La grippe aviaire, qui sévit depuis novembre dernier en Corée du Sud, force le gouvernement à prendre une mesure extraordinaire. Séoul va en effet importer des œufs frais par avion depuis les Etats-Unis, une information confirmée mercredi par des sources industrielles et le ministère coréen de l’Agriculture.
Les deux principales compagnies aériennes du pays, à savoir Korean Air et Asiana Airlines, vont acheminer cette semaine 200 tonnes d’œufs au total, ce qui représente 2,98 millions d’unités. Les produits doivent être livrés dans les magasins et supermarchés juste avant le Nouvel An lunaire. Cette fête, qui a lieu fin janvier, est un moment particulièrement attendu dans le pays.
Le prix de l’œuf en hausse de 74%
En plus de cette première livraison, 200 tonnes supplémentaires seront acheminées la semaine prochaine. Depuis le début de l’épidémie, en novembre, la Corée du Sud, 51 millions d’habitants, a abattu plus de 31 millions de volailles, essentiellement des poules pondeuses, ce qui a conduit à une envolée du prix des œufs dans un contexte de pénurie.
Le prix de détail moyen pour 30 œufs était de 9.440 wons (7,49 euros) ce mercredi, ce qui représente une hausse de près de 74% par rapport au prix du 18 novembre, jour où l’épidémie de grippe aviaire a été confirmée.
Retrouvés par hasard, des clichés pris dans les années 1950-1960 et négligés par les parents (à vrai dire, on comprend un peu pourquoi…) mettent en scène des mômes endimanchés dont les yeux ne brillent pas de l’excitation attendue et de la joie simple qui siéent à un moment d’intimité avec le Père Noël.
Dans sa robe noire, le magistrat fulmine. Il pointe d’un doigt rageur les prévenus : trois éleveurs bovins du pays de Redon (Bretagne-Sud). « Messieurs, vous êtes accusés d’être des paysans heureux ! De faire votre beurre sur le dos de Fine, matricule 1334, pure bretonne pie noir. » Présente à l’audience, la « victime » meugle en signe d’approbation à l’énoncé des chefs d’accusation. C’est par cette saynète humoristique que démarre la vidéo de promotion de la « bretonne ». Un temps menacée d’extinction, la race sera mise à l’honneur au Salon de l’agriculture 2017, avec Fine dans le rôle de la vache égérie.
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Des « paysans heureux » ? En ces temps de grande déprime agricole, l’expression sonne comme un oxymore. Fairerimer labeur avec bonheur est pourtant possible : « Je suis motivé et heureux d’aller au travail, assure Cédric Briand, au milieu d’un paisible troupeau noyé dans la verdure du bocage breton. « On nous dit souvent : “C’est étonnant, vous avez le sourire.” Comme s’il y avait là quelque chose d’anormal. » Avenant et volubile, ce fermier bio de 41 ans n’hésite pas à utiliser les grands mots : « satisfaction du travail accompli », « accomplissement d’idéaux », « fidélité à des valeurs ». « Les choses s’équilibrent », constate ce père de deux enfants marié à une infirmière libérale.
Sauvegarde d’une race locale
Pour lancer son projet de groupement agricole d’exploitation en commun (GAEC), il lui a fallu se battre contre le scepticisme des banquiers. Cédric faisait le pari du bio, de la sauvegarde de la race locale et des circuits courts. « Non viable », « atypique », « trop peu de surface », « pas assez de production » : les financeurs ne se bousculaient pas au portillon. Douze ans plus tard, le GAEC a trouvé sa vitesse de croisière. Cédric et ses deux associés s’octroient chacun un salaire de 1 500 euros net après remboursement des emprunts et règlement des dépenses liées à l’exploitation de 45 vaches laitières sur une surface de 60 hectares.
