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  • admin9596 10:10 pm le December 20, 2016 Permaliens  

    À Nantes, des trisomiques aux fourneaux d’un nouveau restaurant 

    En attendant l’ouverture, l’équipe du Reflet se prépare à la cantine du Solilab de Nantes. Ici, Thomas Boulissière, le gérant, avec les quatre serveurs.

    À première vue, c’est un établissement ordinaire avec son bar à l’entrée,ses murs en pierre apparente et son sol mêlant mosaïque, bois et béton. Le Reflet, installé rue des Trois-Croissants, une rue pavée du centre-ville de Nantes, se présente pourtant comme un « restaurant extraordinaire ». C’est au service et aux fourneaux que réside sa singularité. Deux jeunes femmes et quatre garçons trisomiques officient, encadrés par le gérant Thomas Boulissière et par la chef de cuisine Farida El Hadek, également éducatrice spécialisée.

    L’établissement, qui ouvrira ses portes le 15 décembre, est né de la volonté de Flore Lelièvre. Cette jeune architecte de 26 ans, dont le frère aîné possède trois chromosomes 21, en avait fait son projet de fin d’études en 2013 avec un objectif : créer un lien entre la société et les personnes trisomiques. « Nous avons appelé le lieu Le Reflet, car elles sont notre reflet, une version plus innocente de nous. Elles ont aussi le droit de se fondre dans la masse. Le restaurant va susciter le partage avec des gens qui ne connaissent pas forcément leur handicap, pour que les regards évoluent », explique-t-elle.

    Un système de tables astucieux

    Adapté à la trisomie, ce restaurant de 36 couverts sera le premier en France à pratiquer, hors d’un cadre protégé, ce qu’elle appelle « la discrimination à l’envers ». Pour les difficultés de lecture, d’écriture ou d’élocution, Flore a élaboré un système de tables spécifique : des photos de chaque plat y sont encastrées, accompagnées d’une feuille et d’un tampon pour que le client coche ses choix. Le serveur la déchire en deux, une moitié pour le bar, l’autre pour la cuisine. Des couleurs aux coins des tables permettent aux employés de reconnaître leur secteur, et les assiettes en porcelaine sont dotées d’empreintes de mains moulées afin de faciliter la préhension (les personnes trisomiques ont une moins bonne sensibilité proprioceptive). En cuisine, des postes assis ont été prévus pour éviter la fatigue. Au fond du

    restaurant, une salle de repos a été installée : c’est là que se dérouleront les débriefings, mais aussi les pauses massages.

    Caroline Cholet, l’une des deux aides cuisinières, explique que ce travail lui « donne de l’espoir ».

    Caroline Chollet, une petite blonde de 25 ans, est l’une des deux aides cuisinières. Depuis la fin du lycée, il y a cinq ans, elle n’avait plus accès, alors qu’elle les appréciait, aux stages dans les cantines ou les maisons de retraite. Non-diplômée, la jeune femme a intégré un établissement et service d’aide par le travail (ESAT), réservé aux personnes handicapées. « Ça ne me plaisait pas tant que ça d’empiler des stylos. Actuellement, je suis épanouie et ça me donne de l’espoir. J’essaie de remonter la pente, hein maman ? », lance-t-elle à sa mère, Charlotte. « Travailler enfin en milieu ordinaire est une opportunité extraordinaire », s’enthousiasme cette dernière.

    « Beaucoup de jeunes trisomiques ne font rien car on ne leur en donne pas la possibilité. »Flore Lelièvre, architecte

    Flore Lelièvre a créé l’association Trinôme44, qui pilote Le Reflet (sous statut de Société par actions simplifiées), pour « en garantir l’âme sociale ». Elle a réussi une levée de fonds de 400 000 euros auprès de particuliers et d’entreprises et vient de lancer une campagne participative pour les derniers besoins en matière de mobilier sur mesure. Le budget total est estimé à 700 000 euros. « Mettre en place un projet en lien avec le handicap a été une bataille de chaque instant. La loi est assez mal faite. Beaucoup de jeunes trisomiques ne font rien car on ne leur en donne pas la possibilité », regrette-t-elle. Hugues Defoy, de l’association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph), nuance : « Avec la loi de 2005 sur l’égalité des droits, les entreprises ayant un effectif de travailleurs handicapés sont plus nombreuses. Mais c’est vrai qu’il y a encore beaucoup de préjugés. »

    Farida El Hadek, chef de cuisine et éducatrice spécialisée, avec Marie-Noëllie.

