Chine : une nouvelle loi pour mieux censurer les applications
La « Grande muraille électronique », surnom du système de censure chinois, s’agrandit. Alors que les autorités de Pékin censurent déjà allègrement les sites web, elles veulent désormais s’attaquer aux applications. Une nouvelle loi, entrée en vigueur lundi, oblige les boutiques d’applications à se soumettre à un contrôle accru de leurs contenus en s’enregistrant auprès de The Cyberspace Administration of China, l’organisme de régulation de l’Internet chinois.
L’objectif affiché est de « promouvoir davantage un développement sain et ordonné de l’industrie des magasins d’applications Internet », assure le communiqué de l’organisme. « Certains distributeurs d’applications n’ont pas strictement analysé les applications avant de les proposer sur leur plateforme, ce qui a eu pour conséquence que certaines applications diffusaient des informations illégales, violaient les droits et intérêts des utilisateurs et entraînaient des risques pour la sécurité », poursuit l’agence de régulation.
5,4 millions d’appli disponibles en Chine en 2016
En Chine, la boutique d’applications Google Play pour Android est interdite, alors qu’environ trois quarts des utilisateurs chinois de smartphones sont sous ce système d’exploitation. Conséquence : pour combler le vide, les sites d’applications alternatifs se sont multipliés, précise le New York Times, et le marché est très segmenté. Ce qui complique l’exercice de censure des contenus souhaité par Pékin. « Il est presque impossible pour les régulateurs d’enregistrer et de superviser une à une les millions d’applications créées », estime au Wall Street Journal Zhu Wei, directeur adjoint du Centre de recherche en droit des communications à l’Université chinoise de science politique et de droit. Alors qu’il y avait 1,4 million d’applications disponibles en Chine en 2012, il y en avait 5,4 millions l’année dernière, selon les estimations de Statista.
Cette décision intervient quelques semaines après la suppression de l’application du New York Times de l’Apple Store chinois, à la demande des autorités locales. En août dernier, la Chine a adopté une première loi pour accroître son contrôle sur le marché des applications. Elle impose notamment aux utilisateurs de smartphones de s’enregistrer avec leur véritable identité afin d’utiliser des applications – à charge de vérifier ces données avec un numéro de portable par exemple, rapporte le South China Morning Post. Les utilisateurs peuvent aussi voir leurs comptes suspendus s’ils partagent des informations jugées illégales par Pékin comme du contenu « violent, terroriste, obscène, pornographique et des rumeurs contre la loi », précisait alors The Cyberspace Administration of China.