Mises à jour de février, 2017 Activer/désactiver les fils de commentaires | Raccourcis clavier

  • admin9596 9:39 am le February 8, 2017 Permaliens  

    Le Danemark perce le secret de la consommation d’eau sans énergie 

    En termes d’écologie, les pays scandinaves sont en général à la pointe, et la gestion de l’association eau-énergie ne fait pas exception à cette règle.

    « L’histoire de la gestion de l’eau à la danoise est un vrai conte de fées », assure Katrine Rafn, directrice des ressources hydrauliques au ministère danois de l’Environnement. Ces trente dernières années, le Danemark a « réussi à percer le secret » de l’association entre croissance économique et gestion efficace de l’eau.

    « Le secret est un mélange savant de développement de politiques, de réglementation intelligente et d’innovation technique » impliquant une coopération entre les autorités publiques, le secteur privé et les gestionnaires hydrauliques, a-t-elle expliqué lors d’un événementEurActiv.

    « La gestion efficace de l’eau repose sur une gestion de tout le cycle hydraulique », a-t-elle continué. « Cela concerne la consommation, l’extraction et la distribution, mais aussi le transport des eaux usées et leur traitement. Cela concerne absolument tout. »

    L’industrie utilise beaucoup d’eau, l’industrie de l’eau aussi

    La production d’énergie peut être très gourmande en eau. L’eau est principalement utilisée pour refroidir les centrales thermiques et nucléaires, mais aussi dans la fabrication de biocarburants et le nettoyage des panneaux solaires dans les centrales photovoltaïques.

    L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a récemment mis un coup de projecteur sur l’association eau-énergie. Dans son dernier rapport mondial, publié le 16 novembre, l’association estime que presque toutes les faiblesses du système énergétique mondial, qu’elles soient liées à l’accès à l’énergie, à la sécurité énergétique ou à la lutte contre le changement climatique, pourraient être exacerbées par une modification de l’accès à l’eau.

    « L’industrie de l’eau utilise beaucoup d’énergie, environ 4 % de l’électricité produite sur la planète », souligne Mads Warming, directeur de l’eau et des eaux usées chez Danfoss, une entreprise d’ingénierie danoise, qui a soutenu l’événement organisé en novembre par EurActiv. Ce chiffre devrait cependant doubler d’ici 2040 si rien n’est fait pour le limiter, selon l’AIE.

    La réussite danoise : passer au coût zéro

    « Ce que nous avons montré, c’est qu’il est possible de faire passer ce chiffre à zéro », conclut Mads Warming.

    Dès les années 1970, le Danemark a réalisé qu’il fallait rendre la gestion de l’eau moins gourmande en énergie. À l’époque, il y avait dans le pays un excès de prélèvement d’eau, les rivières et zones côtières étaient polluées aux eaux usées et la consommation d’eau était trop grande et inefficace, assure la représentante officielle.

    Depuis, le pays a réussi à réduire l’utilisation d’eau à une moyenne de 107 litres par personne par jour. À Copenhague, la consommation a été réduite de 42 % depuis 1985.

    Une tendance partagée par l’industrie, souligne Katrine Rafn. Au niveau industriel, les fuites ont été limitées à 8 % de moyenne dans tout le pays. Les nappes phréatiques desquelles l’eau est extraite ont été extensivement cartographiées, afin de permettre une « prise de contrôle sur les ressources ». « Nous savons où elles sont et combien elles sont, nous pouvons donc les protéger de la pollution et de la surexploitation », a expliqué la représentante du ministère.

    Preuve du changement d’attitude, les eaux usées sont d’ailleurs aujourd’hui appelées « ressources hydrauliques ».

    Pourquoi le reste du monde ne copie-t-il pas la solution danoise ?

    Résultat : le secteur de l’eau n’utilise plus au Danemark que 1,8 % de l’électricité consommée dans le pays. Et les technologies permettant de rendre le secteur neutre sont là, insiste la Danoise. La ville d’Aarhus, par exemple, entend rendre son cycle hydrologique énergétiquement neutre d’ici 2020, a annoncé Lars Schröder, PDG d’Aarhus Water. D’autres villes danoises lui ont emboîté le pas.

    Alors pourquoi le reste du monde ne copie pas la solution danoise ? « On pense généralement que tout est cher au Danemark, y compris l’électricité », a expliqué Mads Warming, de Danfoss, mais les prix de l’électricité y sont moins élevés qu’au Royaume-Uni ou en Allemagne, et équivalent à la moitié des prix italiens, un peu comme au Brésil ou en Chine.

    Tarifer l’eau avec un recouvrement des coûts complet

    « Cela semble trop beau pour être vrai ? Eh bien ça peut être fait », confirme Katerine Rafn, qui estime que le moteur de la réussite danoise a été une tarification de l’eau avec un recouvrement de coûts complet. « Les prix de l’eau incluent tout le cycle hydrologique, y compris l’investissement dans les nouvelles technologies », a-t-elle poursuivi, indiquant que Copenhague avait introduit une pénalité fiscale pour pousser les infrastructures de gestion de l’eau à éviter de dépasser les 10% de fuite.

    La législation européenne n’est toujours pas appliquée

    Pavel Misiga, qui dirige l’unité sur l’eau potable du département environnement de la Commission, juge que les secteurs de l’eau et de l’énergie sont confrontés aux « mêmes problèmes » et aux « mêmes failles des marchés ». Il rappelle que les législateurs européens n’ont pas ignoré le secteur de l’eau, mentionnant la directive relative au traitement des eaux urbaines résiduaires, adoptée en 1991, et la directive-cadre pour une politique communautaire dans le domaine de l’eau, de 2000, qui a introduit la tarification de l’eau comme outil politique au niveau européen.

    Pourtant, « cette législation n’est toujours pas appliquée en Europe », a regretté le fonctionnaire, qui tient notamment pour responsable un manque d’investissement. Selon la Banque européenne d’investissement (BEI), il faudrait environ 90 milliards d’euros d’investissement pour que les mesures soient concrétisées. Ce manque d’investissement se traduit par la négligence des objectifs environnementaux et par des services aux citoyens laissant à désirer, a-t-il estimé.

    L’eau « crée aussi des dettes publiques énormes »

    L’eau « crée aussi des dettes publiques énormes », a poursuivi Pavel Misiga, qui indique que ces chiffres ne figurent cependant pas dans les comptes nationaux, « mais à l’avenir, ce problème doit être résolu ».