    Au Reflet, les contrats ne dépasseront pas 24 heures par semaine pour éviter le surmenage. « Chacun sera payé selon une grille de salaire classique. Mon frère se sent bien en ESAT, mais il est sur place 32 heures par semaine et touche une rémunération de seulement 600 euros », signale Flore, débordée à quelques jours de l’ouverture. À la cuisine, la chef Farida entraîne Caroline et Marie-Noëllie au pliage de feuilles de brik pour le croustillant poire chèvre miel. « Les quinze premiers jours, on aura la même carte, le temps que nos personnes extraordinaires prennent confiance », explique-t-elle en félicitant les filles de leur travail. Caroline se tourne

    vers elle : « Ça me motive les compliments. Je grandis, j’avance. C’est comme le début d’une nouvelle vie. »

    Lire aussi : Au Conseil d’Etat, de jeunes trisomiques défendent leur droit à la parole

     
  • admin9596 8:05 am le December 19, 2016 Permaliens  

    Shay, la « bad girl » du rap francophone 

    Vanessa, le vrai prénom de Shay, est la nièce du rappeur Youssoupha.

    La belle a la voix cassée. Tous les week-ends, Shay s’égosille dans des discothèques de France et de Belgique, où elle chante ses deux tubes : PMW et Cabeza.Sur YouTube, ses vidéos totalisent près de 40 millions de vues. En quelques mois, la jeune Belge de 26 ans est devenue la nouvelle égérie du rap francophone. Depuis la retraite de Diam’s, il n’y a plus beaucoup de voix féminines qui tiennent la dragée haute à leurs collègues masculins. Shay a tous les atouts pour combler le vide laissé par la chanteuse de La Boulette : une personnalité bien trempée, une assurance, des paroles percutantes et pince-sans-rire (« Je suis du genre à te souhaiter la mort avec un sourire angélique », chante-t-elle).

    Découverte par le patron du rap hexagonal, Booba, Shay a sorti son premier album, Jolie garce, le 2 décembre. Soit un cocktail enivrant de rap hardcore, de R’n’B et de rythmiques de pop africaine. Métisse d’un père juif polonais et d’une mère congolaise, Vanessa (son véritable prénom) est la petite-fille d’un des pères fondateurs de la rumba congolaise, Tabu Ley Rochereau, et la nièce du rappeur Youssoupha. « Je ne connais pas tout le monde dans ma famille. Youssoupha, je l’ai rencontré une ou deux fois seulement. On est très nombreux. Mon grand-père, disparu en 2013, a eu plus de 90 enfants. On était proches, et c’est lui qui m’a surnommée Shay. Dans la langue de son village, le kiyanzi, cela signifie “celle qui apporte la lumière”. »

    « Je me suis retrouvée avec des camarades qui venaient de milieux aisés. Je ne supportais pas le décalage. » Shay

    Pendant son adolescence, ce sont surtout des ennuis qu’elle apporte à ses parents, informaticien et comptable. Élevée à Bruxelles dans le quartier de Molenbeek, elle fréquente de bonnes écoles, mais ne se sent pas à sa place : « Je viens d’une famille modeste. Mais, à mes 8 ans, mon père a obtenu un bon poste à la Commission européenne et a eu le droit de scolariser ses trois enfants dans des écoles de qualité. Sauf que je me suis retrouvée avec des camarades qui venaient de milieux aisés. Je ne supportais pas le décalage. Certains sont forts et font abstraction de tout ça. Pas moi. »

    Se raccrocher à « quelque chose de bien »

    L’adolescente sèche beaucoup, fréquente les mauvais garçons. Pour la calmer, ses parents l’envoient un an à Kinshasa, en République démocratique du Congo. Mais, à son retour, elle décroche complètement et se met en tête de devenir comme ses héros, bien loin des modèles d’une jeune fille ordinaire : le bandit new-yorkais Frank Lucas (qui a inspiré le film American Gangster, de Ridley Scott) ou la trafiquante de drogue colombienne Griselda Blanco. Un sursaut d’orgueil la pousse à passer le baccalauréat en candidat libre, qu’elle obtient.

