« Le 21ème siècle sera féminin ou ne sera pas »

Vous avez cofondé la Journée de la Femme Digitale en 2013 ; qu’est ce qui a changé en 5 ans ?

Dans le secteur des nouvelles technologies, ce n’est hélas pas une révélation, les prises de parole étaient très masculines et le sont encore trop souvent. Pendant longtemps, les femmes devaient, soit s’adapter, soit renoncer. Lorsque nous avons lancé la Journée de la Femme Digitale, notre objectif premier était de mettre en valeur des rôles modèles, des femmes entrepreneures mais également intrapreneures. Il est primordial de déculpabiliser celles qui ne souhaitent pas créer leur entreprise mais qui défendent un projet essentiel pour l’Entreprise. Car, entre s’adapter et renoncer, il existe une 3e solution qui est celle de créer. Créer un écosystème qui défende nos valeurs : collaboration, partage, transmission, intelligence collective… en résumé, l’ADN du digital. Une façon de « rendre à Margaret, ce qui appartient à Margaret ».

Vous parlez de Margaret Hamilton, la directrice du département logiciel du programme Apollo de la Nasa ?

Exactement, c’est elle qui a conçu les logiciels embarqués pour la navigation et l’atterrissage sur la Lune. Le codage informatique est d’ailleurs une histoire de femmes. C’est l’anglaise Ada Lovelace qui au XIXe siècle a inventé le premier langage informatique. Dans les années 1950, ce sont les femmes qui ont le plus souvent créé des nouveaux langages informatiques et ont été pionnières en matière d’intelligence artificielle. En créant le Prix Margaret l’année dernière, qui récompense une entrepreneure et une intrapreneure, nous souhaitions rendre hommage à toutes ces femmes qui ont innové et marqué l’histoire, mais également révéler les nouvelles générations. Car il est primordial que les femmes gardent leur place dans la transformation digitale. Elles doivent s’inscrire dès maintenant dans l’avenir ; être les architectes de demain dans un monde où plus de 50% des métiers de 2030 n’existent pas encore. C’est maintenant que les femmes doivent se réinventer.

Quel bilan pourriez-vous donner aujourd’hui de la Journée de la Femme Digitale ?

Tous les ans, nous faisons une enquête avec Capgemini Consulting et cette année avec le cabinet Roland Berger sur le thème : le digital a-t-il le pouvoir d’accélérer l’égalité homme-femme ? Aux premières éditions, la réponse était non, ce qui pour nous, a été une grande claque. En fait, digital ou pas digital, le message était : c’est dur pour les femmes. Puis, à la 3e et 4e édition, on a senti une vraie différence ; avec une réponse tournée vers le oui, et donc un changement des mentalités. Aujourd’hui, on sait qu’en doublant la vitesse d’accession des femmes au digital, l’égalité homme-femme progresserait plus rapidement : ce serait 25 années gagnées pour les pays matures et 40 années gagnées pour les pays émergents. Le 21ème siècle sera féminin ou ne sera pas, c’est le moment pour nous, les femmes, de prendre notre place, il ne faut pas attendre qu’on nous la donne. En ce sens, la Journée de la Femme Digitale est un vrai tremplin, un vrai booster de carrière ; c’est une reconnaissance de ce que nous pouvons encore appeler le combat pour l’égalité économique. Aujourd’hui, on dit encore que les entreprises doivent être digitales, on ne dit plus qu’elles doivent être électriques ! La posture 3.0 est une chance historique pour les femmes.

Quelles seront les nouveautés de cette édition ?

Cette année et pour la première fois, les duos qui symbolisent l’écosystème de la co-création se feront littéralement en marchant pour symboliser le mouvement, aller de l’avant pour continuer à changer les mentalités. Nous avons donc créé le JFDWalks W pour Walk, Women et World sur un thème résolument positif et enthousiaste : For a better world, c’est le thème de notre édition 2017. Car finalement après 5 ans d’existence, nous nous sommes posés la question : pourquoi faire tout cela ? Parce que le digital est un formidable levier vers la mixité certes, mais si c’était aussi et surtout pour créer un monde meilleur ? Nous accueillerons donc des femmes, et des hommes qui entreprennent dans le digital pour un monde meilleur. C’est important pour nous de ne pas proposer des prises de paroles uniquement féminines. Nous ne voulons pas être l’événement de l’entre-soi au féminin. Cela ne ferait pas sens avec nos valeurs et notre souhait d’accélérer l’accession à la mixité économique.

Pouvez-vous nous parler des speakers attendus cette année ?

C’est une édition très axée sur l’humain. C’est important de rappeler que le digital est un service et est au service d’un monde meilleur. Le 9 mars, parmi nos speakers, nous accueillerons Joséphine Goube fondatrice de Techfugees, une plateforme d’envoi de SMS automatisée destinée aux associations d’aide aux réfugiés. Nous accueillerons également Sarah Ourahmoune championne olympique 2016 à Rio qui a créé les gants connectés avec sa startup Boxer Inside, un beau clin d’œil dans un secteur très masculin. Fatma Chouaeib sera également avec nous : cette jeune femme a cofondé Hello Charly, le coach connecté pour les 16-24 ans. Côté vie en entreprise, nous recevrons Marie Schneegans qui a créé Never Eat Alone, une application qui permet d’organiser des déjeuners au bureau et de ne plus se retrouver seul. Et côté bien-être et bonheur, Malene Rydahl, auteure de « Heureux comme un Danois » nous présentera une autre vision du monde du travail ; celui qui n’est plus dans une hiérarchie verticale mais horizontale qui permet à chacune et chacun de progresser dans une autre dimension pour exploser le plafond de verre puisque monter dans les étages d’une entreprise ne serait plus la voie unique de la réussite. Avec La Journée de le Femme Digitale nous souhaitons révéler et valoriser autant de rôles modèles que possible. Et mettre en avant également les hommes qui encouragent la mixité comme Sylvain Orebi, président de Kusmi tea ou encore Stéphane Richard, président d’Orange. Et cette année, Yann Artus-Bertrand nous fait l’honneur de venir nous parler de son film « Women » qui sortira dans trois ans. A notre grande joie, il interviewera les deux lauréates du prix Margaret. C’est un soutien formidable et cela rejoint notre volonté de penser le monde au féminin, avec les hommes, pour atteindre enfin la mixité.

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La Journée de la Femme Digitale, #JFD17 se tiendra le 9 mars à la Cité de la Mode et du Design à Paris de 9h à 21h, autour de 60 personnalités influentes. 5000 personnes sont attendues et invitées (surprise de l’édition 2017) à célébrer les 5 ans de #JFD17 en proposant un After à partir de 18h

Infos + et inscriptions sur http://lajourneedelafemmedigitale.fr/

JFD