    Katerine Rafn se montre plus optimiste quant au rôle potentiel de l’UE et appelle la Commission à mettre en place des objectifs ambitieux.

    « Pourquoi ne pas instaurer une loi européenne commune fixant un maximum de 10% de perte pour le secteur de l’eau ? Je pense que c’est faisable, la technologie existe et nous avons de nombreux exemples de sa mise en pratique », a-t-elle plaidé.

    Le Danemark teste actuellement une autre idée, de nouveaux indicateurs environnementaux complétant les marqueurs utilisés pour l’efficacité énergétique du secteur. « Je me demande donc pourquoi nous ne pourrions pas mettre cela en pratique au niveau européen, afin de pouvoir comparer les efforts des pays et que ceux-ci apprennent les uns des autres », précise la représentante danoise.

    La Chine a déjà appris de l’expérience danoise et introduit un objectif limitant les pertes à 10 %, or « si les Chinois peuvent le faire, nous le pouvons aussi », a-t-elle fait remarquer.

    >Lire : Des doutes sur la directive-cadre sur l’eau

    Révision de la directive-cadre sur l’eau

    Pour Pavel Misiga, la révision de la directive-cadre sur l’eau en 2019 est l’occasion de considérer de nouveaux objectifs ou de nouvelles normes européennes. Il a néanmoins prévenu qu’il y aurait des « obstacles politiques » pour atteindre un accord à l’échelle européenne, sur la mise en avant d’« outils plus souples » comme un meilleur accès aux financements et sur l’élimination des risques d’investissements dans les technologies de gestion de l’eau.

    « Le problème avec une norme ou un objectif universels, c’est qu’il y a des différences énormes en Europe », a souligné Pavel Misiga, qui a comparé des pays comme l’Allemagne et le Danemark où les pertes d’eau représentent seulement 6% à des villes en Roumanie où les pertes peuvent atteindre 40%.

    « Nous risquons donc de ne pas réussir à nous mettre d’accord », a-t-il prévenu, soutenant une approche plus souple. « Et pour cela, nous n’avons pas besoin d’attendre une nouvelle loi », a-t-il déclaré, encourageant ainsi les villes à se servir du Fonds européen pour les investissements stratégiques (EFSI) – le fameux plan Juncker – pour investir dans des projets liés à l’eau et à l’énergie.

    Quoi qu’il en soit, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a souligné la nécessité d’aborder le lien entre eau et énergie, rappelant que le coût de l’inaction finirait par monter en flèche.

    « Nous n’avons pas le temps d’attendre », a déclaré Kamel Ben Naceur, directeur des technologies et des perspectives à l’AIE :

    « Si nous ne le faisons pas maintenant, le système pour le faire après-coup sera beaucoup plus couteux. Et si nous ne le faisons pas du tout, le coût d’adaptation sera astronomique. »

    Tout en admettant que répliquer le modèle danois « serait quelque peu complexe » à cause des différences nationales, Kamel Ben Naceur a mis l’accent sur les énormes bénéfices économiques découlant de la collecte et du traitement des eaux usées dans les villes d’Europe.

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    >CONTEXTE

    La directive-cadre pour une politique communautaire dans le domaine de l’eau appelait les États membres à créer des encouragements concrets pour une consommation plus efficace de l’eau d’ici 2010. Il est toutefois difficile de déterminer si cela a eu un impact réel sur les politiques nationales, selon l’Agence européenne pour l’environnement (AEE).

    La consommation d’eau par secteur varie entre les différents pays de l’Union européenne. L’agriculture est le secteur le plus gourmand en eau potable dans les régions les plus sèches, remplacé par les secteurs de l’énergie et de l’industrie dans les États plus humides.

    Dans l’ensemble, les foyers, entreprises, hôpitaux et bureaux représentent 20% de la consommation totale, selon un rapport de 2012 de l’AEE. Les chasses d’eau à elles seules correspondent à près d’un tiers de ce chiffre, mais les fuites occasionnées par la vétusté des installations et tuyaux engendrent également des pertes importantes.

    Les appels à davantage d’efficacité dans ce domaine se multiplient, et pas seulement au niveau législatif. Les industries grandes consommatrices d’eau, notamment les producteurs de boissons et d’aliments, prennent des mesures visant à améliorer leur efficacité, et ainsi à réduire leurs coûts, dans un contexte où la sécurité d’approvisionnement semble de moins en moins garantie.

    Si la plupart de l’Europe n’a pas encore à s’en faire, les données indiquent que certaines parties de l’Espagne, de la France, de l’Italie, du Royaume-Uni, de la Belgique, des États baltes et de Chypre ont connu des crises d’approvisionnement en eau potable, avec une demande excédant l’offre.

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    >PROCHAINES ETAPES

    • 2019 : Révision de la directive-cadre sur l’eau.

    Plus d’information

    Commission européenne

    • Directive-cadre sur l’eau
    • Plan de sauvegarde des eaux européennes (en anglais)

    Agence internationale de l’énergie

    • Perspectives énergétiques mondiales 2016 (en anglais)
    • Lien entre eau et énergie (en anglais)

    ONU

    • Eau et énergie

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    Par Frédéric Simon, EurActiv.com (traduit par Manon Flausch)

    (Article publié le mercredi 1 févr. 2017 + mis à jour le 1 févr. 2017)

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    >> Retrouvez toutes les actualités et débats qui animent l’Union Européenne sur Euractiv.fr

    Euractiv

     
  • admin9596 11:16 am le February 7, 2017 Permaliens  

    De quoi la métropole est-elle le nom ? 

    Le 3 février 2017 le « Global Cities Investment Monitor », l’observatoire des investissements internationaux dans les principales métropoles du monde, a publié à Paris les résultats de son enquête 2016. Elle concerne l’évaluation du nombre d’implantations nouvelles créatrices d’emplois dans 35 grandes métropoles mondiales. A la lecture de cette étude, l’Europe apparaît, à l’Ouest comme à l’Est, porteuse d’une progression significative, bien loin devant l’Asie et l’Amérique du Nord. Paris se situe au Top 5 comme la première destination européenne post Brexit. A elle seule Paris Ile-de-France, représente 35% des investissements internationaux en France. Parmi les 15 premières métropoles mondiales, 10 sont asiatiques, dans la logique de la bascule du monde vers un nouveau paradigme géoéconomique.