    Lire aussi : Quand le rap français prend l’accent congolais

    Le déclic de la musique survient à 20 ans. Son frère Olivier, alias Le Motif, qui compose bon nombre des titres sur son premier album, la pousse devant une caméra. « Il m’a dit : “Toi, t’aimes bien faire la belle, je t’écris un morceau et tu le rappes.” La musique était une reprise d’un morceau de Rick Ross, BMF. Il a trouvé le mail de Booba et lui a envoyé la vidéo. Quand ce dernier a appelé, j’ai arrêté toutes mes bêtises. J’ai vu l’occasion de me raccrocher à quelque chose de bien, d’y trouver un avenir. Même si je me rêvais en grand bandit, qui fait son argent toute seule, sans avoir besoin des hommes. »

    En bon directeur artistique qu’il est devenu avec les années, Booba l’a laissée un temps faire ses armes dans des clips dignes des films de gangster de série B. Mais, depuis cet été, la jeune femme, plus mûre, soigne ses vidéos, plus esthétisantes (avec costumes, danseurs et filtres de lumière) et répondant moins aux clichés du ghetto.

    Jolie garce, de Shay, 1 CD 92i/Capitol.

    Le clip du titre « Cabeza »

     
  • admin9596 1:50 pm le December 16, 2016 Permaliens  

    Au plus bas des cieux avec Zemmour, de Villiers, Ménard et Buisson 

    Patrick Buisson et monseigneur Schneider en dédicace au 24e Salon du livre Renaissance Catholique, à Villepreux, dans les Yvelines.

    « Mais je suis adhérente de Radio Courtoisie ! », s’étonne une femme à l’entrée du salon du livre. Elle n’a pas compris que le tarif réduit RC est réservé à Renaissance Catholique, l’organisateur du salon. « Socialistes ! », crient deux visiteurs à d’autres debout, qui bouchent la vue des derniers rangs de la conférence d’Éric Zemmour, alors qu’eux ont réservé leurs chaises avec une demi-heure d’avance.

    Franchement, se fairetraiter de socialiste au salon du livre de Renaissance Catholique, au domaine de Grand’Maisons, ancienne propriété du château de Versailles, lors d’une journée qui accueille Philippe de Villiers, Robert Ménard et Patrick Buisson… En arriver à ce genre de disputes alors que, quelques heures plus tôt, à la messe de monseigneur Schneider qui se tenait dans ces mêmes lieux, on se promettait amour et entraide en latin… Quel exemple pour les scouts d’Europe venus là pour servir sandwiches et cafés ! « Nous, socialistes ? On vote Front national ! », répondent les importuns.

    Pourfendeurs de la « bien-pensance »

    « Nous vous attendons nombreux contre le règne du politiquement correct », annonçait le programme. Comme si ses rédacteurs n’avaient pas remarqué que Donald Trump venait d’être élu président des États-Unis, ou que l’éventualité de la présence de Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle française était encore un scénario de fiction. Un peu comme la gauche qui se croyait toujours dans la contre-culture durant les mandats de François Mitterrand, les pourfendeurs de la « bien-pensance » continuent à s’imaginer persécutés.

    Dans le grand salon réservé aux dédicaces, un fan s’inquiète auprès de Patrick Buisson. « Qu’est-ce que vous allez faire maintenant ? » L’ancien patron de Minute le rassure : un nouveau livre, peut-être des films, et avec Zemmour, ajoute-t-il, ils discutent régulièrement de ce qu’il faudra faire « le jour où ». À propos d’Éric Zemmour : devant la table du chroniqueur du Figaro et de RTL, un lecteur s’émeut de la mise en garde du CSA à son sujet. « Ça va aller », le réconforte l’auteur de best-sellers. Quelques stands plus loin, un fan s’indigne devant Robert Ménard du traitement injuste que les médias lui réservent. Le fan club de la « droite hors les murs », comme on l’appelle, a réellement fini par croire que ces auteurs de succès de librairie présentés sur toutes les têtes de gondoles de France étaient victimes d’une atroce censure.

    Lire aussi : Eric Zemmour : la justice ouvre une enquête pour apologie du terrorisme

    « N’hésitez pas à vous approcher de la table d’Éric Zemmour, il n’est pas là pour toute l’après-midi », presse une voix au micro… Zemmour a été placé dans l’ombre du king de la signature : Philippe de Villiers, dont les groupies achètent les livres par trois, quatre, cinq, et qui se demande en titre de son dernier livre si « les cloches » des églises « sonneront encore demain ».

