l’instant que 150 millions d’abonnés Facebook, un chiffre en augmentation rapide. Pour une entreprise qui se rémunère sur la publicité, l’acquisition de nouveaux utilisateurs dans ce pays peuplé de 1,2 milliard d’habitants s’avère cruciale. La gratuité de Free Basics pourrait bien un jour rapporter beaucoup d’argent à Facebook.

    Lire aussi : Mark Zuckerberg veut « connecter le monde » à Internet d’ici cinq ans

     
  • admin9596 3:13 am le January 26, 2016 Permaliens  

    Krach boom hue 

    Le Monde | 08.01.2016 à 18h05 • Mis à jour le11.01.2016 à 15h49 |Par Jean-Michel Normand

    Les maternités se font du mouron. Depuis quelque temps, la clientèle n’est plus aussi nombreuse. L’Insee confirme que sur les neuf premiers mois de l’année, délai qui s’impose lorsqu’il s’agit de démographie, le recul atteint 2,8 % soit un manque à l’appel de presque 20 000 bébés. Dans Les Echos, le patron d’un groupe de cliniques privées s’attend même à un « krach des naissances en 2015-2016 ».

    Lorsque l’on sait qu’un accouchement est facturé 3 000 euros par l’Assurance-maladie, on comprend que les obstétriciens s’inquiètent, mais ce genre de data est de nature à donner un coup au moral à bien plus large échelle. Au grand étonnement de ses voisins, la France indexe en effet son indice de bonheur national brut sur la courbe de sa natalité. Le maintien au-dessus de 2 du taux de fécondité, autrement dit le nombre moyen d’enfant par femme, constitue une fierté nationale et, plus ou moins consciemment, un gage que le déclin n’est pas acquis.

    Depuis 2008, année qui a vu la crise économique s’amplifier, le taux de fécondité de la Douce France a tenu bon mais la montée continue du chômage, dont on sait qu’il retarde l’arrivée du premier enfant dans un couple, ainsi que les multiples traumatismes collectifs de 2015 pourraient finalement en avoir raison.

    En fait, il n’y a probablement pas de quoi s’inquiéter. Ce petit coup de mou des maternités s’explique, selon les démographes, par la réduction du nombre de Françaises en âge de procréer (les dernières baby-boomeuses ont fini de faire des enfants) plutôt que par un réflexe instinctif et subit de repli sur soi. En 2016, il n’est donc pas dit que le nombre de parents et, ne l’oublions pas, de grands-parents, ne repartira pas à la hausse. Il reste trois mois pour y parvenir et, statistiquement parlant, début janvier est une période plutôt faste.

    •  Jean-Michel Normand

      Journaliste au Monde
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  • admin9596 8:36 am le January 25, 2016 Permaliens  

    Un immeuble-œuvre d’art new-yorkais figé dans les années 1970 

    Un ensemble dépouillé mais pas austère

    En 2010, la réhabilitation du 101, Spring Street peut commencer. Les 1 300 pièces en fonte moulée de la façade sont déboulonnées pour être réparées ou remplacées. A l’intérieur, on adapte l’édifice aux normes de confort et de sécurité actuelles – climatisation, doubles vitrages, dispositif anti-incendie – avec le maximum de discrétion. Objectif : donner l’impression que l’immeu­ble n’a pas été touché. Facture : 23 millions de dollars.

    Dans un quartier où chaque centimètre carré est mis à profit, cette relique d’une époque où l’espace n’était pas un luxe exerce un charme puissant. Judd avait décidé de ne rien cloisonner, consacrant chaque étage du bâtiment à une seule activité – manger, dormir, travailler…

    Des fenêtres donnant sur le quartier de SoHo.

    Donald Judd Works/Art/Judd Foundation

    En préservationniste, il avait gardé jusqu’aux taches d’huile de machine, intervenant sur l’architecture par petites touches : un interstice entre le plancher et la base des murs, un théâtre de marionnettes caché dans une soupente, un plafond en pin.

    Dépouillé sans être austère, l’ensemble est d’une étonnante modernité. Comme le résume Chris D’Amelio, l’un des associés de Zwirner, la galerie de Chelsea qui représente la fondation, « le travail de Judd n’a pas pris une ride, car les générations suivantes n’ont pas rejeté le vocabulaire qu’il a inventé ».

    La vie entre maintenant par petites bouffées à l’adresse où le temps s’est arrêté. En dehors des visites guidées, par groupes de huit, la Fondation Judd proposera bientôt des ateliers de dessin. Pas besoin d’être un artiste pour participer. « C’est juste une autre manière de découvrir le bâtiment, précise Rainer. Nous ne sommes pas un musée, mais une maison. Les gens devraient pouvoir venir s’asseoir et ne rien faire. »

    Le rez-de-chaussée héberge en outre deux installations par an (on ne dit pas « exposition » dans la maison Judd), conçues par Flavin, qui fait office d’architecte et de curateur de la fondation. Rainer, qui a fait des études de cinéma, filme de son côté les témoignages de tous les assistants, fabricants, artistes, galeristes et collectionneurs qui ont côtoyé son père, pour constituer une histoire orale de sa carrière. Les Judd préparent aussi une monographie de l’artiste ainsi qu’une réédition de ses écrits, qui sortira en mars. « Je n’arrête pas de me dire : l’année prochaine, j’aurai plus de temps pour mes projets personnels, commente Flavin. C’est comme ça depuis vingt et un ans. »

