Mises à jour de novembre, 2016 Activer/désactiver les fils de commentaires | Raccourcis clavier

  • admin9596 1:30 pm le November 13, 2016 Permaliens  

    En Argentine, une icône nommée Gilda 

    Un sanctuaire a été dressé à l’endroit où Gilda est décédée dans un accident de voiture.

    À l’intérieur du véhicule funéraire, la caméra fixe longuement le cercueil. Ainsi débute, dans un silence oppressant, le film Gilda, no me arrepiento de este amor (« Gilda, je ne regrette pas cet amour »), un biopic sur l’icône argentine de la cumbia, genre musical local. Gilda est morte le 7 septembre 1996 dans un accident de la route où périrent également sa mère, sa fille et trois de ses musiciens. Elle avait 34 ans.

    Réalisé par Lorena Muñoz, connue jusqu’ici pour des documentaires, Gilda est un immense succès à Buenos Aires : le film le plus vu de l’année. Sorti le 15 septembre, il comptabilisait plus de 225 000 entrées en quatre jours d’exploitation. L’étonnante ressemblance de l’actrice uruguayenne Natalia Oreiro avec la reine de la cumbia contribue à la crédibilité du film, à cheval entre le documentaire et la fiction.

    La bande-originale du film « Gilda »

    Le spectateur plonge dans la vie de Gilda – de son vrai nom Miriam Alejandra Bianchi –, institutrice dans un jardin d’enfants issue de la classe moyenne, mariée et mère de deux enfants, qui, à 30 ans, décide de vivre de sa passion. Le film est un hommage sans sentimentalisme au courage d’une femme qui a dû se battre contre les préjugés, familiaux et sociaux. C’est également une reconstruction de l’époque, des bas-fonds de la scène musicale dominés par des mafias et peuplés de bombes sexuelles avec lesquelles l’institutrice n’a rien à voir. Grande et mince, pourvue d’un visage d’ange, Gilda avait plutôt des allures de princesse dans les bidonvilles.

    Une sainte

    Si Gilda, no me arrepiento de este amor(titré d’après un tube de la chanteuse) est un tel carton en Argentine, c’est que, après une carrière fulgurante dans le monde très machiste de la musique tropicale, la mort prématurée de la chanteuse a fait d’elle un mythe populaire, voire une sainte. Ses fans lui attribuent des miracles.

    « Gilda a aidé beaucoup de femmes à croire en elles-mêmes. » Natalia Oreiro, fan de Gilda

    Vingt ans après sa disparition tragique, ils sont toujours des centaines à se rendre en pèlerinage sur sa tombe, au cimetière de la Chacarita à Buenos Aires, ou à déposer des offrandes au pied du sanctuaire dressé sur les lieux de l’accident fatal, en bordure de la route nationale 12 : fleurs, ours en peluche, dessins, rosaires, lettres de vœux, de suppliques… « Gilda a aidé beaucoup de femmes à croire en elles-mêmes », estime Natalia Oreiro, fan de la première heure des cumbias romantiques de Gilda, qui écrivait elle-même les paroles de ses chansons, aujourd’hui reprises dans les stades de football, comme des hymnes populaires gravés dans l’inconscient collectif argentin.

    Le président de centre droit Mauricio Macri avait fait du hit No me arrepiento de este amor le thème musical de sa campagne électorale. Le jour de son investiture, le 10 décembre 2015, il avait même osé quelques pas de cumbia sur le balcon historique de la Casa Rosada, le palais présidentiel, au risque de choquer.

    Le sort semble s’acharner sur les idoles de la chanson populaire argentine. Gilda est morte prématurément au sommet de sa gloire, comme Rodrigo Bueno, icône de la musique populaire disparue à 27 ans, lui aussi dans un accident automobile, en 2000. Comme elle, le chanteur a son sanctuaire sur la route reliant la capitale argentine à La Plata, où ses fans viennent lui rendre hommage et lui demander des miracles. On prétend que « Santo Rodrigo » donne du travail et guérit. Il est mort un 24 juin, le même jour que le mythique Carlos Gardel, tué à 44 ans dans un crash d’avion à Medellín, en Colombie, en 1935, au retour d’une tournée triomphale aux États-Unis.

