Auto, habitation: la fortune diverse des assureurs sur le marché français
Les deux plus grands noms de l’assurance européenne, Axa et Allianz, bien sûr très implantés en France, connaissent des fortunes diverses dans le domaine de l’assurance des biens (auto, habitation, entreprises), sur le marché français.
Lors de la présentation de ses résultats, Axa a reconnu avoir vu son chiffre d’affaires stagner. Sans hausse des prix, il aurait même diminué, en raison d’une « baisse des volumes liée à une concurrence élevée dans le contexte de la loi Hamon », comme on peut le lire dans le rapport d’activité du groupe. La loi Hamon, dont trois quarts des Français ont entendu parler, permet depuis deux ans de résilier son assurance auto ou habitation à tout moment, et non plus seulement à la date anniversaire du contrat, ou lors d’un changement de voiture ou logement. Elle a aiguisé les appétits des banques, très bien armées pour prendre des clients aux assureurs traditionnels.
Les quatre atouts des banquiers
Les « bancassureurs » ont quatre atouts dans leur jeu, souligne Hamid Benamara, directeur général du comparateur Les Furets
1 Ils disposent de la puissance de leur réseau physique (agences bancaires)
2 Ils ont accès à des informations privilégiées concernant leurs clients. Certes, ils se défendent de les utiliser…. mais il est facile pour un conseiller bancaire de faire une offre intéressante concernant une assurance auto, quand il connaît la prime versée chaque année par son client à un assureur traditionnel
3 Les conseillers bancaires sont en relation bien plus fréquente avec leurs clients que les assureurs, autant d’occasions de faire des propositions en matière d’assurance
4 Il s’agit là d’un vrai relais de croissance
Avec la loi Hamon, un conseiller bancaire peut suggérer à tout moment à son client d’abandonner son assurance pour trouver immédiatement moins cher dans sa banque. Voilà comment Société Générale Insurance, la filiale de la banque qui se consacre à l’assurance, peut, par exemple, annoncer pour la France « une progression des primes (encaissées) quatre fois supérieure à celle du marché en assurance automobile et Multi risque habitation ». Cela représente une progression du chiffre d’affaires supérieure à 8%, puisque, selon la FFA, ces deux marchés ont crû globalement de 2,3% en France, en 2016. La hausse de la part de marché des bancassureurs avait déjà commencé il y a plusieurs années, puisqu’en ce qui concerne l’assurance dommages des particuliers, ils sont passés de 9% de part de marché en 2009 à 15% en 2014, selon les calculs du cabinet Facts & Figures. La loi Hamon a bien sûr accéléré cette tendance. Les mutuelles, encore position de force dans ce domaine (38,8% de parts de marché), voient leur activité s’éroder.
Allianz s’en tire mieux
Les assureurs traditionnels sont-ils tous logés à la même enseigne, victimes de cette concurrence bancaire? Certains tirent leur épingle du jeu. Ainsi, Allianz a annoncé ce mercredi un chiffre d’affaires en hausse de 2,1% en IARD (assurance des dommages aux biens, auto, habitation, entreprise), au dessus de la progression du marché (+1,5%). La filiale française du premier assureur européen affiche un gain de 100.000 contrats auto et de 27.000 en habitation. Au total, Allianz France a gagné 30.000 clients dans ce domaine de l’assurance, annonce son PDG, Jacques Richier.
Le chiffre d’affaires global est en revanche stagnant, en raison d’une baisse de l’activité en assurance vie.