Souriez, vous êtes ridicules

Complices ou victimes, les politiques se font chasser par les photographes amateurs sur leur terrain de campagne. Leur image devient un objet de dérision. Jusqu’au prochain.

Le Monde | 05.10.2016 à 10h25 |Par Magali Cartigny

Mettre un bandana en 2016, c’est un peu comme se balader en bomber à 40 piges en souvenir de feu ses années collège. François Fillon en a fait l’amère expérience récemment. Alors qu’il passait chez les sikhs, LA tuile : plus de turbans. « C’est pas grave, François, j’ai le bandana de mon fils dans la boîte à gants. Mais non, ça t’ira très bien, on dirait Bruce Springsteen. » La « te-hon », comme disent les vieux.

Certes, il n’est pas le seul. Juppé, qui, il n’y a pas si longtemps, faisait fantasmer les Versaillaises, les cyclistes et ma copine Clara, a vu son sex-appeal se fracasser lamentablement contre la porte battante d’une maison de retraite. Premier commandement du politique en campagne : ne JAMAIS entamer une bourrée auvergnate à l’époque où tout le monde photographie tout le monde. Même si ça fait plaisir à mamie Yvonne. A la rigueur un paso-doble, ou une macaréna.

Deuxième axiome : non, chère NKM, annoncer sa candidature façon « en ­direct du petit coin », ce n’est pas « cool ». Vous imaginez Churchill en visioconférence, assis sur son trône : « Je n’ai rien à offrir que du sang, du labeur, des larmes, de la sueur, et éventuellement du papier toilette. »

Tout simplement, merci ! https://t.co/r4yW12RWcr

— nk_m (@N. Kosciusko-Morizet)

Prenez exemple sur Hollande. Après s’être pris des tombereaux d’eau sur la tête pendant quatre ans, avoir porté des colliers de fleurs hawaïens et des chapkas en poil de zébu, il a trouvé la parade : rester assis derrière son bureau et s’offrir en ­trésor du patrimoine aux ­citoyens venus l’observer dans son milieu naturel. « Tu vois, ça mon chéri, c’était un président socialiste. »

  •  Magali Cartigny

    Journaliste au Monde
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