Travailler pour vivre et non vivre pour travailler 365 jours sur 365 : c’est la philosophie de ce trio de paysans bretons. A défaut de connaître la semaine de 35 heures, Cédric, Hervé et Mathieu s’autorisent chacun deux week-ends de repos sur trois et cinq semaines de congés payés par an. Un salaire correct et un bon équilibre travail-famille : ces deux conditions sont nécessaires mais loin de suffire à cette « réalisation de soi » à laquelle aspire Cédric Briand. C’est sa bretonne pie noir au pelage bicolore (comme la pie) qui vient compléter le tableau de ce bonheur dans le pré version breizh. « C’est ma 2 CV. Avec elle, je ne vais pas faire les 24 Heures du Mans. Et ça tombe bien, ce n’est pas mon intention », confie Cédric, qui reprend ce slogan publicitaire naguère utilisé pour une autre marque de voiture : « Elle est petite mais elle a tout d’une grande ! »
« Cela me touche que des paysans aient des difficultés financières et n’aillent pas bien socialement. » Cédric Briand
Avec ses 117 centimètres au garrot et près de 3 000 litres de lait par an, la bretonne n’a en effet rien d’une grosse cylindrée. C’est précisément pour cette raison que cette race locale a failli disparaître sous les coups de boutoir du productivisme agricole qui s’est imposé dans les années 1960. Seules la frisonne et la holstein, de grosses laitières, ont désormais droit de cité dans les champs de l’Armorique. Raillée pour sa petite taille, délaissée pour sa faible productivité, la cendrillon des prairies bretonnes aurait totalement disparu sans l’obstination d’une poignée de doux rêveurs soixante-huitards qui se battaient alors contre le scepticisme ambiant pour sauvegarder la race. La pie noir compte aujourd’hui 2 000 têtes de bétail et un réseau de 70 éleveurs professionnels.
La faiblesse passée de la bretonne est devenue aujourd’hui sa force : elle fournit en petites quantités un lait nourrissant et typique qui plaît aux consommateurs lassés des goûts standardisés. A la ferme des Sept-Chemins, Cédric et ses associés fabriquent eux-mêmes beurre, crème, fromages frais, tomme et « gwell », un lait fermenté de grand-mère. Ces produits rustiques au goût crémeux sont ensuite directement vendus à la ferme, à des AMAP situées à Nantes, ces associations de mise en relation entre producteurs et consommateurs, ainsi qu’à des restaurateurs des environs. L’ancien conseiller technique agricole qui, dans sa vie d’avant, suivait à reculons la règle du« produire plus », se dit heureux d’être en accord avec ses valeurs grâce à un mode de production écologiquement responsable et économiquement viable.
Donner envie aux agriculteurs
« Et puis, il y a la reconnaissance sociétale », ajoute Cédric, bien conscient de l’image dégradée dont souffre l’agriculture conventionnelle. Mais le malheur des uns ne fait pas forcément le bonheur des autres. « Cela me touche que des paysans aient des difficultés financières et n’aillent pas bien socialement. Je ne m’en réjouis surtout pas, même si je ne m’en sens pas responsable. » Cédric Briand redoute de passer pour un donneur de leçons, criant son bonheur bio sur tous les toits. S’il ne cherche pas à faire du prosélytisme, il pense tout de même que son histoire peut « donner envie aux agriculteurs qui sont dans l’adversité et se posent des questions ».
Pour l’heure, tous ces débats passent très au-dessus des cornes en forme de lyre qui ornent la tête de Fine, la future starlette du Salon de l’agriculture, et de ses copines paissant tranquillement dans un champ à l’herbe grasse. Certaines arborent d’ailleurs sur le front une petite touffe de poils blancs en forme de cœur. Comme un signe extérieur de bonheur sur la tête de la pie noir, aussi surnommée « la vache des paysans heureux ».
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Y avait-il trop d’oiseaux pour en choisir un seul ? À qui attribuer l’oubli ? Le mystère reste entier : pourquoi le Canada n’a-t-il pas d’oiseau national, comme les États-Unis ont l’aigle à tête blanche et la France le coq ? Nul ne sait l’expliquer, pas même au ministère du patrimoine canadien, responsable des symboles de la confédération. Au terme d’un long processus, enclenché par la Société géographique royale du Canada, le poste vacant devait être comblé début 2017, à temps – espérait-elle – pour les célébrations du 150e anniversaire du pays. Mais Ottawa tergiverse. Peut-être parce que le projet plaisait trop à Stephen Harper, prédécesseur du premier ministre Justin Trudeau. Ou parce que ce dernier n’est pas convaincu que l’oiseau retenu est le bon.
