Disney, un monde de clichés

« Vaiana, la légende du bout du monde », en salles mercredi 30 novembre, est accusé de nourrir des stéréotypes racistes. Des critiques auxquelles le studio américain est régulièrement confronté.

Le Monde | 29.11.2016 à 17h03 • Mis à jour le29.11.2016 à 17h57 |Par Zineb Dryef

2016 : Maui, le Polynésien forcément obèse

Un demi-dieu bien trop imposant.

La représentation du demi-dieu polynésien Maui, sous les traits d’un mastodonte, a provoqué l’indignation. « Il ressemble à quelqu’un qui aurait pêché tous les poissons du Pacifique, les aurait frits et les aurait ensuite mangés », a jugé Eliota Fuimaono-Sapolu, un joueur de rugby samoan. Sous la pression de certaines associations, un déguisement commercialisé par Disney pour Halloween a dû être retiré des ventes.

2012 : Sofia, la Latina au physique scandinave

La princesse a des origines à la fois espagnoles, sud-américaines et scandinaves – mais surtout scandinaves…

En 2012, Sofia Première : Il était une fois une princesse met enfin en scène une héroïne latina. Mais surprise ! Alors que Mulan avait les yeux bridés et Tiana (La Princesse et la Grenouille), la peau noire, Sofia est rousse aux yeux bleus. Le coproducteur s’est justifié en invoquant les origines mêlées de la petite fille, à la fois scandinave, espagnole et sud-américaine, sans parvenir à convaincre les organisations hispaniques américaines.

1995 : Pocahontas, l’Indienne éprise du colon

« Pocahontas » proposait une vision fallacieuse du colonialisme.

Outre l’accusation d’ethnocentrisme – les Blancs viennent apporter la culture à un peuple qui vit en osmose avec la nature –, Pocahontas raconte l’histoire d’amour entre une héroïne indienne, « fille des torrents et sœur des rivières » et John Smith, le gentil colon civilisé. Une approche perçue comme une vision romantique et spécieuse du colonialisme.

1992 : « Aladdin », des Arabes inévitablement barbares

Les paroles originelles d’une des chansons du dessin animé étaient clairement insultantes.

À la suite d’une plainte de l’American-Arab Anti-Discrimination Committee, les studios acceptent de modifier les paroles de la chanson Arabian Nights.Les vers « Là où ils te coupent les oreilles s’ils n’aiment pas ton visage/C’est barbare mais, eh, c’est chez moi » ont été ainsi été remplacés par « Là où c’est plat et immense et où la chaleur est intense/C’est barbare, mais, eh, c’est chez moi. »

1946 : « Mélodie du Sud », une « Mary Poppins » sudiste

« Mélodie du Sud » où les esclaves noirs étaient forcément très attachés à leurs maîtres blancs…

Film méconnu de Disney, Mélodie du Sud met en scène des contes se déroulant dans une plantation de coton juste après la guerre de Sécession. Une sorte de Mary Poppins dans le Sud américain. L’accent, la nonchalance et l’affection sans borne des Noirs pour leurs maîtres ont entraîné des manifestations dans tout le pays et, quelques décennies plus tard, le retrait définitif du film des circuits de distribution.

La bande-annonce de « Vaiana, la légende du bout du monde »

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  • Zineb Dryef