    Lire aussi : Au Brésil, une telenovela évangélique fait un carton

     
  • admin9596 3:24 pm le November 11, 2016 Permaliens  

    Des oliveraies totalement dépouillées 

    Depuis 2013, une bactérie tueuse, la « Xylella fastidiosa », décime les oliveraies de cette région du sud de l’Italie. Une catastrophe écologique et économique dans une des parties les plus pauvres du pays. Réalisée aux environs de Gallipoli, la série « This Land Is My Land » des photographes Jean-Marc Caimi et Valentina Piccinni montre la désolation sur des exploitations où les hommes et les arbres sont frappés d’un mal qu’aucune mesure n’est, à ce jour, parvenue à endiguer. Massimo, 80 ans, oléiculteur à Acquarica del Capo, vit de sa production et d’une maigre retraite de 500 euros. Il espère mourir avant ses arbres, récemment touchés par la maladie.

     
  • admin9596 4:39 pm le November 9, 2016 Permaliens  

    Les coulisses de… « Réparer les vivants » 

    Tahar Rahim interprète le médecin au cœur du processus de transplantation.

    Au départ, un livre : Réparer les vivants, sorti en janvier 2014 aux éditions Verticales. Le roman de Maylis de Kerangal n’est pas encore un best-seller (390 000 ventes à terme) quand David Thion, coproducteur du film, l’offre à Katell Quillévéré, dont Suzanne vient de sortir en salles. « En le lisant, j’ai été retournée. Je pense que quelque chose me reliait à ce livre », explique-t-elle. Mais comment adapter à l’écran ce récit de la transplantation du cœur d’un adolescent mort dans un accident de voiture ?

    Dès l’écriture, Katell Quillévéré et Gilles Taurand (son coscénariste) passent du temps à l’hôpital – notamment à Georges-Pompidou et à la Pitié-Salpêtrière afin de comprendre « les enjeux médicaux et affectifs ». Idem pour les acteurs. Tahar Rahim a été coaché par Régis Quéré, coordinateur de prélèvement d’organes à Necker. Ce dernier avait déjà épaulé Maylis de Kerangal pour l’écriture de son roman : « Pour moi, la justesse permet la liberté de la fiction, et Maylis comme Katell ont très bien compris cela. »

    Un organe si particulier

    Appelé dès qu’un patient en réanimation présente des signes de mort encéphalique, il accompagne les familles, est présent jusque dans le bloc opératoire pour s’assurer notamment que leurs dernières volontés soient respectées. « Je garde un bon souvenir de ce travail intime avec Tahar, dit-il. Katell a su s’impliquer avec intelligence et respect dans chacune des étapes menant à la greffe et rendre visible ce qui peut être difficile à montrer. »

    « Il était essentiel que le film soit irréprochable sur le corps médical qu’il représente. » Katell Quillévéré

    Ainsi, les scènes de bloc opératoire sont extrêmement véridiques sur la chronologie, le vocabulaire et les gestes. « Il était essentiel que le film soit irréprochable sur le corps médical qu’il représente. La beauté et les défis de ces métiers sont fascinants », renchérit la réalisatrice.

    Et puis il y a le cœur en lui-même, qui apparaît à l’écran. « Une pièce de boucher que l’on met dans la glace, que l’on trimballe, détaille Katell Quillévéré. Mais le cœur est un organe particulier par sa symbolique. Il fallait faireressortir cette contradiction. La scène de prélèvement représentait ainsi un enjeu de cinéma très important : on rentrait dans une médicalisation du récit et ce sont les chirurgiens qui le prennent en main. Dès lors, les affects sont mis de côté et le rythme est celui de l’opération, on s’éloigne de la fiction et des personnages, ce qui me semblait essentiel. »

    Pour Régis Quéré, « même si le contexte est tragique, ces histoires – et chacune est unique – sont chargées d’espoir dans cette capacité à penser l’autre malgré tout ». Et c’est ainsi que la formule de Tchekhov tirée de Platonov« Il faut enterrer les morts et réparer les vivants » – trouve ici sa plus juste expression.

    Lire la critique de « Réparer les vivants » : Trop de vivants autour d’un mort

    « Réparer les vivants », de Katell Quillévéré, avec Tahar Rahim, Emmanuelle Seigner, Anne Dorval… (1 h 40). En salles le 1er novembre.