    Mais il est légitime de s’interroger à l’heure d’une très grande incertitude mondiale par les bouleversements géopolitiques, sur la question du développement de métropoles et mégalopoles, au-delà de ce critère.

    Le concept de « Mégalopole » introduit en 1961 par le géographe français Jean Gottmann dans son livre « Megalopolis,The Urbanized Northeastern Seaboard of the United States », désignait une nouvelle forme d’urbanisation avec un critère à la base quantitatif, plus de 12 millions d’habitants. Fernand Braudel a apporté en 1979 la « Ville-monde » définie par « les informations, les marchandises, les capitaux, les crédits, les hommes, les ordres, les lettres marchandes qui y affluent et qui en repartent ». En 1966 les travaux de Sir Peter Hall autour de « Villes mondiales » l’exprime par la part d’affaires du monde qu’elles portent, idée reprise puis portée et développée par John Friedmann et Goetz Wolff en 1982.

    En 1991 Saskia Sassen conceptualise la « Ville globale» faisant référence de manière plus transverse à la capacité d’une ville à devenir un lieu d’influence majeur avec un très haut degré d’attractivité économique, politique, culturelle. C’est une ville jouant un rôle stratégique et s’inscrivant dans une logique de réseaux, assumant un rôle de commandement dans une économie et société globalisée.

    Le groupe de recherche « Globalization and World Cities Research Network» fondé par le Pr Peter J Taylor de l’Université de Lougbrough en Angleterre, s’est intéressé à étudier l’insertion des villes dans les réseaux mondiaux dans le contexte de la mondialisation, proposant diverses catégories (Alpha, Beta, Gamma…) des liens entre villes monde. Mais il n’en reste pas moins que la compréhension du développement de l’urbanisme dans le monde, passe par la nécessaire prise de conscience de sa complexité, rendant obsolète toute tentative de classement qui supporte mal la vitesse de changements de notre siècle.

    Dix ans après le texte fondateur de Saskia Sassen, en 1991, le Géographe Allen Scott, Prix Vautrin Lud, considéré comme le Prix Nobel de géographie, proposait le concept «Global City Region»[1]. Ce terme amplifie l’impact territorial de la ville monde. La «ville-région globale » concerne le phénomène de reconfiguration de l’ensemble de l’espace urbain et territorial soumis à l’attractivité de la ville globale. Cet impact touche l’univers suburbain et périurbain durablement et transforme en profondeur les relations de l’ensemble des habitants de ce nouvel espace ainsi constitué.

    La financiarisation de l’économie, le développement d’une économie servicielle, la force de la pénétration du numérique par les usages, la transformation du travail, de l’emploi et des relations sociales entre les habitants du territoire, les économies d’échelle sur les infrastructures à forte intensité de capital, les atouts par la concentration de lieux d’apprentissage et d’innovation, impactent sur un rayon d’environ 100 kms tous les espaces et territoires autour du centre de la ville-monde.

    Cette situation entraîne irréversiblement et dans le temps, une modification en profondeur des relations des habitants de l’ensemble de ce périmètre avec les usages, les services, le territoire, et en particulier de la perception de la sub et périurbanité. Elle s’accompagne, très souvent, de fortes inégalités sociales et territoriales, donnant lieu à des vulnérabilités, rivalités, clivages et différences en terme de projets de développement et rejaillissant sur la qualité de vie. Ce rayonnement de la ville-monde autour de son territoire, a trait inévitablement à la question de son expression structurelle et au delà, de sa gouvernance.

    A l’heure de la puissance et de la place des villes dans le monde, il est essentiel de poser au coeur de la réflexion, et pour les 20 années à venir, le rôle croissant de cette transformation territoriale, les effets de l’hyper métropolisation, voire de la mégalopolisation du monde, et ses impacts dans chacun des territoires.

    Au delà des terminologies qui apparaîtront, comme cela a été le cas pour les villes, avec la «Smart City», il ne sera pas suffisant de faire appel à la «Smart Métropole», ou à la «Smart Région» pour apporter des réflexions stratégiques et des solutions opérationnelles à cet enjeu majeur qui se dessine dans un monde complexe et urbanisé.

    C’est le cas par exemple pour la région qui a inspiré Gutmann sur le mot Mégalopole, «BosWash», la région urbaine qui s’étend sur 800 kms entre l’agglomération de Boston et Washington DC, englobant les agglomérations de Hartford, de New York, et de Philadelphie, ainsi qu’une multitude de villes de plus de 100 000 habitants, sur la côte est des États-Unis, regroupant plus de 70 millions d’habitants et connectées, liées, tant économiquement que par les moyens de transport et de communication. Ou encore la Mégalopole californienne de «SanSan», rassemblant plus de 40 millions d’habitants sur les 600 kms de San Francisco à San Diego et resurgissant actuellement à propos d’un éventuel « CalExit » dans les USA de Trump.

    De manière transnationale, c’est l’aire urbaine des Grands Lacs en Amérique du Nord ; ChiPitts, de 65 millions d’habitants reliant des métropoles américaines (Chicago, Détroit, Pittsburg) et canadiens (Montréal, Toronto, Québec, Ottawa).

    Nous assistons aujourd’hui en Chine à l’émergence de mégalopoles telle la région urbaine de Shanghai qui compte près de 80 millions d’habitants avec ses grandes villes Nanjing, Hangzhou et Ningbo plus les espaces ruraux qu’ elle domine. Shanghai est la métropole surplombant le delta du Yangzi qui ,domestiqué par le barrage des Trois Gorges, est aujourd’hui un axe majeur du territoire chinois. Le pôle de commandement de Shanghai a ainsi changé d’échelle, polarisant cette région, devenue l’une des plus dynamiques et urbanisées au monde, et dotée du plus grand port maritime mondial.

    Au Japon, l’aire urbaine de 1.000 km reliant Tokyo à Fukoda, concerne 110 millions d’habitants, soit 80% de la population du Japon concentrée sur 6% du territoire.

    En Afrique du Sud, l’axe Johannesburg, Pretoria, constitue un axe de développement hyper métropolitain en constitution. En Inde, l’air urbain de Mumbaï, s’étend de manière chaotique sur 100 kms dans l’axe nord/sud et 60 kms sur l’axe est/ouest, pour une population de 25 millions d’habitants.

