Krach boom hue

Le Monde | 08.01.2016 à 18h05 • Mis à jour le11.01.2016 à 15h49 |Par Jean-Michel Normand

Les maternités se font du mouron. Depuis quelque temps, la clientèle n’est plus aussi nombreuse. L’Insee confirme que sur les neuf premiers mois de l’année, délai qui s’impose lorsqu’il s’agit de démographie, le recul atteint 2,8 % soit un manque à l’appel de presque 20 000 bébés. Dans Les Echos, le patron d’un groupe de cliniques privées s’attend même à un « krach des naissances en 2015-2016 ».

Lorsque l’on sait qu’un accouchement est facturé 3 000 euros par l’Assurance-maladie, on comprend que les obstétriciens s’inquiètent, mais ce genre de data est de nature à donner un coup au moral à bien plus large échelle. Au grand étonnement de ses voisins, la France indexe en effet son indice de bonheur national brut sur la courbe de sa natalité. Le maintien au-dessus de 2 du taux de fécondité, autrement dit le nombre moyen d’enfant par femme, constitue une fierté nationale et, plus ou moins consciemment, un gage que le déclin n’est pas acquis.

Depuis 2008, année qui a vu la crise économique s’amplifier, le taux de fécondité de la Douce France a tenu bon mais la montée continue du chômage, dont on sait qu’il retarde l’arrivée du premier enfant dans un couple, ainsi que les multiples traumatismes collectifs de 2015 pourraient finalement en avoir raison.

En fait, il n’y a probablement pas de quoi s’inquiéter. Ce petit coup de mou des maternités s’explique, selon les démographes, par la réduction du nombre de Françaises en âge de procréer (les dernières baby-boomeuses ont fini de faire des enfants) plutôt que par un réflexe instinctif et subit de repli sur soi. En 2016, il n’est donc pas dit que le nombre de parents et, ne l’oublions pas, de grands-parents, ne repartira pas à la hausse. Il reste trois mois pour y parvenir et, statistiquement parlant, début janvier est une période plutôt faste.

  •  Jean-Michel Normand

    Journaliste au Monde
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