    En 2017, le MoMA de New York consacrera une rétrospective à Donald Judd, la première depuis 1988. En gardienne de l’orthodoxie, Rainer a surligné dans les œuvres complè­tes de son père tous les reproches qu’il faisait à ce musée (il a aussi des mots durs pour le Centre Pompidou, « un monstre cher et disproportionné »), avant de les livrer à la conservatrice chargée de l’exposition, Ann Temkin : « Je voulais que la vision de Don soit comprise. Ce n’est pas parce qu’une institution a de l’argent qu’elle peut montrer les œuvres et se passer du contexte. »

    L’intéressée n’en a pas pris ombrage. Selon Ann Temkin, « les critiques de Judd sont fondées ». Quant à ses enfants, elle admire leur dévouement. « Il y a d’autres familles d’artistes très impliquées – les familles Picasso et Matisse, les Duchamp – mais avec Judd la tâche est plus complexe car il y a cette question de la permanence. Ses enfants ont hérité d’une énorme responsabilité, et ils ont choisi de l’accepter. Nous avons beaucoup de chance. »

    La génération suivante sera-t-elle tenue elle aussi par cette obligation ? Flavin Judd, en tout cas, ne souhaite pas que ses trois enfants s’investissent dans la fondation. Il aimerait qu’ils soient artistes. Comme Don.

    Stéphanie Chayet

     
  • admin9596 2:46 am le January 24, 2016 Permaliens  

    Les salutations distinguées de Jean-Michel Tixier 

    Chaque semaine depuis octobre 2014, “M” donne carte blanche à l’illustrateur Jean-Michel Tixier. Dans une rubrique intitulée “Ligne de mire”, ses personnages comiques, grotesques ou ingénus livrent une vision décalée de l’actualité. Ses dessins sont présentés jusqu’au 30 janvier dans une exposition organisée par la boutique Colette, à Paris. En voici une sélection.

     

    « Salutations distinguées », jusqu’au 30 janvier 2016, chez Colette, 213, rue Saint Honoré, Paris 1er.

    Toutes les infos sur Facebook

    Jean-Michel Tixier sur Instagram

     
  • admin9596 1:09 pm le January 22, 2016 Permaliens  

    Jean-Pierre Masseret : « Je suis le petit caillou qu’il faut écraser » 

    L’ancien président du conseil régional de Lorraine, qui a maintenu sa liste au second tour des régionales, estime qu’il a « montré qu’une autre voie était possible » face au FN.

    « Le Front national est battu et la gauche sera représentée. Que demande le peuple ? » Jean-Pierre Masseret a « fait le job », il a l’air content de lui et du mauvais tour qu’il vient de jouer à Matignon et au Parti socialiste.

    Satisfait, le président sortant du conseil régional de Lorraine et chef de file de la liste socialiste aux élections régionales l’est d’autant plus qu’il revient de loin. Après s’être maintenu contre l’avis du parti, il a conservé ses positions (15,51 % au second tour, 16,11 % au premier) et le candidat de la droite Philippe Richert, pour lequel il avait refusé de se désister, a emporté haut la main la présidence du conseil régional de l’Alsace-Champagne- Ardenne-Lorraine. « Si le FN avait eu le malheur de l’emporter, j’aurais été l’homme à abattre, le bouc émissaire à jeter aux chiens », soupire-t-il, quelques jours avant la première séance plénière de la nouvelle assemblée, le 4 janvier.

    Jean Pierre Masseret, tête de liste socialiste pour les élections régionales en Alsace-Champagne-Ardennes-Lorraine annonce, le 7 décembre, le maintien de sa liste pour le second tour, malgré les demandes de retrait du PS et du premier ministre Manuel Valls.

    « Je n’ose imaginer si Florian Philippot avait été élu. On nous aurait fusillés avec des balles rouillées pour être bien sûr qu’elles nous refilent le tétanos », renchérit son colistier et ami Edouard Martin, ancienne figure syndicale d’ArcelorMittal, aujourd’hui député européen. « Je pense les avoir niqués », l’avait-on entendu jubiler au soir du 13 décembre, dans un aparté viril avec une journaliste saisi par « Le Petit Journal » (voir ci-dessous).

    On le retrouve trois semaines plus tard, requinqué, dans son bureau déjà vide de l’abbaye Saint-Clément, siège messin de l’ex-région Lorraine. En des termes plus policés, le sénateur Masseret se félicite d’avoir pu « démontrer aux politiques, aux médias, au Grand Orient, à tous les bien-pensants que (sa) stratégie était la bonne », que « c’est en combattant et non par l’évitement que l’on fait barrage au FN ».

    Mais quelle mouche a bien pu piquercet apparatchik de 71 ans au physique d’éternel jeune homme pour braver ainsi les ordres de cet appareil, le PS, qu’il a si longtemps servi, et qui lui

    a si souvent servi pour accéder, en quarante ans de carrière, à tous les postes qu’offre la République (sénateur, maire, secrétaire d’Etat, président de région…) ?

