Le photographe anglais Rip Hopkins a réalisé une étonnante série de 96 portraits de membres de la noblesse belge. Ironiques, tendres, fous ou intrigants, ses clichés sont rassemblées dans un livre tiré en édition limitée à 999 exemplaires, « Belgian Blue Blood » (Filigranes Editions, 240 p. 60€).
Le tennis, qui avait jusqu’ici réussi à préserver son image de discipline propre, est entaché par des soupçons de matchs truqués. Une fraude qui en rappelle d’autres…
2010 : le foot italien ébranlé
Des joueurs drogués lors d’un match de troisième division : l’un des plus gros scandales de l’histoire du football italien démarre par un fait divers rocambolesque. La piste mène les policiers jusqu’à des clubs de Série A, l’élite locale, et à des entraîneurs et joueurs de premier plan, dont plusieurs internationaux. Cette affaire dite Calcioscommesse révèle une triche mondialisée : derrière ces paris truqués se cachent les mafias asiatiques.
2011 : le sumo déshonoré
Au Japon, le sumo est bien plus qu’un sport. Un rite, une culture, une religion presque. Le choc est violent quand une enquête policière confirme les liens entre sumotoris et yakuzas. Les SMS d’une quinzaine de lutteurs révèlent qu’ils ont truqué des combats à la demande de la pègre, pour toucher l’équivalent de quelques milliers d’euros. « Un acte grave de trahison à l’égard du peuple japonais », se scandalisera le premier ministre.
2012 : le handball français touché
Un match entre Cesson-Rennes et Montpellier se solde par la victoire des Bretons sur le champion de France. Et par l’ouverture d’une enquête : des paris au montant inattendu ont alerté la Française des jeux. Huit joueurs de Montpellier et leurs proches sont poursuivis pour escroquerie ou complicité. Parmi eux, Nikola Karabatic, la star de l’équipe de France. Condamné à 10 000 euros d’amende en juillet 2015, il nie toute implication et a fait appel.
2015 : le jeu vidéo allumé
Pionnière des sports électroniques, la Corée du Sud en découvre aussi les dérives. Neuf professionnels du jeu vidéo – des joueurs, mais aussi un entraîneur – sont interpellés. Selon la fédération coréenne d’e-sport, ils ont touché plusieurs milliers d’euros dans les mois précédents pour arranger les résultats de cinq matches sur StarCraft II, un jeu de stratégie en temps réel, au bénéfice de la pègre locale.
2016 : le tennis rattrapé
Buzzfeed et la BBC font tremblerle monde du tennis. Ils ont étudié 26 000 matchs : quinze joueurs, dont des vainqueurs de tournois du Grand Chelem, perdent « régulièrement » alors qu’ils devraient gagner ; coïncidence, des sommes importantes sont pariées sur ces défaites… Ont aussi été recueillis des documents internes et les confidences d’enquêteurs désabusés : les autorités du tennis sauraient mais ne feraient rien.
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Lors de la première session parlementaire, à Madrid, les nouveaux élus de Podemos se sont fait remarquer par leur look. Coiffures inhabituelles et tee-shirts aux slogans altermondialistes ont remplacé les traditionnels costumes-cravates.
De longues dreadlocks, un pull à fines rayures dont dépasse du col un tee-shirt noir, une allure nonchalante. Sous le regard médusé du chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, le député Alberto Rodriguez traverse le Parlement. Elu du jeune parti de la gauche anti-austérité Podemos pour Santa Cruz de Tenerife (Canaries), ce technicien en chimie de 33 ans, employé dans une raffinerie de pétrole, vient de faireentrer pour la première fois au Congrès des députés, la coupe de cheveux traditionnelle des rastafaris jamaïquains.
Nous sommes mi-janvier et les nouveaux députés issus des élections du 20 décembre 2015 prennent leurs fonctions. Le contraste entre les anciens et les nouveaux est saisissant. Le choc esthétique flagrant. « Moi, tant qu’il ne me refile pas des poux, je n’ai aucun problème… », a commenté, le lendemain, ironique, Celia Villalobos, vice-présidente du bureau du Parlement espagnol pour le Parti populaire (PP, droite).