     
  • admin9596 8:12 am le November 8, 2016 Permaliens  

    « Monsieur Raoul », mémoire vivante du Père-Lachaise 

    Raoul Jaafari entretient des sépultures dans plusieurs dizaines de cimetières de la région parisienne (ici, au Père-Lachaise le 15 octobre).

    De l’extérieur, c’est une agence de pompes funèbres comme une autre, juste en face du Père-Lachaise. Il faut traverser la boutique, pousser une porte, se glisser dans le couloir, et là, surprise : les murs sont tapissés de clés. Elles pendent par grappes à des crochets numérotés. Des neuves et de très vieilles, toutes rouillées. Certaines simples, d’autres ouvragées. Des milliers et des milliers de clés, des trousseaux entiers, correspondant à autant de chapelles dispersées à travers les 44 hectares du cimetière.

    Raoul Jaafari est l’homme aux clés du Père-Lachaise. Un peu comme le concierge d’un grand hôtel. L’agence Rebillon où officie ce solide sexagénaire est chargée d’entretenir une bonne partie des sépultures du plus vaste des cimetières parisiens, et l’un des plus connus au monde. Les propriétaires de concessions lui laissent les clés de leurs chapelles et caveaux. Les dossiers qui vont avec sont, là aussi, précieusement rangés dans son bureau. Un pour chaque monument. À l’intérieur, les documents retraçant la construction, les inhumations, les exhumations éventuelles, les travaux de rénovation…

    Un condensé de l’histoire de France

    Tout cela depuis que le premier magasin a ouvert en 1811, sept ans après l’inauguration du cimetière. Chopin, les maréchaux de Napoléon, les grandes familles bourgeoises, mais aussi le sculpteur Arman ou le pianiste Michel Petrucciani, toutes leurs archives funéraires reposent ici. « Je suis entouré de l’histoire de France ! », résume Raoul Jaafari. « Monsieur Raoul », comme tout le monde l’appelle dans le métier.

    « En cette saison, j’achète des chrysanthèmes par champs entiers. »Raoul Jaafari 

    À la Toussaint, il vit chaque année quelques jours de folie. Lever à 3 heures du matin. Réception des camions de fleurs à partir de 4 heures. « En cette saison, j’achète des chrysanthèmes par champs entiers », dit-il. Puis il parcourt les allées, pour s’assurer que « ses » tombes sont propres et bien fleuries, au Père-Lachaise et dans les dizaines de cimetières de la région dont il est chargé pour Rebillon. « C’est un passionné. Il va jusqu’à assurer lui-même certaines plantations », témoigne un de ses jeunes collègues, bluffé.

    Raoul Jaafari ne vérifie pas seulement l’extérieur des sépultures. Avec ses clés, il est l’un des rares à pénétrer dans les chapelles. « Venez ! », lance-t-il en faisant grincer la serrure de l’une des plus imposantes, construite dans les années 1880 et plusieurs fois restaurée. La porte de bronze refermée, l’œil s’habitue à la pénombre, se pose sur l’autel en marbre de Carrare, puis discerne, au fond, un petit escalier. Quelques marches, et « Monsieur Raoul » fait les honneurs de la crypte. Il y fait 14 degrés. Une soixantaine de niches ont été prévues pour accueillir autant de corps. « Cette chapelle est encore en activité, précise le marbrier. J’y ai enterré des membres de la famille. » Mais pour les cercueils, l’escalier se révèle trop raide. Ils descendent donc par un autre passage, caché, creusé dans un mur…

    Raoul Jaafari réceptionne les fleurs qui vont habiller « ses » tombes.

    « Excusez-moi, la tombe de Jim Morrison, s’il vous plaît ?, demandent soudain deux touristes de passage. — Un peu plus loin, juste à côté de la barrière. » Le Père-Lachaise, Raoul Jaafari en connaît tous les recoins et les secrets. Il y travaille depuis des dizaines d’années. « J’ai commencé ici tout gamin, raconte-t-il. Je n’avais pas 14 ans, et je venais à la Toussaint et aux Rameaux pour gagner un peu d’argent en brossant ou fleurissant les tombes. C’est comme cela que j’ai attrapé le virus de la pierre. » Ses études à l’université Paris-Dauphine l’entraînent pourtant dans une tout autre voie. Il devient contrôleur de gestion. Puis un accident de carrière le ramène brutalement à ses premières amours. « J’ai été embauché dans cette marbrerie et je suis reparti de zéro. J’y faisais tout, la compta, la paye, tout en courant planter, laver, enterrer, restaurer… »