    « Je mesure la haine que les gens nourrissent à l’égard des élus. Ils attendent des solutions qu’on ne leur apporte pas et ce sentiment d’abandon nourrit le FN »

    Sa motivation serait, d’abord, politique. « Je vois la difficulté qu’ont beaucoup de gens à envisager leur avenir au-delà du 20 du mois, je mesure la haine qu’ils nourrissent à l’égard des élus. C’est vachement violent. Ils attendent des solutions qu’on ne leur apporte pas et ce sentiment d’abandon nourrit le FN. »Abandonner« tous ces gens » en rase campagne ? « Je ne pouvais m’y résoudre, c’était plus fort que moi. Dans tous mes meetings, je m’étais engagé à aller jusqu’au bout, tous les mecs de la liste étaient d’accord. »

    Depuis quelque temps, ses amis l’entendaient dire que « le PS est mort », une idée qui l’a conforté dans sa démarche. « Alors que la droite se déchire, Jean-Christophe Cambadélis (patron du PS) cherche à créer une nouvelle alliance composée de socialistes, de dissidents communistes, d’écolos et de figures de la société civile pour assurer une majorité à François Hollande. Valls, lui, tente une ouverture vers le centre droit. Centrale, la question du front républicain va se poser à nouveau. J’ai montré qu’une autre voie était possible. Alors forcément, je gêne. Je suis le petit caillou qu’il faut écraser. »

    Le 10 novembre, lors d'un débat des têtes de liste du Grand Est, à Strasbourg. De gauche à droite : Jean-Pierre Masseret (PS), le candidat FN Florian Philippot et Philippe Richert (LR).

    Lui qui croyait être revenu de tout s’est dit « choqué » par les pressions qu’il a subies entre les deux tours : menaces sur ses colistiers, chantage aux postes, désinformation, insultes (« Malek Boutih m’a traité de collabo »), « torrent de boue » sur les réseaux sociaux… « L’opinion que je me fais des hommes politiques n’a pas grandi durant cette séquence. J’ai vu ce qu’était le vrai pouvoir. Je me suis dit : au fond, tu es un pion qui doit obéir. C’est un méchant constat, assez désespérant. »

    Il y aurait donc une part de désenchantement dans la démarche de Jean-Pierre Masseret, mais aussi une forme de résilience. « Il sait que sa carrière est derrière lui et en même temps, je l’ai toujours entendu dire qu’il mourrait s’il devait arrêter la politique », confie un proche. S’abandonner au vertige du sacrifice pour mieux refaire surface. Pulsion de mort, pulsion de vie… Il sourit : « Je n’étais pas allé aussi loin dans l’analyse. »« Jean-Pierre aime surtout la castagne », explique, plus prosaïque, un autre fidèle.

    Des centaines de SMS de soutien

    Ancien marathonien, cet adepte des douches écossaises connaît la solitude du coureur de fond. « Elle offre un moment de reconstitution. » Il appartient à cette catégorie de politiques qui se laisse griser par la conquête du pouvoir, mais qui s’ennuie assez vite une fois aux affaires. Au fond, toute cette agitation lui a peut-être offert la dose d’adrénaline dont il a besoin pour conjurer sa peur du vide.

    « Bien sûr », le doute et l’angoisse d’avoir à endosser la responsabilité d’une victoire frontiste l’ont saisi entre les deux tours. « Jusqu’au mardi, j’ai ressenti ça très fort. » Il a vu le secrétaire d’Etat aux anciens combattants, Jean-Marc Todeschini, avec lequel il a fait toutes les guerres, « participer aux pressions ». Il a accusé le coup en apprenant par l’AFP que le PS lui retirait son investiture. « Et puis, j’ai vu des gens venir vers moi et me remercier. J’ai reçu des centaines de SMS gentils. Je me suis dit : continue, vas-y, c’est bien ! »

    Une nouvelle bataille commencepour la présidence du groupe socialiste à la région, qu’il revendiquera lundi 4 janvier. Il feint de ne pas en vouloir à ses colistiers qui, entre les deux tours, l’ont lâché en appelant à voter Richert. Ils étaient 71 à vouloir se retirer, il en aurait fallu 95 pour empêcher la liste de se maintenir. Ils sont aujourd’hui une petite dizaine, sur 19 sortants, à avoir été élus contre leur gré. Il les a surnommés les « malgré nous ». Deux ont démissionné ; les autres se revendiquent du « j’y suis, j’y reste » tout en contestant sa légitimité.

    « Ils ont été élus avec des voix dont ils voulaient priver les électeurs, mais je ne les juge pas, ce n’est pas facile de résister à l’appareil », grince Masseret. « Bien sûr, s’ils le souhaitent », il les accueillera dans son groupe.

    Vidéo. Quand Jean-Pierre Masseret se lâche sur le PS : « Je pense les avoir niqués » (« Petit Journal » du 14 décembre 2015, à écouter à partir de 6’35’’)

    Les régionales – Le Petit Journal du 14/12
     
  • admin9596 6:18 pm le January 19, 2016 Permaliens  

    “Bodyguard” de Barack Obama, un métier qui ne fait plus du tout rêver 

    Le Monde | 28.12.2015 à 16h44 |Par Gilles Paris (Washington, correspondant)

    Selon un récent sondage réalisé auprès de ses employés, le Secret Service, l’unité chargée de la sécurité des hauts responsables politiques américains, se classe au 319e rang sur 320 des agences fédérales où il fait bon travailler.