    Fillon candidat des cathos ? « La blague ! »

    Magie des plans de table et des attelages de circonstance, Patrick Buisson qui, malgré sa mise en examen, s’est racheté en ville une image de spécialiste de l’opinion des petites gens, se retrouve à côté de monseigneur Schneider, calotte et soutane violettes. Les plus traditionalistes savent que l’évêque auxiliaire du Kazakhstan ferraille contre l’admission des divorcés à la communion. Ce prélat parmi les plus intégristes au monde n’est pas loin du schisme et vient de consacrer un livre à la communion (qu’il faut recevoir à genoux et sur la langue plutôt que dans la main). Quand la Manif pour tous se mobilise contre le mariage homosexuel, lui ne cède rien sur le terrain du divorce. « Un frère de mon mari a divorcé, approuve une visiteuse. Les gens disent : “Il est libre maintenant”… Mais non, il n’est pas libre ! »

    Philippe de Villiers a eu plus de succès qu’Eric Zemmour au salon Renaissance Catholique.

    Posé sur la table entre l’évêque et Buisson, l’exemplaire de L’Homme nouveau, bimensuel traditionaliste auquel l’ancien conseiller enregistreur de Nicolas Sarkozy a donné une interview de quatre pages. Buisson voit en la chrétienté « un trésor inestimable que nous avons reçu en dépôt et qu’il nous faut maintenant défendre contre des mystiques venues d’ailleurs ». Une nouvelle vocation. Pas de quoi réjouir le pape François, qui lave les pieds des migrants, ni la conférence des évêques que Villiers accuse de « cautionner le vivre-ensemble ».

    Héros supposé de la droite catho, François Fillon ne fait pas l’unanimité non plus. « Candidat des cathos, la blague ! », titre le journal Présent à l’entrée du salon, qui rappelle que Marine Le Pen est la seule qui abrogera le mariage pour tous – pas François Fillon « avec ses gros sourcils de directeur d’école privée, son costume d’employé des pompes funèbres et son humour de notaire de province ». Dans son intervention, Philippe de Villiers rappelle que l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy a inauguré la mosquée d’Argenteuil, que son proche conseiller, Henri de Castries, ancien PDG d’Axa, est membre du fameux groupe Bilderberg, dans lequel l’ancien député voit l’épicentre des complots de la banque et de l’Europe. Murmure de l’assistance. Puis il s’en prend à Najat Vallaud-Belkacem qui a « sabordé l’enseignement du latin et du grec pour transmettre l’arabe et répandre l’islam ». En partant, l’écho des annonces au micro nous poursuit. « Chers amis, profitez du relatif calme dans la file d’Éric Zemmour… »

    Lire aussi : Une révolution conservatrice qui avance à visage découvert

     
  • admin9596 3:29 am le December 15, 2016 Permaliens  

    En Espagne, une agression réveille les vieux démons basques 

    Où se trouve la frontière entre la violence et la terreur ? Entre une agression contre des gendarmes et un lynchage prémédité visant à imposer la peur ? La polémique fait rage en Espagne depuis l’agression, le 15 octobre, de deux gardes civils qui n’étaient pas en service et de leurs compagnes, dans un bar d’Alsasua, petite commune de 8 000 habitants de Navarre. Insultés et frappés par plus d’une vingtaine de personnes, certaines ayant le visage dissimulé, les gardes civils ont été forcés à quitter le bar. Une fois dans la rue, ont-ils raconté au juge, ils ont de nouveau été cernés et agressés par une quinzaine de personnes qui leur ont crié de quitter la Navarre. L’un des deux gardes a dû être opéré d’une fracture à la cheville, les autres victimes ont souffert de blessures légères.

    Une affiche de la mouvance « Alde Hemendik » (hors d’ici), à Alsasua, qui veut expulser les forces de l’ordre espagnoles du Pays basque et de Navarre.

    Sept adultes, âgées de 19 à 24 ans, et deux mineurs ont été arrêtés. Leurs actes ont été condamnés par tous les partis, à l’exception des indépendantistes radicaux de la gauche abertzale (patriote) EH Bildu pour laquelle il ne s’agit que d’une simple « bagarre de bar » après une « provocation » de la part des gardes civils.

    Un délit de terrorisme contesté

    Le 22 novembre, l’Audience nationale, le haut tribunal espagnol, saisie par une plainte de Covite, l’Association de victimes du terrorisme au Pays basque, a décidé de poursuivre les agresseurs pour « un délit de terrorisme ». Les accusés sont proches de l’association Ospa Mugimendua, qui exige le départ des FSE (Forces de sécurité de l’État), comme le faisait l’ETA. Ils risquent des peines de dix à quinze ans de prison.

    Pour le gouvernement de la région de Navarre, ainsi que les principaux partis politiques – des nationalistes de Geroa Bai à EH Bildu, en passant par Podemos et le Parti socialiste de Navarre –, la décision de la juge est « disproportionnée ».