La polémique est lancée. « Si seulement son parti pouvait être juste à moitié aussi propre que mes dreads… », a répliqué un autre député de Podemos portant des tresses rastas, Miguel Ardanuy, en référence aux cas de corruption qui touchent le PP. Alberto Rodriguez, préfère, lui, couper court au débat. « Nous avons été le centre d’attention parce que nous sommes divers et pluriels, tout comme la société que nous représentons. »
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Que les commentaires sur la première session parlementaire aient largement porté sur l’analyse capillaire des nouveaux élus de Podemos n’a rien d’étonnant, si l’on se souvient que le chef de file du parti, Pablo Iglesias, a longtemps été surnommé « la queue-de-cheval » (« el coleta »). Aujourd’hui, il n’est donc plus le seul élu de Podemos à porter les cheveux longs.
Miguel Vila, ex-cameraman de la télévision publique TVE, les laisse tomber sur ses épaules. Les yeux du jeune professeur de philosophie Eduardo Maura sont dissimulés derrière la grande mèche qui lui balaie le front. Quant aux tresses africaines de la militante Rita Bosaho, elles ne sont pas un détail. Née en Guinée-Equatoriale en 1965, trois ans avant l’indépendance de cette ex-colonie espagnole, cette féministe membre de plusieurs organisations sociales est la première députée noire.
L’irruption de “gens normaux”
Il n’y a pas que les coupes de cheveux qui ont changé le visage du nouveau Parlement. Tee-shirts barrés de slogans altermondialistes ou chemises au col ouvert ont remplacé les costumes-cravates d’usage. Ce changement de look correspond à l’irruption de « gens normaux » au Parlement, justifie Podemos, dont la numéro trois, Carolina Bescansa, mère célibataire, est même venue avec son bébé de cinq mois sur les genoux pendant toute la session, qui a duré cinq heures, arguant qu’elle donne encore le sein.
Sur les 350 députés espagnols, 218 le sont pour la première fois et 40 % sont des femmes : un record. Deux députées, l’une socialiste, l’autre Podemos, ont à peine 25 ans. Une grande partie des élus de Podemos sont des militants provenant de mouvements sociaux — l’un d’eux attend même son procès pour résistance à l’autorité après avoir manifesté contre l’agrandissement d’un barrage dans le nord de l’Espagne. Mais on y trouve aussi une actrice, deux juges anticorruption, un garde civil, un prestigieux scientifique, un chômeur…
Pour ne pas avoir l’air trop vieillots, les deux grands partis, PP et PSOE (socialistes) ont eux aussi rénové leurs rangs : un tiers des députés du PP et la moitié de ceux du PSOE sont de nouvelles têtes. Et ce n’est pas la seule concession qu’ils ont déjà dû faire pour rester « dans le coup ». Après l’annonce de Podemos selon laquelle ses deux membres du bureau du Parlement renonçaient à leur voiture de fonction, les élus du jeune parti centriste Ciudadanos et du PSOE ont fait de même.
Quant au protocole, plutôt que prêter serment sobrement, les élus de Podemos ont répété le même texte : « Je promets de respecter la Constitution et de travailler pour
la changer. Plus jamais un pays sans les siens, plus jamais un pays sans ses peuples. » Pablo Iglesias a même traduit cette déclaration en langue des signes.
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Dans la municipalité italienne qui détient le record national du nombre de scooters, l’interdiction à la circulation des deux-roues trop polluants entraîne la colère des vespistes.
L’intention est louable, mais l’opportunité est, d’un point de vue politique, peut-être mal choisie. La municipalité de Gênes (Ligurie), dirigée par le maire Marco Doria (gauche), a profité des derniers jours de 2015 pour publier une directive interdisant la circulation, de 7 à 19 heures, des scooters aux normes européennes d’émission Euro 0 dans une grande partie de la ville portuaire. Construits avant 1999, ces deux-roues sont désormais considérés comme trop polluants. La mesure devait être mise en œuvre le 1er février.