    Un membre du Secret Service chargé de la protection de Barack Obama, à Hawaï, le 24 décembre.

    Quel est le point commun entre Nathan Darrow, alias Edward Meechum, dans la série « House of Cards », et Channing Tatum, qui joue l’officier John Cale, dans le thriller « White House Down » ? Ces deux acteurs incarnent des agents de la police du Capitole qui vont, par des chemins différents, exaucer leur rêve : entrer au Secret Service, l’agence chargée de la protection rapprochée du président des Etats-Unis et des hauts responsables politiques américains. Des personnages récurrents du cinéma américain et des trajectoires qui relèvent de plus en plus de la fiction.

    Depuis 2012, une invraisemblable série de scandales — rencontres avec des prostituées lors d’un sommet international en Colombie, rapatriement après une monumentale cuite aux Pays-Bas ou siestes pendant les heures de service — a transformé ce corps d’élite en une cible de choix pour les caricaturistes et les chroniqueurs.

    La NASA plébiscitée

    A y regarder de plus près, le mal est autrement plus profond que de simples défaillances humaines. La preuve vient d’en être donnée par la publication, mardi 8 décembre, du classement des agences fédérales.

    Dans ce baromètre annuel établi par une organisation indépendante sur la base d’un sondage effectué auprès des employés, le Secret Service vient de chuter à l’avant-dernière place : 319e sur 320. Seulement 33,4 % de ses membres expriment leur satisfaction d’y travailler, au lieu de 65,8 % en 2011. Le Secret Service n’est battu en impopularité que par une agence rattachée, comme lui, au Department of Homeland Security (département de la sécurité intérieure).

    La NASA figure en tête du classement des agences fédérales américaines, elle est plébiscitée par plus de 76 % de ses employés.

    A l’inverse, qui trouve-t-on au sommet de la liste ? Une autre habituée d’Hollywood, la célébrissime NASA, plébiscitée par plus de 76 % de ses employés, sans avoir pourtant multiplié les prouesses au cours des dernières années. Le scaphandre blanc frappé de la bannière étoilée reste bien plus attrayant que les lunettes noires et les costumes ajustés.

    Lire aussi : Nouvel accident pour le Secret service

    Documentaire « Inside the US Secret Service » (1 h 29, en anglais)

    • Gilles Paris (Washington, correspondant)

      Journaliste au Monde
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  • admin9596 2:51 am le January 18, 2016 Permaliens  

    Les infos à picorer de “M” 

    Chaque semaine, “M” vous sert sur un plateau une série de petites infos qui ont souvent tout autant de sens que les grandes.

    LE PODIUM

    1. Manchester United  2. Newcastle 3. Swansea

    Le classement des équipes de Premier League les plus ennuyeuses, selon le Telegraph. Pour ceux qui n’auraient que faire du ballon rond, a fortiori quand il est anglais, la Premier League est l’équivalent de la Ligue 1 au Royaume-Uni. Pour parvenir à ce résultat, le quotidien britannique a notamment établi un rapport entre le nombre de passes et le nombre de buts, étant entendu que plus il y a de passes avant chaque but, plus le jeu est lent et donc moins il est excitant, selon les standards anglais. En l’occurrence, cela donne 73 passes pour Manchester United, 57 pour Newcastle et 56 pour Swansea. Une vision du jeu évidemment contestable.

    AUX MOTS PRÈS

    Ces derniers jours, il a beaucoup été question de « laser ». Que cela signifie-t-il exactement ? Ses voisins de dico en disent presque autant que sa définition.

    Lascif : enclin aux plaisirs de l’amour. Qui évoque la sensualité, les plaisirs de l’amour.

    Laser : appareil pouvant engendrer un faisceau de rayonnement cohérent dans l’espace et dans le temps, et susceptible de multiples applications.

    Lassant : qui lasse par sa monotonie.

    ÇA VA, LES ÉTUDES  ? 

    La grammaire et les SMS font-ils bon ménage ?

    Visiblement, non. Selon une étude dirigée par la psychologue Celia Klin, de la Binghamton University (New York), les textos terminant par un point sont jugés moins sincères. L’analyse, parue dans la revue Computers in Human Behavior (février 2016), repose sur un groupe de 126 étudiants qui se sont vu soumettre des échanges entre deux individus sous forme de textos et de messages écrits à la main. Les sujets ont estimé la réponse moins sincère quand il s’agissait d’un texto suivi d’un point. L’effet d’insincérité n’étant pas présent pour les échanges manuscrits. En revanche, d’après le Washington Post, les auteurs de l’étude auraient découvert les vertus du point d’exclamation ! Ce qui fera l’objet d’une prochaine publication…

     
  • admin9596 3:39 pm le January 15, 2016 Permaliens  

    Les vins de Crimée empruntent la valise diplomatique 

    Interdits en France depuis l’embargo européen de juin 2014, vingt-cinq vins de Crimée ont été goûtés le 15 décembre à la résidence de l’ambassadeur de Russie, à Paris, lors d’une soirée de dégustation.

    Le président russe Vladimir Poutine dans une cave du domaine de Massandra, en Crimée, le 11 septembre 2015.