    Les manifestants ont critiqué un « montage politique, médiatique et policier » et ont revendiqué au contraire la « paix et le vivre ensemble » qui règnent depuis la fin de l’action armée d’ETA.

    Samedi 26 novembre, plus de 10 000 personnes ont défilé dans les rues de la ville pour demander que le dossier soit rendu au juge d’instruction de Navarre. Ils voulaient aussi s’opposer à l’image de la ville véhiculée dans les médias, celle d’une sorte de Belfast basque. Les manifestants ont critiqué un « montage politique, médiatique et policier » et ont revendiqué au contraire la « paix et le vivre ensemble » qui règnent depuis la fin de l’action armée d’ETA.

    Pour la juge chargée de l’affaire, il ne fait pourtant pas de doute qu’il existe une « habitude de harcèlement » dans cette ville et que le métier des victimes est « l’unique et exclusive » raison de l’agression. Selon son ordonnance, l’agression se situe « dans le contexte de la mouvance “Alde Hemendik” [hors d’ici, en basque], dont l’objectif principal est de nier la présence des Forces de sécurité de l’État en Navarre et au Pays basque. »

    Des gardes civils harcelés

    Cinq ans après la fin de la violence annoncée par les séparatistes basques d’ETA, le 20 octobre 2011, l’agression d’Alsasua a réveillé de vieux démons en Espagne. Est-ce une résurgence de la Kale Borroka (lutte de la rue), ces actes de violence urbaine autrefois menés par le groupe terroriste pour semer la terreur ? Ou la fin des attentats s’est-elle accompagnée d’une « normalisation » sociale ?

    Les déclarations au juge des gardes civils et de leurs compagnes, diffusées par la radio Cadena Ser, dépeignent un climat étouffant, qui rend impossible leur intégration.

    « Il existe une radicalisation terrible au Pays basque et en Navarre, un manque de liberté, un silence imposé et une culture de la haine. » Consuelo Ordonez, présidente de Covite

    L’un d’eux raconte que la femme d’un collègue s’est fait cracher dessus alors qu’elle emmenait son enfant à l’école. Une des victimes, originaire d’Alsasua, a confié que, depuis qu’elle sort avec un garde civil, des voisins ont cessé de la saluer. « Il existe une radicalisation terrible au Pays basque et en Navarre, un manque de liberté, un silence imposé et une culture de la haine, s’insurge la présidente de Covite, Consuelo Ordóñez. Pourquoi devons-nous accepter que les gardes civils ne puissent pas mener une vie normale ? » Logés dans la caserne, protégée par des grilles de trois mètres de haut, les gardes civils et leur famille préfèrent souvent, de fait, éviter de fréquenter les bars, en particulier la nuit. Leurs agresseurs sont-ils pour autant des « terroristes » ?

    La justice devra trancher en s’appuyant sur la réforme du code pénal de 2015. Celle-ci a élargi la définition du « terrorisme » aux délits ayant pour finalité de « supprimer ou déstabiliser gravement le fonctionnement des institutions politiques ou des structures économiques et sociales de l’État ou obliger les pouvoirs publics à réaliser un acte ou s’abstenir de le faire ; d’altérer gravement la paix publique […] ; de provoquer un état de terreur dans la population ou une partie d’elle. » Une définition qui avait suscité une vive polémique.

     
  • admin9596 4:28 pm le December 13, 2016 Permaliens  

    A Fremantle, en Australie, l’« Invasion Day » n’aura pas lieu 

    Une cérémonie célébrant la survie d’une partie des Aborigènes, à Sydney.

    Chaque année, le débat resurgit. Est-il respectueux de fêter l’Australia Day, la fête nationale australienne ?Faut-il déplacer ce jour dans le calendrier ? La ville de Fremantle, qui compte environ 25 000 habitants, en Australie-Occidentale, a franchi le pas : les festivités seront organisées en 2017 le 28 janvier, et non pas le 26 comme dans le reste du pays. Une partie des Australiens, principalement des Aborigènes, a rebaptisé l’Australia Day (« le jour de l’Australie ») l’Invasion Day, (« le jour de l’invasion »).

    Beaucoup d’anciennes colonies dans le monde ont choisi le jour de leur indépendance comme fête nationale, mais l’Australie a retenu l’arrivée à Sydney de la première flotte anglaise, des colons donc. Cette flotte était composée de 11 navires avec à leur bord plus de 1 300 personnes, des prisonniers principalement.