    Nous pouvons citer pour l’anecdote la «banane bleue» ou «dorsale européenne» chère à Roger Brunet et à feu Jacques Chérèque, allant de Londres à Milan mais plus près de nous, nous sommes toujours à nous interroger sur la portée d’une hyper métropole de Paris au Havre, de nos relations avec notre ville monde et concurrente Londres ainsi que du spectre de l’Arc territorial atlantique.

    La puissance, l’influence et le rayonnement de la vie métropolitaine, hyper métropolitaine et mégalopolitaine dans le monde, nous interroge aujourd’hui. Comment explorer la construction de ces territoires urbains ? Quid de leur identité et leur gouvernance ?

    Dans un monde en crise, la vie urbaine est une valeur majeure à développer et elle demande de l’aborder avec une vision stratégique et une perspective à moyen et long terme. L’urbanisation est l’un des moteurs principaux du processus de développement dans le monde contemporain, et la force de sa présence dans le territoire exige des réponses qui doivent dépasser les enjeux particuliers.

    [1]Global City Regions: Trends, Theory, Policy, Oxford University Press,

    Cities for life - Smart City
     
  • admin9596 5:47 am le February 6, 2017 Permaliens  

    Le cloud computing tient un rôle central dans la transformation numérique 

    Logiciels, objets connectés, imprimante 3D, tablettes : nombreux sont les outils numériques qui incitent les entreprises à transformer leurs activités et leur mode de fonctionnement. Le but d’une mutation numérique étant d’apporter de nouveaux services, de l’innovation et un fonctionnement opérationnel plus souple, les avantages compétitifs liés à l’utilisation du numérique exigent souvent une puissance de stockage rapidement adaptable. C’est notamment le cas pour le big data et les objets connectés. Ces deux innovations requièrent en effet le stockage, la transmission (dans le cas des objets connectés) et l’analyse de très grandes masses de données, le tout en un temps record. Or les serveurs informatiques physiquement présents dans…

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  • admin9596 11:46 am le February 5, 2017 Permaliens  

    Ne taxez pas les robots, formez les salariés ! 

    L’industrie française souffre sur le long terme d’un manque d’investissement. Nous sommes pris en tenailles entre des pays à bas salaires dont l’offre est meilleur marché et ceux qui peuvent vendre cher des produits de qualité grâce à un outil de production performant.

    Soutenir l’investissement productif

    Pour retrouver notre compétitivité en conservant des salaires élevés et une bonne protection sociale, il nous faut monter en gamme en investissant dans des procédés de production plus efficaces et pouvoir proposer des produits innovants et de qualité.

    Le gouvernement l’a compris, qui a pris plusieurs mesures en faveur de l’industrie du futur (CICE permettant aux entreprises de reconstituer leurs marges, sur-amortissement des investissements jusqu’au 1er avril 2017, programme pour l’industrie du futur permettant notamment l’accompagnement de nombreuses PME dans leur démarche de modernisation, fiscalité favorable à l’investissement dans la recherche). Ces efforts commencent à porter leurs fruits : la Fédération des industries mécaniques constate en 2016 une augmentation des commandes de robots.

    Taxer les robots contrarierait cette dynamique. La mesure est justifiée par la perception que les robots voleraient nos emplois. Pourtant, on constate que les pays qui ont le plus de robots, comme la Corée et l’Allemagne, sont ceux qui ont su le mieux développer ou préserver leur industrie.

    Ce paradoxe résulte de plusieurs mécanismes. D’une part, si le robot accomplit des tâches – souvent pénibles et répétitives – jadis confiées à un opérateur humain, il faut des gens, souvent très qualifiés, pour concevoir, fabriquer et installer les robots. Certes, il n’y aurait pas de gain de productivité si les coûts de conception et de fabrication des robots excédaient les économies qu’ils permettent de réaliser.

    Entretenir la dynamique

    Mais par ailleurs l’entreprise équipée de robot, si elle est devenue plus compétitive, prend des parts de marché à ses concurrentes, ce qui lui permet d’augmenter sa production et d’employer plus de salariés (souvent en dehors de la fabrication). Enfin, la meilleure productivité de l’entreprise se traduit par une hausse de ses marges ou une baisse de ses prix. Dans les deux cas, le pouvoir d’achat supplémentaire qui en résulte crée une demande solvable qui stimule l’économie.

    Une partie des emplois créés peuvent ne pas être dans la même entreprise ni dans le même secteur (on parle de « déversement sectoriel »). Ils peuvent surtout ne pas être dans le même territoire, si la demande supplémentaire se porte plutôt vers des produits importés. C’est pourquoi le lien entre achat de robots et emploi est moins clair et systématique qu’entre robots et croissance de l’industrie.

    Cependant nous n’avons pas vraiment le choix : si une entreprise ne modernise pas son appareil de production, ses produits ne résistent pas à la concurrence et ses usines ferment. Nous ne le voyons que trop souvent. En taxant les robots, on la dissuade de se moderniser, on préserve à très court terme quelques emplois et on condamne l’entreprise.

    Accompagner l’emploi

    Dans les bons cas, fréquents, l’automatisation des tâches les plus répétitives s’accompagne d’une évolution du contenu des emplois vers des tâches plus qualifiées. Ainsi la multiplication des distributeurs automatiques de billets a permis aux employés de banque de se concentrer sur des tâches plus gratifiantes et plus qualifiées de conseil à leur clientèle.

    Les emplois qui disparaissent du fait de la robotisation sont en général peu qualifiés. Ceux qui apparaissent exigent un niveau de compétence supérieur. Accompagner les transitions représente donc un immense défi pour les directions des ressources humaines des entreprises pour notre système de formation.

    L’enjeu de l’industrie du futur est donc cet accompagnement individuel permettant à ceux qui sont déjà sur le marché du travail d’évoluer vers des tâches plus qualifiées et à ceux qui n’y sont pas encore d’y être bien préparés.

    The Conversation_________

    Par Thierry Weil, Membre de l’Académie des technologies, Professeur au centre d’économie industrielle, Mines ParisTech – PSL

    La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation

     
  • admin9596 4:32 pm le February 4, 2017 Permaliens  

    France-Algérie : « Coopérer selon un nouveau mode de pensée et d’action » (J.-L. Levet, 2/3) 

    LA TRIBUNE – Comment se construit le processus de coopération ?