    Pour parvenir jusqu’aux tables de l’ambassade parisienne de Russie, vingt-cinq cuvées venues de Crimée pour être servies à des invités triés sur le volet ont dû voyager par valise diplomatique. Depuis dix-huit mois, les vins de cette région sont interdits en France. A la suite du rattachement de la Crimée à la Russie, le Conseil des affaires étrangères de l’Union européenne a interdit l’importation de marchandises originaires de la région à compter du 25 juin 2014.

    La Crimée produit des vins depuis plus de trois mille ans, avec une formidable explosion sous le règne du tsar Nicolas II, amoureux de beaux flacons. Aujourd’hui, les vignobles sont regroupés dans la région de Massandra, près de Yalta, à l’extrême sud, un bord de mer où le climat, très méditerranéen, favorise la production de vins sucrés, souvent mutés. Il s’en vendait quelques centaines de bouteilles en France chaque année, à des amateurs avertis.

    La dégustation chez l’ambassadeur russe était organisée par Michel-Jack Chasseuil, un grand collectionneur de vins anciens. Retraité des industries Dassault, il possède entre autres un millier de vins de Crimée, achetés patiemment depuis 1997. « Jusqu’à l’an dernier, j’y allais au moins deux fois par an. On me connaît bien à la cave de Massandra. J’y achetais régulièrement des bouteilles de la réserve personnelle du tsar. La dernière date d’ailleurs de 1894. Mais cette année, tout a changé. »

    Il a d’abord fallu obtenir un visa « et ce n’était pas simple ». Une fois sur place, il prépare ses emplettes, mais surprise : « Les cartes de crédit françaises sont bloquées là-bas ! Impossible d’acheter la moindre bouteille. » De toute façon, il lui aurait été interdit de les rapporter en France. Pour autant, Michel-Jack Chasseuil n’a pas renoncé. « Pour moi, ce sont les plus grands liquoreux du monde, je me donne comme mission de les faireconnaître en France. »

    Le gratin des dégustateurs

    Il fait part de son désappointement au ministre de l’agriculture de Crimée, qui fait envoyer gracieusement des caisses au siège du ministère moscovite, qui l’achemine à son tour vers l’ambassade à Paris, contre la promesse d’une soirée réunissant le gratin des dégustateurs.

    Comme les vins ne peuvent pas sortir de l’ambassade, ce sont les invités qui viennent. Parmi la petite centaine de convives réunis ce soir-là, le meilleur sommelier du monde Olivier Poussier, les producteurs Loïc Pasquet (Liber Pater) et Gérard Chave, le sénateur Jean Bizet ou encore Laurent Dassault. Au menu, vingt vins des caves de Massandra et cinq cuvées de la vallée du Soleil – les œnologues invités sont, eux, restés bloqués en Crimée faute de passeport valide.

    Si les amateurs se sont extasiés sur la qualité des vins, la dégustation n’a pas réjoui tout le monde : les mouvements de soutien à l’Ukraine ont dénoncé sur les réseaux sociaux cette soirée « à base de vins volés ». En septembre dernier, le parquet ukrainien a ouvert une enquête judiciaire pour « appropriation de biens publics » après la dégustation par Vladimir Poutine et l’ex-premier ministre italien Silvio Berlusconi d’un xérès datant de 1775 lors de leur visite dans la péninsule de Crimée, une des cinq bouteilles du cœur de la collection de Massandra. Trois jours après la soirée à l’ambassade, l’Union européenne a voté la prolongation des sanctions économiques pour six mois supplémentaires.

     
  • admin9596 12:29 am le January 11, 2016 Permaliens  

    Procès Guy Wildenstein : le crépuscule d’une dynastie ? 

    Le marchand d’art Guy Wildenstein et plusieurs membres de sa famille étaient jugés depuis lundi 4 janvier pour fraude fiscale et blanchiment agravé. Le tribunal ayant décidé de soumettre à la Cour de cassation une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), le procès reprendra le 4 mai.

    Guy Wildenstein en 2006.

    Un empire financier, une famille qui s’entre-déchire, des successions litigieuses et un léger parfum de scandale politique. L’énième scénario de « Dallas » ? Non, celui du feuilleton judiciaire qui a débuté lundi 4 janvier au tribunal correctionnel de Paris et reprendra le 4 mai prochain. Au cœur de la tempête : la famille Wildenstein, et en particulier son patriarche, Guy. Agé de 70 ans, résident des Etats-Unis, où il est né, ce marchand d’art n’est pas seulement une figure très influente de la scène artistique internationale, il est aussi l’un des membres fondateurs de l’UMP. Et un très proche de Nicolas Sarkozy. Autant d’ingrédients qui promettent de passionnants rebondissements lors des prochaines semaines. Mis en examen avec les héritiers de son défunt frère Alec par les juges d’instruction Guillaume Daïeff et Serge Tournaire, Guy Wildenstein devra répondre d’accusations portant sur la succession de son père, Daniel, décédé en 2001. Le crépuscule d’une dynastie qui règne depuis le XIXe siècle sur le marché de l’art ?