La révolte, encouragée par les politiques
« Quoi ? » se sont étranglés environ 20 000 propriétaires qui devront, pour respecter la loi, circuler la nuit, s’acheter un scooter plus récent, opter pour un autre moyen de transport ou… marcher. Changer de scooter alors qu’il pète encore le feu et conduit partout en zigzaguant dans les embouteillages ? La révolte n’a pas été longue a gronder, encouragée par à peu près tous les partis politiques, de Fratelli d’Italia (postfasciste) au Parti Démocrate (centre gauche). Même dans l’équipe du maire, certains sont gagnés par le doute.
A Gênes, en effet, le deux-roues n’est pas un simple véhicule : c’est une part de l’identité de la ville. On y répertorie 180 000 scooters pour 600 000 habitants, un record en Italie. Parallèlement (et conséquemment), la cité est aussi celle qui compte le moins de voitures
(486 véhicules pour 1 000 habitants, contre 608 pour 1 000 dans le reste de la Péninsule), après Venise évidemment.
De plus, c’est ici que fut produit, en 1946, le premier modèle de Vespa conçu par l’entrepreneur Enrico Piaggio. Un soixantième anniversaire qui aurait gagné à être fêté plus dignement, fait remarquer une association de scootéristes génois.
“La Vespa c’est la pensée en mouvement, c’est notre éducation sentimentale. Sans Vespa, pas de Gregory Peck et d’Audrey Hepburn dans ‘Vacances romaines’.” “Il Corriere Della Sera”
Confisquer sa Vespa, même polluante, à un Italien, peut s’avérer une entreprise difficile. Pour un Génois, c’est presque impossible. « C’est comme nous priver de la mer, du vent, des couchers de soleil, du sirocco, de la Sampdoria et du Genoa [les deux clubs de football de la ville], écrit Francesco Cevasco dans le quotidien Il Corriere Della Sera du 15 janvier. La Vespa c’est la pensée en mouvement, c’est notre éducation sentimentale. Sans Vespa, pas de Gregory Peck et d’Audrey Hepburn dans Vacances romaines. Ceux qui polluent ne sont pas les propriétaires de Vespa, mais les conducteurs de voiture tout-terrain garée en triple file. Prenez garde, la Vespa [en français, la guêpe] pique quand elle est en colère. »
Elle pique et s’organise. Un essaim de « vespistes » a lancé avec succès le hashtag #lamia vespanonsitocca (« Touche pas ma Vespa »). « La Vespa est née à Gênes et elle meurt à Gênes », ne craignent pas de proclamer les propriétaires de ces quasi-antiquités, bien décidés à ne pas céder à la loi.
L’adjoint à l’environnement reçoit des centaines de courriels pour qu’il renonce à son interdiction. « J’ai eu moi-même un engin de ce type, rétorque-t-il dans la presse italienne. Elle polluait et la santé publique est quelque chose qui a son importance. » En attendant, prudemment, l’application de la directive de la municipalité a été repoussée au 1er avril.
#lamiavespanonsitocca#nessunotocchilavespa al peggio non c’è mai fine Con 1 l benzina 50 km @matteorenzi pensaci tu pic.twitter.com/c2tccuyMvN
— Luisanna Messeri (@luisannamesseri) 15 Janvier 2016
Le galeriste Larry Gagosian et le Qatar s’estiment propriétaires de « Buste de femme (Marie-Thérèse) ». L’œuvre aurait été vendue deux fois par sa fille Maya.
C’est le choc des titans : le marchand d’art le plus puissant au monde, l’Américain Larry Gagosian, attaque l’un des collectionneurs les plus actifs, le Qatar. Objet de la discorde, révélée par le New York Times : une sculpture réalisée par Picasso en 1931, dont tous deux réclament la propriété. Cette œuvre, Buste de femme (Marie-Thérèse), qui représente une des compagnes de l’artiste, Marie-Thérèse Walter, avait initialement appartenu à leur fille, Maya Widmaier-Picasso.