    JEAN-LOUIS LEVET – Concernant la priorité à la formation, il convient de chercher à mobiliser nos opérateurs un peu plus dans cette démarche consistant à passer d’un mode commercial à un mode coopératif, et à mieux prendre en compte les besoins et les attentes des Algériens. L’Algérie n’est pas seulement un marché, elle a vocation à devenir un pays émergent avec, à terme, une économie diversifiée. Il nous faut donc dépasser la relation obsolète de pays industrialisé à pays en voie de développement.

    Pour la priorité de la formation professionnelle, nous avons une demi-douzaine de projets en cours. Il a fallu d’abord les identifier, comprendre les besoins et les attentes, notamment du ministère de l’Industrie, qui souhaite créer plusieurs écoles. Ensuite il a fallu mobiliser, élaborer les projets, identifier les opérateurs français susceptibles d’être intéressés, faire que les uns et les autres se rencontrent, finaliser les projets ensemble, aboutir à des protocoles d’accord, les faire signer lors du Comité mixte économique franco-algérien (COMEFA) ou/et du Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français (CIHN), et enfin faire en sorte qu’ils se mettent en œuvre. Vous voyez, c’est un travail de persévérance, sur le fond, et d’apprentissage d’un travail nécessairement collectif.

    Quels cas de coopération exemplaire pouvez-vous citer ?

    Il y a en plusieurs. En matière de formation qualifiante, le ministère algérien de l’Industrie et des mines (MIM) souhaitait créer quatre écoles : une pour les métiers de l’industrie, une d’économie industrielle appliquée, une dédiée au management industriel – surtout pour former les cadres supérieurs, notamment du secteur public -, et un institut de la logistique, car c’est un enjeu important pour l’Algérie.

    Pour ces quatre projets d’écoles que nous avons identifiés en juillet 2013, deux mois après ma prise de fonction, j’ai mis en face quatre opérateurs français… qu’il a fallu sensibiliser et convaincre – l’Algérie, ce n’est pas toujours simple dans l’imaginaire collectif français !

    Nous avons pu ainsi intéresser Mines Paris Tech pour le projet d’école des métiers de l’industrie ; l’École d’économie de Toulouse, honorée par le Prix Nobel attribué à son président Jean Tirole, en 2014, s’impliquera quant à elle dans la création de l’école d’économie industrielle appliquée ; SKEMA Business School, qui est une de nos grandes écoles sur les questions gestion des connaissances (knowledge management), s’engagera dans une école pour le management industriel ; et puis l’Avitem, l’Agence des villes et territoires méditerranéens durables localisée à Marseille, se mobilise pour contribuer à créer un Institut national de la logistique.

    Les quatre protocoles d’accord ont été signés il y a deux ans. Ensuite, nous avons cerné ensemble le type d’ingénierie pédagogique, afin de faire en sorte que ces quatre projets d’écoles soient conçus ensemble, dans un même processus. Donc, c’est un comité de pilotage léger qui relie le ministère algérien de l’Industrie aux entreprises publiques et privées qui expriment leurs besoins, et aux quatre écoles françaises.

    Dans une première étape, nous avons réuni à Paris en juin 2015 les responsables des établissements français et une délégation du MIM algérien en juin 2015, puis le MIM a réuni le comité de pilotage à nouveau en février 2016. Depuis, le ministère de l’Industrie, conscient qu’il ne pourrait pas gérer ces écoles efficacement en direct, a créé un groupement économique chargé de gérer les relations contractuelles avec les opérateurs français. Voilà donc où nous en sommes aujourd’hui. Mais il reste encore beaucoup à faire, il est indispensable de poursuivre ce travail collectif avec des responsabilités clairement assumées de part et d’autre, sans lequel les projets ne se feront pas.

    Vous affirmez volontiers que cette coopération génère un mode de pensée tout à fait nouveau du côté des institutions algériennes…

    Plus exactement, passer d’un mode de relation entre les deux pays fondé sur le commerce (import/export) à un mode de relation coopératif nécessite un nouveau mode de pensée tant du côté français que du côté algérien – inscrire nos actions dans la durée – et un nouveau mode d’action fondé sur des projets coopératifs, prenant en compte tous les aspects de sa réalisation, la définition d’ un plan d’action et une évaluation permanente de son processus de mise en œuvre. En matière de projets de coproduction, nous avons maintenant quelques beaux exemples entre PMI/ETI françaises et algériennes, à travers la création de joint-ventures selon la règle du 49/51* dans des domaines très différents, comme l’agroalimentaire, la mécanique, la petite construction navale, etc.

    Et votre projet de centres d’excellence en entreprise ?

    C’est toujours à la demande de nos amis algériens que nous travaillons à élaborer ce que l’on appelle des centres d’excellence en entreprise.

    Le concept a été mis au point par le ministère français de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche (MESR). Il consiste à aider nos entreprises françaises, quand elles s’implantent à l’international, en mettant à leur disposition un professeur « pratique » qui va animer la création d’un centre d’excellence destiné à former des salariés, des jeunes, sur les équipements de l’opérateur français. C’est lui qui, dans le pays d’accueil de l’entreprise, met en place un centre d’excellence de formation. L’opérateur français fournit ses propres équipements au centre, comme éléments gratuits pour démonstration, et forme ainsi ses salariés et ses futurs sous-traitants. C’est donc vraiment intéressant pour le pays d’accueil et pour l’entreprise française qui ainsi progressivement se fait connaître et reconnaître.

    Nous avons lancé, il y a trois mois à Alger, avec le MESR un premier centre d’excellence dans l’efficience énergétique, avec le groupe français Schneider Electric et bien sûr le ministère algérien de la Formation professionnelle. Ce centre commence à rayonner vers des sites algériens classiques de formation professionnelle. L’objectif est de capitaliser sur cette expérience et en tirer des enseignements utiles pour la développer dans d’autres secteurs d’activité avec d’autres opérateurs français qui le souhaiteraient.

    Vous avancez aussi via les villes jumelées…

    Oui, il est important de mobiliser aussi les territoires via les collectivités territoriales dont les responsables connaissant très bien leurs tissus économiques respectifs. Aussi, je me suis rapproché de l’Association Cités Unies France (CUF) qui réunit les responsables en charge de l’international au sein des collectivités territoriales, ainsi que de Georges Morin, qui anime depuis de nombreuses années le groupe pays France-Algérie rassemblant les villes jumelées des deux pays. Nous les avons réunies, d’abord les villes françaises, dès 2014… et j’ai réalisé que si la culture notamment les occupe beaucoup, la dimension entrepreneuriale est inégalement présente dans leur pratique.