    Lire aussi : Le procès du marchand d’art Wildenstein suspendu

    Il lui est notamment reproché d’avoir dissimulé ses avoirs dans des trusts situés dans des paradis fiscaux. Deux de ces entités financières sont dans la foulée elles-mêmes poursuivies en tant que « personnes morales » : la Northern Trust Fiduciary Services et la Royal Bank of Canada Trust Company Limited pour l’action dans cette affaire de sa filiale aux Bahamas. Sont également impliqués un notaire et quelques avocats proches de la famille.

    Une écurie, des maisons, un ranch, une île…

    L’administration fiscale réclame par ailleurs aux Wildenstein, après négociations, la somme record de 550 millions d’euros. Parmi les avoirs de Daniel Wildenstein qui auraient dû être déclarés lors de sa succession, selon l’ordonnance de renvoi des juges d’instruction : « les propriétés immobilières du Kenya, des îles Vierges britanniques, du 740 Madison Avenue et du 19 East 64th Street à New York, les parts de la Wildenstein & Co Inc, diverses galeries d’art, le tout logé dans le Sons Trust, le David Trust, le Sylvia Trust et le GW Trust ».

    Jocelyn Wildenstein assiste à une exposition de Jean-Yves Klein en octobre 2015 à New York.

    Un inventaire à la Prévert dont on prend la mesure dans la version plus romantique de la veuve de Daniel, Sylvia Wildenstein, décédée en 2010. Interviewée par Le Monde quelques années auparavant, elle évoque un souvenir de vacances : la famille est en croisière dans les Antilles. Avec son propre bateau, ça va de soi. Pris dans une tempête, le yacht tente de se réfugier dans des ports d’Haïti ou de Saint-Domingue. Mais il ne peut y pénétrer, car il est trop grand… Il fait donc relâche dans une baie protégée des îles Vierges, qu’à la demande de son épouse, Daniel Wildenstein décide d’acheter, en 1981, pour y établir une villégiature plus stable.

    Outre l’îlot privé, la famille a eu une résidence en Suisse, une écurie de courses à Chantilly, le château de Marienthal près de Verrières-le-Buisson (Essonne) posé sur un parc de plus de 8 hectares. Une misère comparée à leur ranch de 30 000 hectares au Kenya, où fut tournée une partie du film Out of Africa : y sont implantés deux cents bâtiments et creusés cinquante lacs artificiels. Il dispose également d’un hôpital de brousse et d’une clinique vétérinaire destinée aux animaux sauvages. On se déplace d’un lieu à l’autre en jet, privé, bien entendu. La famille possède par ailleurs une des plus belles maisons de l’Upper East Side, le quartier le plus huppé de New York. La galerie d’art est installée à proximité, dans un hôtel particulier. Ses réserves sont mythiques, fruits du labeur de plusieurs générations.

    Alec Wildenstein à Deauville en 2002.

    De l’Alsace natale aux galeries d’art new-yorkaises…

    La naissance de l’empire familial remonte en effet à 1875. Son fondateur, Nathan Wildenstein, fils d’un rabbin alsacien, quitte cinq ans auparavant sa province natale pour rester français. Après un rapide passage par Carcassonne, où il se marie, il se lance dans le négoce des antiquités. Très vite, il se spécialise dans les tableaux du XVIIIe siècle. Son ascension est fulgurante. Au début des années 1890, il achète un hôtel particulier au 57, rue La Boétie. En 1902, il ouvre une galerie à New York, puis une autre à Londres en 1925, et une dernière, quatre ans plus tard, à Buenos Aires.

    A son décès en 1934, son fils Georges (1892-1963) a depuis longtemps pris la relève et étend les achats à presque tous les champs de l’histoire de l’art, de la peinture à la sculpture, des manuscrits médiévaux aux impressionnistes. Il est un familier de Pablo Picasso, Salvador DalÍ, Max Ernst, un ami des surréalistes. André Breton le considérait comme un homme d’une distinction d’esprit hors du commun.

    Daniel Wildenstein, le 6 juin 1976, à côté d'un de ses chevaux.

    En 1940, fuyant l’invasion allemande, Georges, son fils Daniel et son petit-fils Alec, né en août à Marseille, partent pour les Etats-Unis. Guy, le second fils de Daniel, y verra le jour en 1945. Membre de l’Institut de France, Georges Wildenstein a pour ennemi intime Malraux, qui lui reproche des exportations acrobatiques de tableaux sensibles, comme La Diseuse de bonne aventure de Georges de La Tour (interdite de sortie du territoire, elle avait bénéficié d’une autorisation d’exportation temporaire et fut vendue à la hussarde au Metropolitan Museum de New York, où elle est toujours) .

    Cela ne l’empêche pas d’être l’un des principaux donateurs des musées français et de gérer la Fondation Wildenstein, qui dresse et édite des catalogues raisonnés d’artistes. Il trépasse en 1963. C’est alors à Daniel qu’incombe la tâche de diriger l’entreprise, en cultivant toujours, à l’exemple des générations précédentes, la discrétion la plus absolue sur leurs affaires. Ce qui, en soi, n’a rien de répréhensible, et est même conseillé à tout marchand un peu conscient de ses intérêts et de ceux de ses clients.