    Le 26 janvier 1788, le capitaine Arthur Phillip a planté le drapeau britannique sur un territoire déjà habité : entre 300 000 et 1,5 million d’Aborigènes peuplaient l’île-continent, où leurs ancêtres étaient arrivés entre 40 000 et 60 000 ans plus tôt. Au fur et à mesure de la colonisation, la transmission de nouvelles maladies a décimé les communautés. Les Aborigènes ont été dépossédés de leur terre. Plus tard, jusque dans les années 1970, des enfants ont même été enlevés à leur famille, pour être élevés par des Blancs. Selon le recensement de 2011, les Aborigènes représentent 3 % de la population, soit 670 000 personnes.

    Jour de deuil

    Alors que de nombreux Australiens arborent fièrement leur drapeau le 26 janvier, portent des tongs ou des maillots de bain aux couleurs de leur pays, il s’agit plutôt d’un jour de deuil pour d’autres. Certains Aborigènes, plus positifs, en profitent pour célébrer la survie de leur culture, avec des cérémonies traditionnelles, malgré tout.

    À Fremantle, l’incontournable feu d’artifice aura donc lieu le 28 janvier. Des Aborigènes se sont exprimés « haut et fort » ; « nous pensons qu’il est temps de reconnaître que ce n’est pas un jour de célébration pour tous », a déclaré le maire écologiste Brad Pettitt. La nouvelle fête, appelée « One day », sera « l’occasion pour tous les Australiens de se réunir et célébrer la diversité multiculturelle de [leur] pays ».

    Le maire voulait aussi organiser ce jour-là les cérémonies de citoyenneté, qui réunissent habituellement pour Australia Day tous les nouveaux Australiens. Mais le gouvernement fédéral a opposé son veto. « La citoyenneté doit être apolitique », a déclaré le ministre adjoint de l’Immigration, Alex Hawke. La mairie doit renoncer à organiser les cérémonies le 28 janvier ou le ministère de l’immigration s’en chargera.

    Car la décision de la mairie de Fremantle divise l’Australie. Tout en reconnaissant que la fête nationale était un sujet de « controverse », le premier ministre Malcolm Turnbull, chef de la coalition conservatrice au pouvoir, a estimé qu’il ne fallait rien changer. Le premier ministre de l’Australie occidentale, Colin Barnett, lui aussi conservateur, s’est dit « extrêmement déçu par le maire de Fremantle ». « C’est déloyal envers notre pays, c’est déloyal envers notre Etat. » Et les habitants de Fremantle auront bien leur feu d’artifice le 26 janvier : des restaurateurs ont annoncé qu’ils organiseront une célébration sur la plage ce jour-là : « Nous voulons maintenir la tradition. »

    Lire aussi : La colère des Aborigènes d’Australie, moqués par un dessin

    Lire aussi : Aborigènes d’hier et d’aujourd’hui

     
  • admin9596 1:33 am le December 12, 2016 Permaliens  

    Victoire des Sioux contre le « Serpent noir » dans le Dakota du Nord 

    Le campement Oceti Sakowin, sur la réserve de Standing Rock. Des drapeaux indiens y côtoient le drapeau américain. Celui-ci est inversé, en signal de détresse extrême pour cause de menaces sur la vie ou la propriété.

    Standing Rock, réserve des Sioux dans le Dakota du Nord, a laissé éclater sa joie hier. Jo-Ellen Darcy, sous-secrétaire aux travaux publics de l’armée américaine a enterré le projet de pipeline qui devait traverser la réserve indienne. « La meilleure façon de procéder de manière responsable et de façon rapide est d’explorer des routes alternatives pour la traversée de l’oléoduc », dit son communiqué. C’est clairement un geste protecteur d’Obama sur le départ, alors que Trump venait de déclarer son soutien au projet de la compagnie Energy Transfer Partners dans laquelle sa société a des parts.

    Sept mois que le campement grossissait à Standing Rock, réserve de Sioux dans le Dakota du Nord, aux États-Unis. Les Indiens voulaient à tout prix empêcher le passage sur leur terre d’un oléoduc de 1 800 kilomètres transportant du gaz de schiste. Ils l’appelaient le « Serpent noir », une balafre sur leurs lieux sacrés, mais également une menace pour l’eau, car la moindre fuite contaminerait la rivière Missouri.