Il a fallu deux ans de débats passionnés pour que le choix de la Société géographique s’arrête sur le mésangeai du Canada – aussi appelé geai gris ou, en anglais, whiskey jack ou grey jay. La « une » du numéro de décembre de son magazine, le Canadian Geographic, s’orne d’une photo du gagnant. Sauf qu’on est loin du but, l’État fédéral refusant d’entériner la décision. « Pour l’instant, le gouvernement n’a pas l’intention de considérer l’adoption d’un oiseau à titre de symbole national », explique de manière laconique le ministère du patrimoine canadien.
Le canard s’est fait déplumer
L’affaire était pourtant bien engagée, avec un réel engouement populaire pour le sujet. Le Canadian Geographic avait lancé le bal en 2015 avec une vaste consultation pour sélectionner un oiseau parmi plus de 450 espèces fréquentant le territoire canadien. La tache était ardue. Il fallait trouver un oiseau présent dans les treize provinces et territoires et, si possible, qui n’ait pas déjà été choisi par l’un d’eux comme emblème !
Pour mener à bien son projet, la revue a fait voter les Canadiens. Le dépouillement des 50 000 votes a permis de dresser en août dernier une liste de cinq finalistes. Le plongeon huard, canard au cri envoûtant, est arrivé en tête, avec près de 14 000 votes, suivi par le harfang des neiges (près de 9 000 votes), le mésangeai du Canada (près de 8 000 votes), puis la bernache du Canada et la mésange à tête noire. Le 19 septembre, une équipe d’experts renommés a été convoquée au Musée canadien de la nature, à Ottawa, pour débattre du meilleur choix à faire parmi les « candidats ». Sur les réseaux sociaux, le hashtag #CanadaBird faisait alors fureur.
« [Le mésangeai du Canada] incarne l’esprit amical des forêts boréales nordiques et des montagnes. » La Société géographique royale
Le 16 novembre, le huard a été recalé.Non parce qu’il orne la pièce d’un dollar canadien, mais parce qu’il fuit le Canada au début de l’hiver et qu’il était déjà symbole aviaire de l’Ontario. Même scénario pour le harfang des neiges qui, bien que résident permanent canadien, est l’un des emblèmes du Québec. Restait le troisième sur la liste… Décrit comme intelligent, résistant et peu farouche, le mésangeai du Canada (de son nom latin Perisoreus Canadensis) est présent partout et toute l’année. « Il incarne l’esprit amical des forêts boréales nordiques et des montagnes » dont il est un indice de santé, en plus d’inspirer « des idéaux de conservation pour tous les types d’utilisation des terres dans le Nord », précise la Société géographique royale. Il a, en outre, son importance dans la culture autochtone et n’est pas déjà un emblème provincial ou territorial.
« Vous n’allez jamais trouver un oiseau aussi amical et facile d’approche que le mésangeai », affirme David Bird, professeur émérite en biologie à l’Université McGill de Montréal et ornithologue réputé, qui avait défendu becs et ongles les couleurs de cet oiseau lors du débat public du 19 septembre. L’ex-ministre canadienne de l’environnement, Catherine McKenna, s’était alors montrée favorable. Mais sa collègue au ministère du patrimoine, Mélanie Joly, semblait moins pressée. Il faut dire que le choix ne fait pas l’unanimité. Certains Canadiens regrettent que le vote populaire n’ait pas été respecté ; d’autres se plaignent du choix d’un oiseau qu’ils ne voient jamais dans leur jardin. Aaron Kylie, rédacteur en chef du Canadian Geographic, réplique : « Ils ne voient pas plus de castor, qui est pourtant notre emblème animal ! »
On est loin du tapis rouge de la Croisette. Mais le Festival du film de Luang Prabang a une importance cruciale pour les cinéphiles du Laos. Du 2 au 7 décembre, la troisième ville du pays, belle endormie de 50 000 habitants nichée au creux de montagnes verdoyantes sillonnées par le Mékong, a accueilli 20 000 spectateurs. Sur la place principale, aux abords du mont Phousi et du marché de nuit, un écran géant dressé face à 1 000 chaises en plastique bleu suffit pour que la magie opère. Des enfants scrutent la toile avec des yeux émerveillés, des familles entières gloussent et s’invectivent au milieu de touristes sirotant une Lao Beer. Une atmosphère de fête telle qu’elle existait dans les foires de village d’antan.