    Rénover le patrimoine funéraire constitue aujourd’hui son activité privilégiée. « Ici, il y a beaucoup de tombes anciennes qui manquent d’entretien. Regardez cette chapelle-ci, avec sa porte éventrée et les infiltrations d’eau ! On essaie de sauver celles qu’on peut. » La restauration peut coûter cher. Si une réparation ponctuelle revient à 5 000 ou 10 000 euros, la facture peut dépasser 200 000 euros pour une grosse chapelle très dégradée. « On ne fait pas des marges monumentales, assure-t-on chez Rebillon. Mais parfois, quatre ou cinq compagnons passent un an sur un monument, en respectant les règles de l’art. Il faut les payer. »

    Le cimetière du Père-Lachaise s’étend sur 44 hectares, dans le 20e arrondissement de Paris.

    Au Père-Lachaise, dont toute la partie ancienne a été classée, l’État peut voler à la rescousse des particuliers. « Il faut s’adresser à la Fondation du patrimoine et monter un dossier pour détailler les travaux envisagés », explique Raoul Jaafari. Le ministère de la culture peut alors accepter que la rénovation soit exemptée d’une partie des impôts prévus. Rebillon estime travailler sur dix à vingt monuments par an. « Vous voyez, la modeste tombe d’Auguste Comte, par exemple ? Je m’en suis occupé. J’ai aussi remplacé la colonne en pierre noire du monument à Charles-François Lebrun, duc de Plaisance. » Un chat se faufile entre deux sépultures. On s’attend presque à ce que « Monsieur Raoul » l’appelle par son nom, lui aussi.

    Lire aussi : Huit cimetières qui valent le voyage

     
  • admin9596 9:14 am le November 7, 2016 Permaliens  

    En Inde, les pigeons venus du Pakistan risquent la prison 

    L’un des pigeons arrêtés début octobre par la police indienne portait une lettre de menaces directement destinée au premier ministre Narendra Modi.

    Le Pakistan utilise-t-il des pigeons – moins sophistiqués que des drones, mais plus discrets que des agents secrets – pour espionner l’Inde ? Le pays est sur ses gardes depuis qu’un assaut attribué à des extrémistes pakistanais a fait dix-neuf morts dans une de ses bases militaires au Cachemire en septembre. Début octobre, la police indienne a arrêté, puis incarcéré, plusieurs volatiles près de la frontière avec le Pakistan.

    L’un d’entre eux portait une lettre de menaces destinée au premier ministre indien premier Narendra Modi : « Modi, nous ne sommes plus les mêmes qu’en 1971. Maintenant, chaque enfant est prêt à combattre l’Inde. » 1971 est l’année de la dernière guerre ouverte entre les deux pays, lorsque New Delhi avait envoyé ses troupes défendre les indépendantistes du Pakistan oriental, devenu depuis le Bangladesh. L’hypothèse d’un télégramme diplomatique enragé envoyé par Islamabad a été écartée, puisque le message était signé du groupe djihadiste Lashkar-e-Taiba, auteur des attentats de Mumbai de 2009.

    Placé en cage surveillée

    Un autre pigeon arrêté portait sur ses ailes des inscriptions écrites à l’encre en ourdou : une énumération des jours de la semaine, selon les conclusions d’un expert. L’oiseau a été passé aux rayons X, et chacune de ses plumes a été inspectée, sans que rien d’anormal n’ait été constaté. Toutes les caméras du pays se sont pourtant braquées sur le pauvre volatile, placé dans une cage surveillée par trois agents. Et ses ailes ont été clipsées pour qu’il ne retourne pas au Pakistan.

    Les images de l’arrestation du pigeon soupçonné de terrorisme.

    La peur a gagné le reste du pays : au Cachemire, la cargaison de 153 pigeons appartenant à un commerçant a été confisquée. Puis s’est étendue à tous types de volatiles survolant la frontière, avec l’arrestation d’un faucon, fin octobre. « Il était très fatigué et des gardes vigilants des forces de sécurité frontalières l’ont attrapé », rapporte le Times Of India. Contrairement au pigeon, le faucon est un oiseau prédateur qui peut porter une petite caméra à son cou… Mais la police indienne s’est voulue rassurante. Le faucon, utilisé notamment par des émirs d’Arabie saoudite pour chasser au Pakistan, s’était sans doute égaré.