    Les Sioux ont reçu le soutien d’autres tribus, d’aborigènes du monde entier, mais aussi des écologistes américains, de Bernie Sanders, du mouvement Black Lives Matter. Standing Rock est devenu le point de rencontre de la contestation, un angoissant face-à-face entre des militants désarmés et une police casquée usant de gaz irritants, de Taser et de canons à eau, tandis que la sécurité privée de l’entreprise Energy Transfer-Partners, chargée des travaux, lançait ses chiens. Barack Obama avait tenté un compromis en évoquant un tracé plus éloigné de la rivière. Rien ne doit passer sur nos terres, avaient répondu les Indiens.

    Jaylyn Gough, de la tribu Navajo, ici accompagnée d’autres soutiens des Sioux, fait face aux forces de l’ordre, malgré les menaces d’aspersion de gaz lacrymogène (photo prise entre le 10 et le 15 novembre).

    Ce mouvement ressemble à un réveil. Rarement les Sioux ont reçu un tel soutien, alors qu’ils se battent depuis longtemps contre les gouvernements et les compagnies qui rognent leurs territoires. « Ces terres sont vos terres, vous en avez l’usage et le bénéfice exclusif », disent les traités signés au XIXsiècle.

    En octobre, les Sioux avaient perdu leur dernier recours devant un tribunal fédéral. Face à eux : l’industrie du gaz de schiste, sur laquelle les États-Unis ont bâti leur indépendance énergétique. Mais aussi des banques qui, selon l’ONG Food and Water Watch, ont financé les firmes en charge de l’oléoduc. Parmi elles, BNP Paribas (à hauteur de 450 millions de dollars), le Crédit agricole (350 millions), Natixis (180 millions) et la Société générale (120 millions). Il ne restait aux Indiens que la mobilisation de l’opinion. Elle a payé.

    Lire aussi : Le gaz de schiste américain va bousculer le marché

     
  • admin9596 6:56 am le December 9, 2016 Permaliens  

    Dictateurs de tous pays : leurs adieux à Fidel 

    Le Monde | 02.12.2016 à 16h07
    La mort de Fidel Castro, le 25 novembre, a suscité des réactions contrastées dans le monde entier. Les autocrates, eux, n’ont pas lésiné sur les hommages.

    Par Clément Ghys

    De g. à dr. : Bachar Al-Assad, Kim Jong-un et Vladimir Poutine.

    « Le nom de Fidel Castro vivra à jamais dans l’esprit des générations et inspirera ceux qui aspirent à une véritable indépendance. (…) Le grand leader Fidel Castro a mené la lutte de son peuple et de son pays contre l’impérialisme et l’hégémonie pendant des décennies. »

    Bachar Al-Assad, président de la République arabe syrienne, accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité par de nombreux observateurs depuis le début de la guerre civile, en 2011.

    « Un ami proche et un camarade. »

    Kim Jong-un, chef suprême de la République populaire démocratique de Corée, pays classé avant-dernier (devant l’Érythrée) dans le classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.

    « Cet homme d’État émérite est à juste titre considéré comme le symbole d’une époque de l’histoire moderne du monde. »

    Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie. Le 2 novembre 2016, le bureau d’Amnesty International à Moscou a été placé sous scellés.

    De g. à dr. : Xi Jinping, Hassan Rohani, Alexandre Loukachenko.

    « Le camarade Castro vivra éternellement. »

    Xi Jinping, secrétaire général du Parti communiste chinois et président de la République populaire de Chine, considéré par Reporters sans frontières comme un « prédateur de la presse ».

    « Un guerrier infatigable. »

    Hassan Rohani, président de la République islamique d’Iran, fréquemment dénoncé par l’ONG Human Rights Watch.

    « Une personne chère et un penseur unique. »

    Alexandre Loukachenko, président de la République de Biélorussie, où, selon Amnesty International, la législation limite la liberté d’expression et où les minorités sexuelles sont victimes de discriminations et de violences.

    Lire aussi : Moscou, Pékin et Hanoï, anciens « pays frères »,  saluent la mémoire de Castro

     
  • admin9596 9:11 am le December 8, 2016 Permaliens  

    Dans l’arène cubaine 

    C’est une passion que Fidel Castro ne comprenait pas. Héritée des conquistadors, la pratique des combats de coqs fut même sévèrement réprimée par le régime castriste. Elle continue pourtant de rythmer la vie dans des villages comme Viñales ou La Palma, à l’ouest de La Havane. Vincent Desailly a saisi la force de cette tradition à laquelle la mort du Lider Maximo ne devrait rien changer. Dans cet enclos de La Palma, à l’ouest de La Havane, les coqs attendent leur tour pour combattre.