Seulement trois cinémas sur le territoire
Pour sa septième édition, l’unique festival consacré au cinéma d’Asie du Sud-Est a diffusé trente-deux films en présence de vingt et un de leurs auteurs. Un pari osé dans une ville qui ne compte même pas une salle de cinéma !
Car au Laos, deux décennies de guerre civile (1953-1973) ont eu raison de ce divertissement, pourtant populaire. Depuis, l’industrie cinématographique est étroitement liée au parti communiste et sert sa propagande, à l’instar de Red Lotus (1988), le film laotien le plus connu qui mettait en scène des amours contrariées sur fond de guerre. Aujourd’hui, malgré l’ouverture de trois cinémas dans le pays, les Laotiens sont plus habitués aux séries et films thaïlandais diffusés à la télévision, en raison de la proximité des deux langues. Les jeunes privilégient les DVD piratés ou visionnent des films sur Internet, le plus souvent sur leur téléphone portable.
« Le Laos est un pays de 6 millions d’habitants avec un marché minuscule. Grâce au festival, nos films sont vus, appréciés, et les choses évoluent lentement. » Le réalisateur Xaisongkham Induangchanthy
« Ce festival offre aux Laotiens une fenêtre sur l’ailleurs, se félicite son organisateur Gabriel Kuperman, un New-Yorkais de 31 ans expatrié en 2008. Mais leur montrer un blockbuster américain ou un film français leur parlerait sans doute moins que des films évoquant la région. »
Comme le documentaire projeté en ouverture – Banana pancakes and the Children of Sticky Rice, réalisé par le Néerlandais Daan Veldhuizen –, qui raconte les frictions nées, à l’arrivée de routards dans un village isolé du nord du pays, de la quête d’authenticité des backpackers et de la soif de modernité des locaux. Une histoire universelle qui entre particulièrement en résonance à Luang Prabang, bourgade muséifiée qui, depuis son classement au patrimoine mondial de l’Unesco en 1995, subit et profite à la fois du boom du tourisme. On retiendra aussi Diamond Island, le film du Franco-Cambodgien Davy Chou, ou encore le documentaire vietnamien Finding Phong, de Tran Phuong Thao, qui suit le processus de transformation d’un transsexuel en femme – qui devrait sortir en France.
Au-delà des frontières laotiennes, ce rendez-vous annuel permet de bâtir une communauté d’artistes et d’idées dans une région qui, de la Birmanie aux Philippines, est extrêmement variée. Pour la première fois cette année, dix jeunes réalisateurs ont été invités à un atelier mené par le renommé Tribeca Film Institute, sur l’art du pitch, étape fondamentale vers la recherche de financeurs et de diffuseurs. « Le Laos est un pays de 6 millions d’habitants avec un marché minuscule, détaille, sous son béret, le réalisateur Xaisongkham Induangchanthy. C’est dur de gagner sa vie avec le cinéma, mais, grâce au festival, nos films sont vus, appréciés, et les choses évoluent lentement. »At the Horizon, le thriller qu’il a produit, est le premier film laotien acheté par la chaîne américaine HBO. Le nombre de productions locales a triplé, pour passer à cinq ou six par an depuis l’essor du plus charmant festival du monde…
Par Eléonore Sok-Halkovich
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