Peine de mort, armes, cannabis…, les autres référendums aux Etats-Unis
Comme lors de chaque élection présidentielle, les Américains se sont aussi prononcés le 8 novembre sur un nombre incalculable de fonctions (membres du Congrès, gouverneurs, juges, shérifs…) et de sujets. Une grande partie d’entre eux a donc participé à l’un des 162 référendums organisés cette année dans 35 États. Proposés par l’État ou par les citoyens s’ils ont réuni suffisamment de signatures, certains ne devraient pas laisser de trace indélébile dans l’histoire du pays.
Ainsi, les Californiens ont rejeté la proposition obligeant les acteurs de films classés X à utiliser des préservatifs. Mais ils ont validé l’interdiction des sacs en plastique. Alors que les Américains viennent d’élire un président déterminé à baisser massivement les impôts, les habitants du Maine ont approuvé la proposition de taxer plus sévèrement les hauts revenus.
Lire aussi : Etats-Unis : la peine capitale a de beaux jours devant elle
Mais la plupart des sujets soumis cette année à l’appréciation du peuple ont témoigné de préoccupations récurrentes dans la société américaine et d’évolutions sociétales profondes et, pour certaines, rapides. Pas moins de neuf États se sont penchés sur la légalisation de la marijuana, qu’il s’agisse de son utilisation récréative (cinq États) ou médicale (quatre États).Un record. La plupart ont approuvé cette évolution.
La possession, la vente, le transport et la consommation du cannabis demeurent interdits au niveau fédéral, mais plusieurs États en ont autorisé différents usages depuis le début des années 2000. Il est désormais possible de consommer en toute légalité de la marijuana dans huit États, dont la Californie qui vient d’approuver la loi, et d’en avoir un usage thérapeutique dans vingt-cinq autres, dont la Floride. Plus de la moitié des Américains sont favorables à la légalisation du cannabis (58 %, selon un sondage Gallup d’octobre 2015, un taux qui monte à 71 % pour les moins de 35 ans). La tendance à la légalisation confirmée le 8 novembre à travers le pays pourrait à terme amener à une évolution de la législation au niveau fédéral.
Renforcement de la peine de mort
La peine demort, au menu de plusieurs États, demeure un sujet plus controversé. En Californie, deux propositions antagonistes étaient soumises au vote : l’une entendait commuer les condamnations à mort en peines de prison à perpétuité, l’autre visait à raccourcir le délai entre la condamnation et l’exécution. C’est cette seconde qui a été validée par les habitants. Le nombre de prisonniers dans les couloirs de la mort en Californie atteint des records : 749 personnes attendent leur exécution, parfois depuis des décennies. Alors qu’au niveau national une opposition de plus en plus marquée à la peine capitale transparaît de sondage en sondage (en moins de vingt ans, la proportion d’Américains favorables à la peine de mort est passée de 78 % à 56 %), les citoyens du Nebraska et de l’Oklahoma se sont aussi prononcés pour une meilleure « protection » de la peine capitale.
Contrôle des ventes d’armes
D’autres sujets, qui furent davantage au cœur de la campagne, sont apparus plus consensuels. Quatre États proposaient un renforcement des contrôles pour l’achat d’armes et de munitions. Hormis le Maine, trois d’entre eux ont validé cette résolution.Cette évolution correspond à une tendance lourde de la société américaine, dont seule une minorité, soutenue par l’influente National Riffle Association (NRA), s’oppose à tout contrôle sur les armes. Un sondage du Pew Research Center montrait en janvier que 79 % des républicains et 88 % des démocrates étaient favorables aux contrôles renforcés lors des transactions réalisées dans les foires aux armes ou dans le cadre de ventes privées.
Plus ancrée encore dans les préoccupations de la working class américaine, l’augmentation du salaire horaire minimum à 12 ou 13,50 dollars (10,80 ou 12,20 euros) d’ici à 2020 a été votée par quatre États. Au niveau fédéral, il s’élève à 7,25 dollars. Ces deux dernières années, douze États et plusieurs grandes villes du pays ont sensiblement augmenté la rémunération de base. Le passage à 15 dollars pour tous fut au cœur de la campagne présidentielle, notamment lors de la primaire démocrate. Bernie Sanders, l’adversaire de Mme Clinton, a plaidé sans relâche pour que cette mesure soit mise en œuvre.
Au-delà de ces sujets de brûlante actualité, le Colorado s’est illustré par une mesure pour le moins anachronique : les habitants de cet État devaient se prononcer sur la suppression de l’esclavage (ou travail non rémunéré) pour les condamnés. Cette exception figure toujours dans la Constitution de l’État. Ils ont choisi de la conserver, à 50,8 %.
Lire aussi : Les Américains ne votent pas que pour élire leur président
Lire aussi : Election américaine : après sa victoire, Trump joue l’apaisement, Clinton et Obama lui souhaitent de « réussir »