     
  • admin9596 7:00 pm le December 7, 2016 Permaliens  

    Après le scandale, l’« Iphigénie » de Krzysztof Warlikowski connaît la gloire 

    Un miroir posé sur scène place le public d’« Iphigénie » face à son propre reflet.

    Au Palais Garnier, le metteur en scène polonais Krzysztof Warlikowski présente l’opéra Iphigénie en Tauride, de Gluck,dix ans après l’avoir monté sur la même scène. Le temps a passé, et il a fait oublier qu’en 2006, le même spectacle avait provoqué un tollé, s’était vu accuser d’indécence et de manque de respect à l’œuvre originale. À l’époque, Warlikowski est inconnu du public français du lyrique. S’il s’est déjà frotté à l’opéra à Varsovie, sa réputation ne dépasse pas les cercles du théâtre contemporain.

    Iphigénie en maison de retraite

    Gérard Mortier, qui dirige alors l’Opéra de Paris, le découvre au Festival d’Avignon et lui met le pied à l’étrier. « Je me suis tout de suite senti à mon affaire avec cette œuvre inspirée d’une tragédie d’Euripide », se souvient Krzysztof Warlikowski, dont la pièce Les Français, consacrée à Proust, vient de s’achever à Chaillot. C’est en référence à un épisode de la vie d’Iphigénie qu’il déploie son imaginaire. « J’ai toujours été fasciné par ce moment où la déesse Diane dématérialise Iphigénie alors que son père, Agamemnon, s’apprête à la sacrifier. En Grèce, tout le monde la pense morte. Des années plus tard, on la retrouve prêtresse sur les rivages de Tauride. » De là, l’idée de faire de cette héroïne disparue la pensionnaire d’une maison de retraite. « En jouant sur la fragilité de sa mémoire de vieille dame, je voulais laisser planer le doute sur son histoire, qu’on se demande si elle est véridique ou pur fantasme. »

    Le metteur en scène installe sur scène un immense miroir renvoyant l’image du public dans la salle. « J’ai fait mes études à la Sorbonne. Entre 22 et 23 ans, je passais mes soirées au Palais Garnier et j’avais gardé le souvenir d’un public vieillissant. »

    « J’ai rarement vécu un tel déferlement de violence à l’opéra. Je revois encore Marc Minkowski [directeur musical] contraint de se retourner vers les spectateurs et attendre que la salle se calme. » Krzysztof Warlikowski

    En renvoyant au public le reflet de son image et transformant le plateau en une chambrée pour retraitées, Krzysztof Warlikowski provoque le scandale. « J’ai rarement vécu un tel déferlement de violence à l’opéra, raconte avec émotion le metteur en scène. Je revois encore Marc Minkowski [directeur musical] contraint de se retourner pour faire face aux spectateurs, et attendre que la salle se calme avant de pouvoir reprendre. » Ce qui n’empêche pas Gérard Mortier de reprogrammer l’opéra la saison suivante. « À mon grand étonnement, tout était oublié et le spectacle fut magnifiquement accueilli lors de sa reprise sous la direction d’Ivor Bolton. J’espère qu’il en sera de même avec le chef Bertrand de Billy à la tête de l’orchestre de l’Opéra de Paris. »

    Tout au bonheur de retravailler cette mise en scène aujourd’hui considérée comme un classique, Krzysztof Warlikowski passe le relais à une troisième distribution, où l’on retrouve Véronique Gens, Étienne Dupuis, Stanislas de Barbeyrac, Thomas Johannes Mayer… « Être entouré de fortes personnalités est toujours une chance à l’opéra. Je ne souhaite pas que mes interprètes regardent d’anciens enregistrements du spectacle. Comme à chaque fois, je suis d’abord à la recherche d’une aventure nouvelle. »

    « Iphigénie en Tauride », de Gluck, direction musicale Bertrand de Billy, mise en scène Krzysztof Warlikowski. Opéra national de Paris, Palais Garnier, du 2 au 25 décembre.

    Bande-annonce d’« Iphigénie en Tauride »

    Lire aussi : Warlikowski face à l’impossible défi proustien

     
  • admin9596 2:07 pm le December 6, 2016 Permaliens  

    Carte blanche à Camille Henrot 

    Cette jeune plasticienne française dont L’œuvre mêle films, dessins et sculptures réinvente pour « M » l’horoscope chinois. En situation d’abus de pouvoir, de détresse ou de soumission, les animaux de son bestiaire évoquent la violence de la société. Ils sont légendés par le poète Jacob Bromberg, à la manière des conseils de l’astrologie online.

     
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