Réduire la dépense publique est une chance, pas une obligation
Parmi les sujets de l’élection présidentielle d’avril 2017 il y a naturellement la taille du secteur public et la composition des dépenses. Naturellement parce que la loi de finance est au cœur de la vie politique. La taille du secteur public conduit à s’interroger sur l’arbitrage financement public – financement privé. La composition des dépenses publiques traite de nos choix de consommation. Souhaite-t-on consommer de l’éducation, de la défense nationale ou réaménager notre salle de bain ?
La taille du secteur public en France représentait 57,3% de la production intérieure brute (PIB) en 2015. Ce niveau est historiquement à son plus haut. Ce ratio, dépenses publiques totales, soit la somme des dépenses de l’Etat central, des administrations de sécurité sociale et des administrations publiques locales sur PIB, était de 14,22% en 1895, et de 39,65% en 1973.
Les conséquences productives souvent débattues
Cet élargissement de la taille du secteur public n’est pas sans conséquence productive, d’une part, et allocative, d’autre part. Les conséquences productives sont souvent débattues. La Courbe de BAR, du nom de trois économistes américains Barro-Armey-Ram montre qu’il existe une relation en U inversé entre la taille du secteur public et la croissance de la production. Au-delà d’un certain seuil, la dépense publique et sa structure ont un effet net négatif sur la dynamique de la production. En France, on estime qu’au-delà de 30% la taille du secteur public ne maximise plus le potentiel productif du pays. La figure 1 (ci-dessous) illustre cette relation en U inversé pour la France à partir du calcul des moyennes sur dix ans depuis 1896 des taux de croissance du PIB et des moyennes du ratio dépenses publiques sur PIB. Il permet de dessiner la courbe de BAR pour la France.
Figure 1
La Courbe de BAR pour la France ou la relation croissance/taille du secteur public (1896-2015)
Source : actualisation du travail de Facchini et Melki publié dans l’European Journal of Political Economy en 2013.
Une telle relation fait encore l’objet de discussions parmi la communauté des économistes, mais elle rappelle avec certitude qu’un euro public dépensé n’a pas toujours un effet net positif. Un euro public dépensé au-delà d’un certain seuil crée moins de richesse qu’il n’en détruit. Il crée moins d’emploi qu’il n’en détruit.
Des quantités trop importantes de biens publics
Une telle situation arrive dès que l’Etat et plus généralement les acteurs publics produisent des biens qui ne relèvent pas de leurs prérogatives et/ou mettent à la disposition des citoyens des quantités trop importantes de biens publics. La définition des prérogatives du secteur public est l’objet de la théorie économique de la frontière de l’Etat et du marché. Avec l’effondrement du modèle soviétique, il est admis que le marché a sa place dans la production et l’affectation des richesses. Peu d’économistes aujourd’hui soutiennent que le marché et les entreprises ne produisent pas correctement des automobiles, du pain, des installations électriques ou des médicaments. La conséquence est qu’au-delà d’un certain seuil le secteur public commence à produire et à financer des biens que le secteur privé pourrait produire en quantité suffisante, et à moindre coût. Cela permet de rappeler que la mission des entreprises est aussi de répondre aux besoins sociaux. Lorsque les agriculteurs produisent du lait, ils répondent à une demande sociale. Lorsque les producteurs d’automobiles produisent des voitures hybrides, ils donnent une solution aux préoccupations écologiques des consommateurs-citoyens. Le risque alors d’un secteur public trop important est qu’il utilise plus de ressources que les entreprises pour produire la même quantité de biens et de services et/ou qu’il produise des services publics qui ont moins de valeur pour les consommateurs que la plupart des biens qu’ils pourraient acheter sur le marché. Laisser le taille du secteur public croître jusqu’à un ratio dépenses publiques totales sur PIB de 100% serait tout simplement soutenir que le marché et l’entreprise doivent totalement s’effacer devant l’Etat et ses administrations. Ce serait défendre qu’il n’y a pas de frontière Etat-marché, que seul l’Etat est compétent.
Un moyen d’améliorer l’efficacité productive du pays
Lors du choix politique de 2017, chaque électeur doit ainsi avoir conscience que la réduction des dépenses des administrations publiques est un moyen d’améliorer l’efficacité productive du pays, autrement dit de redonner du pouvoir d’achat et des opportunités de gain pour les entrepreneurs. Les administrations publiques rendent bien des services à la nation, mais avec un coût en terme de croissance qui aujourd’hui obère durablement nos choix futurs.
Les électeurs doivent aussi avoir conscience que la baisse des dépenses publiques est un moyen de redonner au consommateur son pouvoir de choix. Si le ratio dépenses publiques sur production était de 100%, l’ensemble des biens et des services consommé serait le résultat d’un choix politique. Je devrais peut-être renoncer à acheter des meubles parce que l’Assemblée nationale a décidé que je devais consommer de l’éducation ou des installations sportives. Réduire la dépense publique, c’est en ce sens redonner à chacun le droit de choisir ce qu’il fait de son argent. C’est redonner au consommateur sa souveraineté. Contrairement à ce qui est souvent dit et écrit, réduire la dépense publique ce n’est pas, par conséquent, appliquer un programme de rigueur ou « se serrer la ceinture », c’est au contraire desserrer la contrainte politique qui pèse sur les choix de consommation de chacun et créer ainsi des opportunités pour les entrepreneurs de reprendre leur place dans l’économie française et créer des emplois pour répondre aux besoins sociaux qui s’expriment sur tous les marchés de France et dans le monde.