    Gloussements sur les réseaux sociaux

    Quelques jours seulement après que New Delhi a déclaré avoir mené, en octobre, des « frappes chirurgicales » visant des camps terroristes au Pakistan, Islamabad ne s’y serait pas mieux pris pour ridiculiser l’Inde. Les réseaux sociaux ont gloussé en apprenant l’arrestation des volatiles, alors que les militants extrémistes continuent, eux, à s’infiltrer en Inde.

    @KunwarSurensing hahaha yes apny hi ghar me ghus k maar khaaty hen.#PigeonVSindia

    @PMOIndiapic.twitter.com/xPcm7GDkvZ

    — GodBlessPakistan (@imPakistanii) 23 octobre 2016

    Qu’importe, New Delhi prend la menace des pigeons très au sérieux. Les Moghols, qui régnèrent sur une large partie du sous-continent jusqu’au milieu du XIXsiècle, ne dressaient-ils pas les pigeons ? L’empereur Akbar en possédait 20 000. On apprenait même aux volatiles à faire des pas de côté ou à tourner en l’air sur eux-mêmes pour distraire les sujets. « L’empereur Akbar, aécrit l’un de ses biographes Abu’l-Fazl, use de cette occupation pour éloigner de l’esprit des hommes les considérations sur le monde et les distractions de toutes sortes, et les soumettre à l’obéissance. » Une observation qui sonne juste, même dans l’Inde d’aujourd’hui.

    À chaque intrusion d’un acteur pakistanais sur les écrans de Bollywood, ou d’un pigeon à la frontière, les médias indiens s’enflamment pour rappeler à quel point leur pays est menacé. Si les chaînes de télévision gouvernaient l’Inde et le Pakistan, les deux pays dotés de l’arme nucléaire seraient sans doute déjà en guerre.

    Lire aussi : Dans le sud du Liban, les mésaventures du vrai-faux espion à plumes

     
  • admin9596 5:18 pm le November 4, 2016 Permaliens  

    Le défilé des fautes de goût vestimentaires 

    Du bon côté ta cravate tu noueras

    Le président François Hollande et sa compagne Valérie Trierweiller, à Paris, le 15 mai 2012.

    En 1830, Honoré de Balzac publiait son Traité de la cravate. Le texte, brillant – forcément –, décortiquait les différents nœuds acceptables et insistait sur l’importance de la cravate dans l’image que l’on se construit d’un homme. Deux siècles plus tard, la thèse tient toujours. Ainsi, François Hollande. Pendant de longs mois, alors qu’il tentait de fairecroire que sa politique penchait à gauche, sa cravate basculait à droite. Et on finit par y voir le terrible révélateur d’une supercherie présidentielle… Il eut pourtant été si simple de renoncer au « four in hand », nœud asymétrique s’inclinant naturellement à droite chez les droitiers, pour adopter un autre nœud, symétrique lui. Comme quoi : on ne relit jamais assez ses classiques.

    Lire aussi : Le grand défilé de François Hollande

    La laque tu modéreras

    Donald Trump à Virginia Beach (Virginie), le 11 juillet 2016.

    Donald Trump ne compte quasiment aucun soutien dans la communauté internationale et sa curieuse construction capillaire n’y est peut-être pas étrangère. De fait, un assistant armé d’une bombe de laque se tient toujours dans l’ombre du candidat républicain à la présidentielle américaine, prêt à tout moment à effectuer un raccord. Il y a quelques années, lors d’une visite au Parlement écossais, ledit assistant eut même son quart d’heure de gloire : la sécurité avait pris sa bombe de laque pour une d’un autre genre et il fut expulsé manu militari, créant un véritable incident diplomatique. Franchement, qui veut courir le risque qu’un tel épisode se produise au cours d’une négociation sur le conflit syrien ?

    Lire aussi : Le grand défilé de Donald Trump

    De l’uniforme tu abuseras

    Angela Merkel à Dusseldorf, le 23 août 2016.