    Après quoi, en octobre 2015, nous avons organisé ensemble deux journées de rencontres entre les agglomérations françaises et une délégation algérienne de grande qualité dans laquelle on trouvait des préfets, des maires, ainsi que le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales.

    Parmi les personnalités, il y avait notamment Régis Vallée, directeur de l’EIVP (École des ingénieurs de la Ville de Paris) qui est le principal établissement français d’ingénierie urbaine, et qui avait bien voulu répondre à notre invitation d’animer une table ronde sur la question de la ville durable et des éco-industries.

    Ainsi donc, en créant les conditions de cette rencontre entre le directeur de l’EIVP et le directeur des collectivités territoriales du ministre de l’Intérieur algérien, celui-ci a exprimé le besoin de former les fonctionnaires concernés en génie urbain… On a démarré comme ça, Régis Vallée ayant considéré que l’Algérie pouvait être un facteur intéressant pour l’internationalisation de l’EIVP. Il a conduit une mission en mai dernier à Tlemcen, où le ministère de l’Intérieur veut créer cette école, car la ville bénéficie déjà d’un pôle universitaire très important dont le recteur Mohamed Djafour est très engagé dans son développement ainsi que le Wali..

    Nous avons travaillé ensemble et cela a débouché sur la signature d’un mémorendum d’entente à la mi-novembre 2016 dans les locaux de l’EIVP, à l’occasion du déplacement du ministre algérien de l’Intérieur. Et avec l’aide décisive de notre ambassade à Alger. Voilà donc un exemple concret dans le domaine de la ville durable, avec près de 5 000 de fonctionnaires à former. Voilà un beau projet, ambitieux, qui s’inscrit nécessairement dans la durée et doit constituer un bel exemple de coopération entre nos deux pays.

    Propos recueillis par Alfred Mignot

    * La règle de partenariat (dite 49-51) est une loi algérienne stipulant que l’investisseur étranger ne peut détenir plus de 49 % des actions d’une entreprise algérienne. En cas de création, il lui est donc fait obligation de s’associer à un ou plusieurs partenaires algériens, lesquels détiendront la majorité, avec 51 % des actions.

    En vigueur depuis 2010, cette loi est toutefois adoucie, notamment par les pactes d’actionnaires qui peuvent attribuer des droits de vote supplémentaires à l’actionnaire étranger minoritaire.

    À suivre, volet 3/3 : « Nous, Français, devons être en amont de la stratégie de développement de l’Algérie, et agir avec elle »

    Retour au premier volet de l’entretien :

    « Paris-Alger, c’est aussi important que Paris-Berlin ! » (Jean-Louis Levet, 1/3)

    Rendez-vous le 7 février pour le 2e Petit-déjeuner de la Méditerranée et de l’Afrique, dédié à « L’Algérie de demain », à Paris au hub Bpifrance.

    > Retour au SOMMAIRE EUROMED-AFRIQUE

     
  • admin9596 10:21 am le February 3, 2017 Permaliens  

    Comment Jean-Luc Mélenchon a « ubérisé » la politique française 

    « Le 5 février, Jean-Luc Mélenchon à Paris en hologramme, à Lyon en meeting », peut-on lire sur l’affiche. Le trublion de la politique française dédoublé ? L’annonce ne pouvait faire que sensation et, en effet, les médias s’en sont donnés à cœur joie. « Une prouesse technique » pour les uns, quand les autres s’extasient devant cette « première pour un homme politique en France », rappelant l’emploi du procédé pour faire « revivre » les figures populaires, de Dalida à Claude François, dans le monde du spectacle.

    Les internautes aussi se sont appropriés l’annonce, avec une profusion de mèmes du candidat à la présidentielle croisé avec des scènes cultes de Star Wars, l’œuvre de pop culture par excellence.

    L’ #Hologramme de #Melenchon en exclusivité galactique… @JLMelenchonpic.twitter.com/me6thHVvAa

    — Allan BARTE (@AllanBARTE) 12 janvier 2017

    Avant même la tenue de l’événement, Jean-Luc Mélenchon a réussi son coup de com’. Mais derrière l’artifice de l’hologramme (réalisé par un prestataire), la campagne du candidat de la « France insoumise » repose réellement sur des outils numériques et fait même figure de pionnière dans l’Hexagone. De la plateforme jlm2017, à sa nouvelle activité de Youtubeur, voici comment le digital est devenu une arme de choix dans sa bataille politique.

    Ouvrir la campagne

    « Les outils numériques au sens large ne sont pas des gadgets de communication. C’est un choix technologique qui répond à un choix politique », insiste Manuel Bompard, directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon. Face aux difficultés de nouer des alliances avec les Verts et de s’entendre avec les communistes, l’ex-figure de proue du Front de Gauche choisit de s’affranchir du carcan rigide de la politique traditionnelle pour lancer sa campagne sur la toile.

    Fort de près de 4 millions d’électeurs à la présidentielle de 2012, Jean-Luc Mélenchon attire au-delà de la population militante classique. La solution est alors « d’ouvrir la campagne et de la rendre accessible à ceux qui ne se reconnaissent pas dans les formes politiques traditionnelles, mais qui restent tout de même intéressés par la politique« , explique Manuel Bompard. En revanche, comment faire pour que ces « intéressés » deviennent des engagés ? La réponse se trouve de l’autre côté de l’Atlantique.

    De NationBuilder au « vin insoumis »

    Aux États-Unis lors de la primaire démocrate en 2016, le paysage politique assiste à la montée progressive d’un vieux briscard, le sénateur du Vermont Bernie Sanders, venu concurrencer Hillary Clinton. « On avait envoyé des gens voir sa campagne », confie Manuel Bompard. « Son objectif était d’associer les jeunes et les gens éloignés de la politique et il a réussi. C’est une source d’inspiration. »

    Bernie sanders ecarte l'idee qu'il devrait abandonner

    Le sénateur du Vermont, Bernie Sanders, en campagne pour l’investiture démocrate à la présidentielle américaine 2016. (crédits: Reuters)

    Contrairement à Hillary Clinton, véritable apparatchik du Parti démocrate, Bernie Sanders est un indépendant qui a rejoint le parti pour porter plus haut ses idées. Pour lui, pas de troupes organisées et dévouées à travers le pays. Ainsi la technologie entre en jeu, avec le logiciel NationBuilder (*) -utilisé pour la première fois en France par Patrick Mennucci en vue des municipales 2014- repris par Jean-Luc Mélenchon avec le lancement, en février 2016, de la plateforme jlm2017. Les candidats de la primaire de la droite et Emmanuel Macron, avec En Marche, suivront après.