Bras armé du Qatar, la société britannique Pelham, dirigée par un ancien de Christie’s, Guy Bennett, affirme avoir, en novembre 2014, acheté ladite sculpture pour la somme de 38 millions d’euros, par l’entremise du trio de courtiers Connery Pissarro Seydoux. Pelham aurait déjà versé une partie des paiements convenus lorsque l’avocate de Maya Widmaier-Picasso, Sabine Cordesse, a fait annuler le contrat en avril 2015 en invoquant des motifs de santé. Sa cliente, alors âgée de 80 ans, n’aurait pas eu toute sa tête lorsqu’elle donna mandat pour la vente.
Dans la foulée, l’œuvre a été cédée pour 106 millions de dollars à Gagosian, qui l’a, de son côté, revendue à un gros collectionneur new-yorkais, probablement Steve Cohen ou Leon Black. Le galeriste, qui a réglé 75 % de la somme en octobre 2015, s’estime propriétaire du buste, présenté au Musée d’art moderne de New York (MoMA) jusqu’au 7 février et qu’il compte livrer à son client au terme de l’exposition « Picasso Sculpture ».
Deux acheteurs déterminés
Mais le Qatar ne l’entend pas de cette oreille. Pelham a ouvert les hostilités en lançant une procédure contre Maya Picasso en France et contre Connery Pissarro Seydoux en Suisse. Gagosian a riposté le 12 janvier à New York en attaquant Pelham, donc indirectement le Qatar. Il faut un sacré culot pour s’en prendre à cet Etat gazier aux poches pleines, qui a déjà acheté Les Joueurs de cartes de Cézanne pour 250 millions de dollars et le tableau Nafea Faa Ipoipo ? de Paul Gauguin pour 300 millions de dollars. Les trois quarts des marchands se damneraient pour lui vendre des œuvres. Et Gagosian ne s’en est pas privé, par le passé. « Contrairement à 90 % des marchands qui préfèrent régler les choses à l’amiable, Gagosian est superagressif. Il n’a pas peur des procès et il sait que ça lui fait de la pub », murmure l’un de ses confrères.
On ne s’attaque cependant pas impunément à ce genre de client. Et, aussi bravache soit-il, Gagosian a beaucoup à perdre. Aussi a-t-il précisé dans un communiqué, avec juste ce qu’il faut d’obséquiosité, que le litige ne concerne que le représentant des Qataris, à savoir Pelham : « Nous avons le plus grand respect pour Cheikh Al-Thani [l’émir du Qatar, NDLR], un ami de longue date de la galerie, et nous regrettons qu’il ait été attiré injustement dans cette affaire. » Manière de tacler Pelham, mais aussi l’ancien trio Connery Pissarro Seydoux, compétiteurs de longue date par lesquels le Qatar a acheté beaucoup d’œuvres.
Maya Widmaier-Picasso a mandaté son fils… et sa fille
Pour corser le tout, au différend commercial que devra dénouer la justice s’agrège une confusion familiale plus difficile encore à démêler. La première transaction avec le Qatar aurait été scellée par le biais du fils de Maya, Olivier Widmaier-Picasso, tandis que celle avec Gagosian aurait été menée par sa fille Diana. Comment une œuvre a-t-elle pu être vendue deux fois, à des prix aussi différents, par deux membres d’une même famille ?
Du côté de Maya Widmaier-Picasso, c’est « no comment ». « Le premier mandat de vente a été donné à un moment où Maya Picasso avait eu une défaillance momentanée, et le mandataire l’a résilié unilatéralement, compte tenu de cette défaillance », nous a juste déclaré son avocate, Sabine Cordesse, affirmant que « depuis, elle a recouvré l’intégralité de ses facultés ».
Voilà trois ans, pour éviter toute défaillance en matière de certificat d’authenticité, la succession Picasso avait mis en place une autorité collégiale, Picasso Authenfication, dans laquelle Maya Widmaier-Picasso avait refusé de siéger. L’héritière avait alors vivement réagi dans une tribune où elle percevait l’initiative de la famille comme « une autorisation de placement sous tutelle ».
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