    Depuis plusieurs années, la chancelière allemande Angela Merkel arbore chaque jour la même tenue, composée d’un pantalon de tailleur noir et d’une lourde veste déclinée en une infinité de couleurs. Confectionné par la créatrice Bettina Schoenbach, cet uniforme ne présente aucun intérêt esthétique mais donne l’avantageuse impression que Merkel ne perd pas de temps à choisir ses vêtements, et se consacre donc entièrement à sa charge. Double bonne nouvelle : l’homme politique du futur sera nu et terriblement efficace, à n’en pas douter.

    Lire aussi : Le grand défilé d’Angela Merkel


    De discrétion tu t’entoureras

    Kim Kardashian à New York, le 27 octobre 2012.

    Le braquage dont fut victime Kim Kardashian à Paris nous toucha en plein cœur, et nous rappela une improbable photo prise, en 2012, lors d’une fête d’Halloween. Sur celle-ci, madame West portait un collier de perles d’une longueur qui retint notre attention. De fait, dans l’univers de la bijouterie, ceux-ci sont classés par catégorie : les plus courts, baptisés « choker », mesurent 40 cm, les « princesse » 5 cm de plus et les « matinée » approchent les 60 cm, effleurant délicatement la poitrine. Enfin, les colliers dits « opéra » mesurent entre 70 et 80 cm. Mais celui de Kim, enroulé plusieurs fois autour de son cou, débordant de toutes parts, était absolument hors catégorie.

    Lire aussi : Le braquage de Kim Kardashian provoque inquiétudes et polémiques à Paris

    Le chapeau tu sauras porter

    Pharrell Williams, à Los Angeles, le 26 janvier 2014.

    Au début de l’année 2014, Pharrell Williams s’avança sur la scène des Grammy Awards coiffé d’un gigantesque chapeau à la forme aussi imprécise qu’un ravioli chinois. D’où pouvait venir une telle chose ? Pendant plusieurs jours et en attendant que la réponse tombe (le couvre-chef provenait d’une collection vintage Vivienne Westwood), on ne parla que de ça et de Pharrell Williams, unanimement salué pour son intelligence du buzz. Et si la légende selon laquelle le port du chapeau rendrait plus malin – en empêchant les pensées de s’échapper – avait du vrai ?

    Lire aussi :Marc Beaugé rhabille Pharrell Williams

     
  • admin9596 1:14 am le November 3, 2016 Permaliens  

    Aux États-Unis, la (collection) pilule Moschino passe mal 

    Une « collection capsule » qui porte bien son nom.

    Le terme de « collection capsule » désigne une ligne de prêt-à-porter dessinée par un créateur, invité pour l’occasion par une marque. Depuis l’incursion de Karl Lagerfeld chez H&M, en 2004, et de tous ceux qui ont suivi cette voie, l’expression a rejoint la novlangue du milieu de la mode.

    Le 22 septembre, à Milan, l’Américain Jeremy Scott, directeur de la création de Moschino, a pourtant pris le concept au pied de la lettre. Le styliste de 41 ans, qui a déjà signé des lignes inspirées de Barbie ou de l’esthétique McDonald’s, a fait défiler des mannequins habillés de robes imprimées de motifs de pilules, portant des étuis pour iPhone conçus comme des boîtes de médicaments, un sac sur lequel est collée une tablette de cachets, et un tee-shirt marqué du slogan « Just Say MoschiNO », référence au « Just Say No » que Nancy Reagan martelait à la jeunesse américaine au sujet de la drogue dans les années 1980. Mais l’idée n’a pas été appréciée de tous.

    UP N DA KLUB @imaanhammam 📹 #JUSTSAYMOSCHINO

    Une vidéo publiée par Jeremy Scott (@itsjeremyscott) le 23 Sept. 2016 à 17h50 PDT

    On ne rigole pas avec la drogue

    « Vous ne semblez pas être au courant que notre pays connaît un grave problème d’addiction aux opioïdes et de morts par overdose, un problème reconnu par le gouvernement fédéral comme la pire épidémie de drogue dans l’histoire des États-Unis. » C’est ainsi que démarre la pétition lancée le 4 octobre par Randy Anderson, sur la plateforme Change.org. Ce militant antidrogue de Minneapolis, lui-même ancien toxicomane, souligne également que 47 055 personnes sont mortes d’une overdose en 2014, et qu’il s’agit de la principale cause de mort accidentelle aux États-Unis. Randy Anderson y appelle au boycott de Moschino mais aussi à celui du magasin Saks Fifth Avenue qui commercialise la collection.