    Les révélations gênantes de la femme trompée

    Mais « qui femme a, noise a », dit le proverbe médiéval. Un beau jour, Jocelyn, épouse de son fils aîné, Alec, manifeste son intention de divorcer. Non sans quel­ques bon­nes raisons : elle aurait surpris son mari au lit avec une autre femme, et celui-ci l’aurait menacée d’une arme à feu. En désaccord avec le montant de sa pension alimentaire, elle prend à témoin les médias américains, des tabloïds à la presse dite « de qualité », sans oublier la télévision, et révèle quelques secrets de famille, pas toujours très vérifiables et rarement reluisants. Dont le moins joli, vivement démenti par les intéressés, concerne le commerce d’art avec les nazis durant l’Occupation.

    A la fin des années 1990, la famille Wildenstein est secouée par le divorce d’Alec et de Joce­lyn, adepte des coups de bistouri (ici en 2004, durant la Fashion Week de New York).

    Le scandale est tel que le patriarche Daniel Wildenstein est contraint de lui accorder la pension réclamée et de sortir d’un mutisme aussi légendaire que l’étendue de ses collections. Il multiplie les déclarations à la presse, allant jusqu’à réaliser un livre d’entretiens avec le journaliste Yves Stavridès (Marchands d’art, Plon). Il tente élégamment – de l’avis général de ceux, et surtout de celles, qui l’ont connu, l’homme était un séducteur – d’y éteindre l’incendie causé par la mention des activités de la galerie durant la guerre, sans se rendre compte qu’il allume de nouveaux brandons, en évoquant une collection de tableaux de Bonnard, qui reviendra sur le tapis lorsqu’il sera question de sa succession.

    Si Jocelyn est une panthère – elle en a en tout cas la physionomie, après de nombreuses opérations de chirurgie esthétique qui contribuent encore à sa célébrité –, la propre épouse de Daniel, Sylvia Roth-Wildenstein, a apparemment, elle, tout d’un oiseau de paradis. Très belle, très blonde, gentiment mondaine, elle joue les évaporées, que son mari comble de cadeaux et tient soigneusement à l’écart de ses affaires. C’est oublier qu’elle a été dans sa jeunesse sous-officier dans l’armée israélienne et a connu quelques guerres. A l’usage, elle va se révéler une lionne. Surtout quand elle se rendra compte qu’on vient de la priver de ses chers chevaux : « J’ai réagi lorsqu’un avocat m’a fait signer un papier, déclare-t-elle alors au Monde. Je me suis rendu compte que mes quatre chevaux ne m’appartenaient plus. Mon époux, Daniel, m’avait offert mon premier cheval, une jument bien née, mais condamnée à la boucherie. Elle s’appelait Neomenie et est devenue une championne de course d’obstacles… »

    Sylvia Wildenstein, veuve de Daniel Wildenstein décédée en 2010, a accusé ses beaux-fils, Alec et Guy, de l’avoir spoliée.

    Après la mort de son mari, le 23 octobre 2001, ses beaux-fils Alec et Guy l’ont en effet encouragée à renoncer« purement et simplement à la succession de son époux », dit un arrêt de la cour d’appel en 2005, très sévère pour les deux garçons parce qu’ « [ils] lui [ont] fait croire faussement qu’en renonçant à la succession » elle s’exonérait de la dette fiscale laissée par le défunt – lequel, de son vivant, déclarait sans sourciller moins que l’équivalent de 500 euros de revenus mensuels ! La source de cette dette ? Un redressement fiscal, au titre de l’impôt sur le revenu des années 1996 à 1998, d’environ 67 millions de francs à l’époque.

    Dans un fax daté du 6 août 2003 adressé à ­Sylvia Roth-Wildenstein, ses beaux-fils lui ont affirmé : « Il était envisagé par les impôts une procédure pénale contre Daniel et toi ; qu’aurais-tu fait devant un juge d’instruction ? » Le tribunal a estimé que ce fax était « de nature à impressionner fortement Mme Wil­denstein, alors âgée de 68 ans et de nationalité américaine, les poursuites pour fraude fiscale pouvant conduire, aux Etats-Unis d’Amérique, à une longue peine d’emprisonnement… »

    Après la panthère et la lionne, la tigresse…

    Or, non seulement la renonciation de Sylvia Roth-Wildenstein à la succession de son mari ne la mettait pas à l’abri de l’administration fiscale, mais Daniel Wildenstein avait en outre laissé de quoi régler les frais de sa succession. Ramené après transaction à 7,6 millions d’euros, l’impôt était largement couvert par une caution bancaire établie de son vivant à hauteur de 9,6 millions d’euros.

    Ici, la cour d’appel se faisait, dans son langage le moins fleuri, sévère : ses beaux-fils, « avec l’ensemble des intervenants juristes et fiscalistes chargés de conseiller Mme Wildenstein » , se sont « abstenus de l’éclairer exactement sur sa situation financière, alors qu’elle n’avait jamais participé aux activités financières de son mari, qu’elle n’était pas renseignée précisément sur l’état et la composition de sa fortune mobilisable » et qu’elle était « quelque peu fragilisée tant par l’âge […] que par le décès de celui qui avait été son compagnon durant quarante ans et qu’elle venait de veiller pendant une dizaine de jours à la clinique où il venait d’être opéré d’un cancer et se trouvait dans le coma ».

    Guy Wildenstein, lors de l'enterrement de sa belle-mère Sylvia, le 19 novembre 2010.