    Le principe est de mobiliser ceux qui s’intéressent et veulent soutenir la campagne. En s’inscrivant, ils peuvent entrer en contact avec les autres inscrits près de chez eux. « L’idée est de rejoindre des groupes d’appui sans avoir de contacts préalables, sans avoir besoin de connaître un militant, et ça, c’est quelque chose de nouveau », souligne Guillaume Royer, développeur, en charge de la plateforme jlm2017. Aujourd’hui, le mouvement de la France insoumise revendique plus de 30.000 inscrits répartis dans environ 2.000 groupes d’appui.

    Les groupes se créent sans validation a priori, puis se munissent du matériel de campagne disponible sur cette même plateforme via un onglet dédié. Autocollants, affiches, pin’s, programmes, kits du volontaire… et même du « vin insoumis », tout l’attirail du parfait petit militant est disponible, mais payant.

    jlm2017

    Capture d’écran de la carte des groupes d’appui de la campagne de Jean-Luc Mélenchon.

    « Aborder des sujets d’actualité trop peu traités par les médias »

    Autre source d’inspiration des « insoumis », le parti espagnol né du mouvement des indignés, Podemos, et l’une de leurs devises : « deviens toi-même le média ». Une fois encore, la technologie propose un outil pour répondre à cette problématique : la plateforme YouTube.

    « La chaîne existe depuis janvier 2012, elle a été ouverte pour la dernière présidentielle, puis réanimée en 2015 », rappelle Antoine Léaument, en charge de YouTube et des comptes de Jean-Luc Mélenchon sur les réseaux sociaux. À l’origine, seuls les discours, les passages dans les médias et les interventions au Parlement européen du député figuraient sur la plateforme de Google, puis en février 2016 l’équipe a commencé à produire des contenus. Ainsi est né le premier homme politique « Youtubeur ».

    Un choix de communication très médiatisé. La chaîne connaît un réel succès, notamment avec le lancement en octobre dernier de « La revue de la semaine ». « L’objectif est double, Jean-Luc s’exprime sur ce qu’il a fait dans la semaine, et aborde des sujets d’actualité trop peu traités par les médias », détaille Antoine Léaument. « Ça va des animaux pollinisateurs menacés d’extinction, à Donald Trump et sa dispute avec la Chine sur Taïwan. »

    Résultat, la chaîne a connu un pic d’abonnements en trois mois. De 23.000 abonnés, elle en compte désormais près de 195.000, soit plus que des Youtubeurs engagés comme Usul et Osons Causer.

    « Frapper de ringardise les partis traditionnels »

    Cette appétence pour le numérique chez Jean-Luc Mélenchon n’est pas de façade. « Il a une culture web poussée », confie Antoine Léaument, quand Manuel Bompard rappelle l’intérêt de l’ancien sénateur socialiste pour les radios libres et sa présence sur le minitel. « Il a toujours regardé comment les évolutions technologiques impactent la politique », selon son directeur de campagne.

    Aujourd’hui, le numérique lui permet de mettre en place son stratagème. « Le génie politique de Jean-Luc Mélenchon est de se présenter comme hors système et de jouer sur cet aspect », analyse Francis Balle, politologue et directeur de l’Institut de recherche et d’études sur la communication (Irec). « Grâce au numérique, il fait croire qu’il l’est et se présente comme celui qui connaît la société de demain, celui qui utilise de la manière la plus pertinente les technologies de demain. Ce sont deux choses qui ne sont pas évidentes à concilier. »

    En s’affranchissant du Front de Gauche et en créant, non pas un parti, mais un mouvement, celui de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon sort en effet du cadre traditionnel. Cette nouvelle forme lui permet de s’adresser à ceux qui s’estiment lésés par les partis de gouvernement. Emmanuel Macron a d’ailleurs appliqué la même stratégie, la plateforme En Marche fonctionnant comme jlm2017 et le mouvement se présente aussi comme hors système. « La technologie est à la fois un moyen de mieux écouter et d’être plus attentif, de montrer qu’on est dans le coup. C’est un moyen de frapper de ringardise les partis politiquestraditionnels », analyse Francis Balle.

    En revanche, l’emploi du numérique n’assure en rien la victoire au scrutin. « Il ne faut pas prêter à ces technologies des vertus qu’elles n’ont pas », nuance le politologue. Les mythes de la victoire de John F. Kennedy due à la télévision et celle de Barack Obama en 2008 due à Internet, « sont faux » rappelle Francis Balle. « Ce qui fait une campagne, c’est la cohérence d’un programme et la pertinence d’un slogan. »

    ____

    (*) Francis Balle, NationBuilder : le big data et les campagnes électorales, La revue européenne des médias et du numérique, numéro 40 automne 2016.

     
  • admin9596 6:17 pm le February 2, 2017 Permaliens  

    Concurrence: la justice espagnole donne raison à Blablacar face aux autocars 

    Blablacar peut rouler en paix dans la péninsule ibérique. La justice espagnole a en effet annoncé vendredi avoir tranché en faveur de la licorne française de covoiturage Blablacar, dans le litige qui l’opposait aux compagnies d’autocar espagnoles l’accusant de concurrence déloyale. Pour rappel, l’Espagne est le premier pays étranger dans lequel la start-up créée par Frédéric Mazzella en 2006 s’est implantée, en 2009. Les acteurs historiques ont vu d’un mauvais oeil la jeune pousse désormais présente dans 22 pays et valorisée plus d’un milliard de dollars débarquer dans le pays.

    Une simple mise en relation et un partage de frais…

    Mais le tribunal de commerce de Madrid ne leur a pas donné raison. Il estime ainsi dans sa décision que l’activité de Blablacar « concerne uniquement et exclusivement le secteur du transport privé » et que la plateforme « ne vise pas à organiser un transport mais à mettre en relation des particuliers qui souhaitent voyager ensemble et partager les frais« , sans concurrencer les bus. Les conducteurs « ne sont pas sous contrat avec Blablacar, et n’appartiennent pas non plus à une entreprise ou à une industrie » de transport de voyageurs, souligne le juge.