    Face au mécontentement des clients, la chaîne américaine Nordstrom a préféré retirer les produits de la collection capsule « pilule » de trois de ses adresses et de sa boutique en ligne.

    Car la marque italienne a fait l’expérience du « See now, buy now », procédé commercial récent qui fait atterrir la collection en boutique à peine a-t-elle été montrée sur les podiums. Et ces tenues ou accessoires ironiques se sont retrouvés parmi une sélection de revendeurs, notamment aux États-Unis. Sous la pression de consommateurs mécontents, la chaîne Nordstrom a, elle, retiré le 7 octobre les produits de cette collection capsule de trois de ses adresses, ainsi que de la boutique en ligne. Malgré les protestations, Saks Fifth Avenue a laissé la collection en vente.

    Si cette polémique montre bien l’ironie permanente qui peut agiter la mode, elle dit aussi la crispation qui peut toucher le débat public nord-américain. La pétition de Randy Anderson n’a été signée que par 4 410 personnes (décompte en date du 25 octobre 2016), mais a quand même eu un impact. En Europe, la collection n’a suscité aucun autre émoi qu’un amusement passager.

    Lire aussi : Jeremy Scott, la pop attitude de Longchamp

     
  • admin9596 8:42 am le November 2, 2016 Permaliens  

    Leonard Cohen et Bob Dylan, les deux poètes de la folk 

    On les a beaucoup comparés, Leonard Cohen se retrouvant souvent dans l’ombre de Bob Dylan. Une fois de plus, l’auteur de « Hallelujah », 82 ans, se fait voler la vedette par son ami de 75 ans, Prix Nobel de littérature.

    Le Monde | 25.10.2016 à 16h04 • Mis à jour le25.10.2016 à 16h29 |Par Juliette Branciard

    Cohen (à g.) et Dylan, deux monuments, deux rivaux, deux amis.

    Léonard Cohen

    Écrivain de la pop culture. Il n’a pas reçu de prix Nobel, mais Leonard Cohen aurait pu y prétendre. Avant de se lancer à 30 ans passés sur les traces de Dylan, le Canadien était déjà célébré par la critique pour ses recueils de poésie et ses deux romans, Le Jeu favori et Les Perdants magnifiques,joyaux déjantés de la pop culture.

    Inspiration théologique. Prières mélancoliques teintées d’imagerie biblique, les textes de Leonard Cohen, comme ceux de Dylan, puisent leur inspiration dans différents écrits religieux que l’artiste a lus et relus tout au long de sa vie. Sa chanson Hallelujah, empreinte de spiritualité, a nécessité cinq ans d’écriture.

    Numéro un. Cohen reste l’un des premiers artistes à avoir donné une ambition poétique à la chanson populaire anglo-saxonne. Bob Dylan admire profondément ses mélodies lyriques, d’une simplicité et d’une pureté harmonique rares.

    Album crépusculaire. L’artiste octogénaire a arrêté son marathon de concerts en 2013. Trop fatigué. La sortie de son dernier album, You Want It Darker, a tout d’une dernière révérence. Ses obsessions, la mort et le divin, y sont réunies plus que jamais.

    Bob Dylan

    Nobel de littérature. C’est « pour avoir créé (…) de nouveaux modes d’expression poétique » que l’académie suédoise vient de récompenser l’auteur de Like a Rolling Stone. À 75 ans, l’Américain est devenu le premier musicien à recevoir le prestigieux prix littéraire. Il n’a toujours pas réagi à cette distinction.

    Manifeste surréaliste. Étendard de la folk militante au début des années 1960 avec Blowin’in the Wind,Dylan atteint le sommet de son œuvre musicale en 1966 avec Blonde on Blonde. Un double album empreint de blues, de rock et de poésie surréaliste.

    Numéro zéro. Comme beaucoup de génies, Dylan a toujours eu conscience de son talent. « Pour moi, tu es numéro un et je suis numéro zéro », a-t-il confié un jour à Leonard Cohen. « Une façon de dire que son travail était au-dessus de tout et que le mien était assez bon », explique ce dernier.

    Tournée illimitée. Dylan est un showman infatigable : son « Never Ending Tour » a débuté en 1988 et n’est pas terminé. Le papy-rocker était encore mi-octobre à l’affiche du Desert Trip Festival, en Californie, en première partie des Rolling Stones.