    Tous les principaux éléments du procès à venir en janvier 2016 sont là. Mais personne ne le sait encore, sauf une avocate, encore peu connue. Claude Dumont-Beghi n’est pas un ténor du barreau, mais a une réelle passion pour le droit, et en connaît toutes les arcanes. Elle va le prouver dans la décennie qui va suivre. Après la panthère et la lionne, les Wildenstein vont avoir à faire face à une tigresse. C’est elle qui, plaidant pour Sylvia lors du procès du 14 avril 2005 à la cour d’appel de Paris, obtient la requalification de son statut marital.

    Deux jugements ont déclaré dans leurs attendus que “l’évasion du patrimoine dans des sociétés étrangères et des trusts [était] conforme à la tradition familiale de transmission des biens aux héritiers directs”.

    Ils sont réputés mariés sous le régime de la séparation de biens à New York. Le fait qu’elle et Daniel aient vécu majoritairement à Paris lui permet de démontrer qu’en droit, le régime applicable est le français, en l’occurrence, et en l’absence de contrat, celui de la communauté de biens, donc que Sylvia a l’usufruit de la moitié de la fortune de son défunt mari. C’est elle aussi qui trouve étrange, sinon miraculeux, que Daniel Wildenstein, dans les jours qui ont précédé son décès, plongé dans un « coma aréactif » , ait pu signer au profit d’une société détenue par ses deux fils la vente de soixante-neuf chevaux de course, et être déclaré comme ayant assisté à la tenue d’un conseil d’administration… Elle sera alors suivie par la cour, qui ne croit pas non plus aux miracles, sur ces deux points.

    On épargnera au lecteur la décennie de procédures qui s’en est suivie. Les norias d’avocats, tous plus prestigieux les uns que les autres, appelés à la défense des Wildenstein. Les attendus parfois surprenants de certains tribunaux auxquels Claude Dumont-Beghi, soucieuse d’estimer les avoirs du défunt Daniel Wildenstein, signalait l’existence de trusts dans des paradis fiscaux : deux jugements, un en appel, confirmé en cassation, déclaraient dans leurs attendus que « l’évasion du patrimoine dans des sociétés étrangères et des trusts [était] conforme à la tradition familiale de transmission des biens aux héritiers directs »

    Ces fameux trusts, quels sont-ils ? Claude Dumont-Beghi les décortique dans un livre à paraître le 6 janvier aux éditions de l’Archipel, Les Milliards cachés des Wildenstein, où elle décrit l’ensemble de l’affaire. A l’origine, une invention britannique remontant au Moyen Age. Si la ceinture de chasteté dont les chevaliers partant en croisade ceignaient leur épouse est un mythe, ils ne voulaient pourtant pas laisser la malheureuse sans protection, et confiaient leur fortune à un homme de confiance, un « trustee », à charge pour lui de l’administrer et de pourvoir aux besoins d’une famille que le croisé savait avoir peu de chance de revoir un jour.

    Des tableaux “disparus” dans les caves de la famille

    Aujourd’hui, selon l’avocate, la chose est devenue un outil d’une parfaite opacité destiné à frauder le fisc et à blanchir l’argent sale, et pas seulement celui des marchands de tableaux. C’est, semble-t-il, l’avis du fisc et des deux juges d’instruction. Encore aura-t-il fallu, pour qu’ils se mettent en branle, que Claude Dumont-Beghi et Sylvia Wildenstein, dans les derniers mois qui lui restaient à vivre, passent à la vitesse supérieure. La première en signalant ses trouvailles à l’administration fiscale et à deux ministres successifs – Eric Woerth puis François Baroin (seul ce dernier donna suite) –, et Sylvia en acceptant enfin que l’affaire soit portée devant la justice pénale.

    Dès lors, la machine judiciaire, on allait dire la vraie, était lancée. Avec des dommages collatéraux pour Guy Wildenstein : en novem­bre 2010, les policiers de l’Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) perquisitionnent à l’Institut Wildenstein, où, depuis des décennies, la famille édite des catalogues raisonnés d’artis­tes et conserve ses archives, et qui jouxte le siège de l’UMP à Paris, rue La Boétie. Leur surprise fut d’y trouver des œuvres qui n’avaient rien à faire là. Notamment une toile de Berthe Morisot, Chaumière en Normandie, disparue en 1993 avec une quarantaine d’autres tableaux, lors de l’inventaire de la succession Anne-Marie Rouart. L’héritier, son neveu Yves Rouart, avait alors porté plainte. Raison pour laquelle ce sont cette fois les policiers de l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) qui, les 11 et 12 janvier, ont investi les locaux de l’Institut Wildenstein. Et Guy Wildenstein de se voir mis en examen pour « recel d’abus de confiance ». D’autres familles se rendent alors compte que des tableaux qu’elles croyaient perdus dorment dans les caves des Wildenstein. Ces affaires-là sont encore à suivre.

    Enfin, vu les amitiés de Guy Wildenstein, l’affaire n’a pas tardé à prendre un tour politique, jusqu’à l’Assemblée nationale où plusieurs députés asticotèrent le gouvernement de Nicolas Sarkozy sur le sujet. C’est le fonctionnement normal d’une démocratie. Mais avant d’être une affaire politique, avant d’être une histoire de gros sous, il s’agit d’abord de dire le droit, ce qu’aura à faire le tribunal correctionnel.

     
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