    Blablacar n’est donc pas une entreprise de transport

    La confédération espagnole de transports par autobus (Confebus), qui a 20 jours pour faire appel, avait porté plainte contre Blablacar au motif que la société se comportait comme une « entreprise de transport sans les autorisations correspondantes » et que ses conducteurs engrangeaient des bénéfices illicites.

    Or Blablacar se borne « à calculer les kilomètres et à recommander, sous peine d’expulsion de la plateforme en cas d’abus, le montant que doit payer le passager en fonction de la distance et du nombre total de voyageurs ». Les prix indiqués par la plateforme ne peuvent donc pas être considérés comme « poursuivant un but lucratif ».

    « Le fait qu’une personne puisse tenter de s’enrichir en utilisant la plateforme (…) revêt un caractère exceptionnel, mais n’entre pas dans les objectifs de Blablacar », estime le tribunal.

    Par ailleurs, la région de Madrid a lancé en octobre une autre procédure contre Blablacar, qui pourrait déboucher sur des amendes de plusieurs milliers d’euros pour « transport de passagers sans licence ». BlaBlaCar a alors saisi la Commission européenne contre la région de Madrid et l’Etat espagnol, les accusant de porter atteinte à la libre circulation des services dans l’Union.

    (Avec AFP)

     
  • admin9596 10:05 am le February 1, 2017 Permaliens  

    La dérive « survivaliste » des super-riches Américains 

    En ces temps troublés où un tweet de Donald Trump suffit pour faire trembler la planète, à quoi pensent les super-riches ? Au Dow Jones qui vient de dépasser pour la première fois de son histoire le mur des 20.000 points ? Au prochain iPhone d’Apple qui serait tout en verre et se chargerait par induction. Non, pas du tout, les gens les plus riches de la planète, en particulier aux États-Unis, n’ont qu’une seule chose en tête : où se réfugier au cas où cela tournerait mal…

    Le « survivalism », qui consiste à se préparer à survivre à la fin de la civilisation, fait des ravages chez les « rich & wealthy ». Ils sont tellement déprimés que le très sérieux magazine The New Yorker vient d’y consacrer un dossier. Sous la signature de l’un de ses journalistes vedette, Evan Osnos, l’article, titré en anglais « Doomsday prep for the super-rich » raconte comment « ils », les « Preppers », se préparent à fuir en cas d’apocalypse, qu’il soit nucléaire, climatique ou social et politique.

    Il faut dire qu’il y a de quoi se faire peur : début janvier, le comité scientifique en charge de l’horloge de l’apocalypse (« Doomsday clock ») a avancé de 30 secondes, à 2 minutes et 30 secondes avant minuit, l’heure de la fin du monde. Une conséquence « de la forte montée du nationalisme, des déclarations du président Trump sur les armes nucléaires, du réchauffement climatique, de la détérioration de la sécurité mondiale dans un contexte de technologies de plus en plus sophistiquées ainsi que l’ignorance grandissante de l’expertise scientifique ». Bref, jamais, depuis 1953, quand la « Doomsday clock » était réglée à 2 minutes, lors de la création de la bombe H, nous n’avons été plus près de la fin de l’humanité.

    La seule obsession est de se préparer au pire, raconte Evan Osnos dans son papier. Ainsi, Steve Huffman, 33 ans, l’un des co-fondateur du site communautaire Reddit, a-t-il décidé de se faire opérer de la myopie pour éviter d’avoir à porter des lunettes ou des lentilles de contact si les temps se troublent (« Without them, I’m fucked », explique-t-il)… Alors que l’élection de Trump divise le pays et fait craindre jusqu’à une « guerre civile », d’autres consacrent leur temps et leur argent à se bâtir un refuge inviolable. Ainsi Antonio Garcia Martinez, ex-dirigeant de Facebook, a acheté un terrain sur une ile déserte du Pacifique qu’il a équipé en énergie solaire et en armes et munitions. En fait, d’après l’enquête du New Yorker, plus de la moitié des plus riches Américains auraient déjà prévu leurs arrières en cas de crise. L’un d’entre eux a toujours un hélicoptère à disposition avec le plein pour se rendre dans son bunker. Dans le Kansas, le Survival Condo Project de Larry Hall propose des appartements de luxe dans un ancien silo de missiles Atlas. Le lieu le plus «hype» pour ces « réfugiés de luxe du futur » : la Nouvelle-Zélande, lieu de tournage du film « Le seigneur des anneaux ». Quiconque s’y rend en voyage s’entend dire par ses amis : « ça y est, tu t’achètes une assurance contre l’apocalypse… ».

    La cause des tourments des « preppers » (voir par exemple le site prepperwebsite.com pour apprendre à cultiver ses légumes, construire son abri, vivre frugalement…), c’est bien entendu la conscience très vive qu’ils ont des inégalités extrêmes en particulier aux États-Unis. Selon une étude de Piketty, 170 millions de personnes gagnent, en moyenne, autant aujourd’hui qu’en 1980. Robert Johnson, un financier repenti qui a travaillé pour Georges Soros, estime que « 25 gérants de fonds spéculatifs gagnent autant que tous les instituteurs américains ». Rien d’étonnant à ce que certains de ces riches Américains avertis craignent qu’il se passe en 2017 aux États-Unis quelque chose qui pourrait ressembler à la révolution russe de 1917… Bernie Sanders en est en quelque sorte l’annonciateur alors que la contestation de la politique de Donald Trump fait renaître un socialisme américain inspiré du mouvement des 99%.

    Le paradoxe de ce mouvement survivaliste, c’est que plutôt que de proposer de faire quelque chose pour résoudre la question des inégalités et donc éloigner au moins le risque d’explosion sociale, la seule réponse envisagée est de se protéger individuellement. Plutôt que d’accepter par exemple de payer un peu plus d’impôts, sur le revenu ou sur les successions, ou de développer une sécurité sociale pour tous, l’Amérique prend le chemin exactement inverse. Donald Trump veut supprimer l’Obamacare, baisser les impôts des plus riches ; il conteste la réalité du réchauffement climatique, interdit l’entrée des États-Unis aux ressortissants de certains pays et construit un mur avec le Mexique. Une protection illusoire et inefficace, néfaste à long terme pour la prospérité des États-Unis comme du reste du monde. Aussi illusoire que la fausse sécurité que s’achètent à prix d’or les « Preppers » dans leurs bunkers de luxe.

     
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