    • Juliette Branciard

     
  • admin9596 10:02 am le November 1, 2016 Permaliens  

    En Espagne, une jeune maman de 62 ans 

    Lina Álvarez, 62 ans, mère célibataire, est ici enceinte de son troisième enfant. Elle avait déjà eu recours à la PMA à 50 ans passés.

    Le 11 octobre, dans une clinique de Galice,dans le nord de l’Espagne, Lina Álvarez, 62 ans, a donné naissance à une petite fille. Vingt ans après sa ménopause, elle a réalisé son « rêve » grâce à un don d’ovule et de spermatozoïdes. Médecin, déjà mère célibataire de deux enfants, cette fervente catholique était l’invitée ces dernières semaines de toutes les chaînes de radio et de télévision du pays pour raconter ce qu’elle qualifie de « miracle ». Un paradoxe quand on connaît le rejet officiel de l’Église envers la procréation assistée. En Espagne, où il n’existe pas d’âge limite légal pour se soumettre à un traitement de fertilité, cette grossesse a indigné une grande partie de la société. Et a été perçue comme une « dérive » du système espagnol de procréation médicalement assistée par les nombreux médecins, convoqués sur les plateaux et les ondes pour donner leur avis.

    Le paradis européen des fécondations in vitro

    À défaut de cadre légal, la Commission nationale pour la reproduction assistée fixe à plus ou moins 50 ans l’âge maximal recommandé aux gynécologues pour procéder à l’insémination artificielle. Elle est ouverte à tous, quel que soit l’état civil ou l’orientation sexuelle. « Permissive » pour les uns, « libérale » pour les autres, la loi approuvée en 2006 sous le gouvernement socialiste de José Luis Rodríguez Zapatero a déjà transformé de fait le pays en paradis européen des fécondations in vitro (FIV). C’est ce qui explique que tant de Françaises traversent les Pyrénées pour suivre des traitements de fertilité, souvent dans des cliniques catalanes qui se sont fait une spécialité d’attirer l’attention des étrangers. Une situation qui a fini par être acceptée par une société se définissant encore à 74 % comme « catholique », mais où le recul de l’âge de la maternité (30,6 ans en moyenne pour un premier enfant) a banalisé les FIV.

    Mais qu’une femme de 62 ans parvienne à trouver un gynécologue disposé à accéder à sa requête a mis en émoi à la fois la société, qui s’inquiète de l’avenir du nouveau-né, et la communauté scientifique, qui craint que de tels excès ne provoquent une remise en cause d’un système fondé sur la confiance de l’administration envers les critères médicaux des professionnels de santé. La Société espagnole de fertilité a ainsi rappelé que les traitements ne doivent en aucun cas mettre en danger la vie de la mère ni celle du bébé. Or à l’âge de Lina Álvarez, les complications durant la grossesse ou après l’accouchement peuvent être très graves : prééclampsie, accouchement prématuré, hémorragies post-partum, entre autres.

    À voir, Lina Alvarez à sa sortie de la maternité (espagnol)

    Pour trouver un médecin prêt à satisfaire sa demande, Lina Álvarez, déjà mère d’un jeune homme de 27 ans atteint d’une paralysie cérébrale et d’un garçon de 11 ans, né aussi après avoir eu recours à la procréation assistée, a d’ailleurs reconnu qu’elle a écumé pendant près de huit ans les cliniques du pays. En vain. C’est finalement sur Internet qu’elle a trouvé un gynécologue d’une clinique madrilène disposé à la soumettre à un traitement de fertilité. Ce dernier refuse qu’elle dévoile son nom…

    Le débat a par ailleurs divisé les féministes,entre celles qui rappellent que personne n’est choqué quand un homme de 62 ans devient père et celles qui considèrent que cette décision ne prend pas en compte le bien-être des enfants. Le pays a encore en mémoire l’histoire d’une Espagnole de 67 ans qui avait donné naissance à des jumeaux en 2007. Pour cela, elle avait dû se rendre dans une clinique des États-Unis et mentir sur son âge. Deux ans plus tard, elle était décédée d’un cancer.

    Lire aussi : En France, 130 médecins demandent l’assouplissement des lois encadrant la reproduction assistée

     
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