Une turbine qui met l’hydroélectricité à la portée de tous
Il a fallu trois ans de recherche à Jean-Christophe Maillard, ingénieur chez Turbiwatt, pour concevoir le premier prototype de turbine de la startup bretonne. À l’époque, l’enjeu est de réinventer une technologie vieille d’un siècle en créant une machine performante et efficace.
« Dans l’hydroélectricité de basse chute, on considère souvent que, faute d’outils fiables, au-dessous de 10 mètres, l’exploitation n’est pas rentable. Pourtant, entre les moulins, les cours d’eau et les écluses, le potentiel est énorme », analyse Didier Greggory, PDG de Turbiwatt.
L’Europe compte près de 600 000 moulins, dont les deux tiers, au moins, sont susceptibles d’être équipés par ces turbines.
40 turbines en service
La gamme Turbiwatt s’adapte aux très basses chutes, de 1,2 à 8 mètres, avec un débit entre 70 et 100 L/s. Chacun des trois modèles commercialisés délivre une énergie basse tension injectable à 100 %, directement dans le réseau.
« C’est une des spécificités de nos machines : elles turbinent à débit constant. Nous n’avons pas besoin de transformer le courant, ce qui ne génère aucune perte d’énergie », explique Didier Greggory.
L’innovation passe donc par une technologie simple mais redoutable. La plus grosse turbine (Lion, 36 kW) peut délivrer 300 000 kW/h par an, soit l’équivalent de 3 000 m² de panneaux solaires.
Cette ressource est particulièrement utile en boucle locale : « notre objectif, c’est l’énergie de proximité, poursuit Didier Greggory. Selon les débits, l’électricité produite peut être autoconsommée par le bâtiment, mais, dans 90% des cas, elle est revendue. »
Actuellement, 40 turbines sont installées, principalement sur des moulins, mais aussi dans les infrastructures d’énergéticiens, comme le Suisse Romande Énergie.
Nouveau prototype pour 2017
Robuste, silencieuse et invisible (les turbines sont immergées), l’hydroélectricité selon Turbiwatt devient rentable. Avec un coût entre 9 000 € et 150 000 € (hors travaux de génie civil), les turbines peuvent être amorties en moins de 2 ans. 300 projets sont à l’étude en Europe et des collectivités locales s’intéressent à cette technique.
Car, pour Didier Greggory, « les usages restent à inventer. Nous ne sommes pas limités aux écluses ou aux stations d’épuration. Dans les usines Airbus de Nantes, par exemple, le système de climatisation génère un retour d’eau de 6 kW. Imaginez ce qu’une turbine ferait de cette énergie ? »
En attendant Turbiwatt lancera, dès l’été prochain, un nouveau prototype, la turbine Tigre, de 120 kW.