La taxe carbone fait une irruption inattendue dans le débat américain
La litanie des signaux négatifs envoyés par Trump aux défenseurs du climat n’en finit pas : nomination au poste de Secrétaire d’Etat du patron d’Exxon ; celle de Scott Pruitt, climatosceptique notoire à la tête de l’EPA, l’agence fédérale de défense de l’environnement qu’il appelait à supprimer il y a quelques mois ; menaces sur le Clean Power Act instauré par Obama ; projet de sortie de l’Accord de Paris…
Dans ce contexte, la proposition d’instaurer une taxe carbone, émanant d’un groupe de Républicains parmi lesquels les anciens Secrétaires d’Etat James A. Baker et George P. Shultz, ainsi que l’ancien secrétaire au Trésor Henry Paulson, a de quoi surprendre.
Un démarrage à 40$ par tonne de CO2
Mais ces figures républicaines, tout en affirmant qu’il serait délicat de calculer la part de l’action humaine dans le phénomène, reconnaissent la gravité du changement climatique et des risques qu’il fait peser notamment sur l’économie et la société américaines et refusent que le pays reste bras croisés face à cette menace.
Leur proposition ? Une taxe fixée à 40$ la tonne de CO2, appelée à augmenter progressivement, et dont le revenu permettrait de dégager en moyenne 2000$ par famille de quatre personnes. Les particuliers pourraient disposer librement de cette somme perçue sans condition de revenus.
Cette solution, destinée à remplacer les mesures préalablement mises en place par l’administration Obama, telles que le plafond d’émissions pour les centrales à charbon, a été immédiatement saluée sur Twitter par l’ancien gouverneur du Massachusetts et candidat républicain malheureux à la Maison blanche Mitt Romney.
Une proposition portée par des experts de tous bords
Pour l’organisation écologiste Natural Resources Defense Council cette solution ne saurait se substituer aux mesures mises en oeuvre par l’administration Obama. D’autres groupes de défense du climat préfèreraient une affectation directe à des projets climatiques. Mais la plupart se disent néanmoins satisfaits qu’une telle mesure puisse être poussée à la Maison Blanche, où le tout nouveau Climate Leadership Council composé de ces figures éminentes de la politique américaine des vingt dernières années l’a présentée le 8 février. L’idée pourrait également être accueillie favorablement par les Démocrates après la tentative avortée de l’administration Obama d’instaurer un marché du carbone tel que celui en vigueur au sein de l’Union européenne.
Un président avant tout favorable aux énergies fossiles
Cette solution a également acquis de longue date les faveurs de certains économistes ainsi que de scientifiques experts du sujet comme l’ancien chercheur de la NASA James Hansen ou encore de l’ancien vice-président Al Gore. Le nouveau secrétaire d’Etat Rex Tillerson en a lui-même défendu le principe lorsqu’il était à la tête d’Exxon. Mais c’est la première fois que des Républicains de premier plan s’unissent pour la porter sur le devant de la scène.
Il s’en faut néanmoins de beaucoup pour qu’elle soit acceptée par l’administration Trump. En effet, le nouveau président dont une partie de l’électorat est ouvertement climato-sceptique, s’est jusqu’ici prononcé nettement plus en faveur de mesures favorables aux énergies fossiles que de réglementations climatiques, fussent-elles de nature plus libérales que celles préalablement instaurées par l’administration Obama.
Néanmoins, la démarche a le mérite de remettre sur la table des pistes pour lutter contre le changement climatique supposées plus compatibles avec le pouvoir en place.