Face à la menace Trump, le Mexique au secours de ses émigrés
Reste calme, ne réponds pas aux provocations, ne te laisse pas avoir », conseille la ministre mexicaine des affaires étrangères, Claudia Ruiz Massieu, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Ces paroles rassurantes s’adressent aux 12 millions de Mexicains vivant aux États-Unis, dont la moitié est constituée de clandestins. Face aux expulsions massives de sans-papiers annoncées par Donald Trump, le gouvernement mexicain a lancé un plan d’action pour défendre ses ressortissants, dont une application originale pour smartphone.
Baptisée MiConsulmex, cette dernière est disponible gratuitement sur les systèmes d’exploitation Android et iOS. L’application fournit en espagnol une multitude d’informations et de conseils pratiques, tels les adresses, horaires d’ouverture ou lignes d’urgence des consulats mexicains aux États-Unis. En cas d’arrestation, l’option « assistance et protection » préconise de « ne pas fuir, ni opposer de résistance. (…) Ne rien signer avant de bénéficier de l’assistance consulaire, (…) les autorités sont obligées de vous la proposer, sinon demandez-la ». D’un coup de pouce ou d’index, on peut aussi s’enquérir des dernières mesures migratoires américaines et prendre rendez-vous dans l’un des cinquante consulats que compte le Mexique aux États-Unis, le plus important réseau diplomatique du pays.
Comment gérer le retour possible des émigrés ?
« Tu n’es pas seul », assure Claudia Ruiz Massieu dans la web-vidéo qui a lancé, le 16 novembre, les onze mesures du « plan de protection » des émigrés. Numéro vert, consulats mobiles, horaires d’accueil élargis, réseaux d’avocats spécialisés et autres liens renforcés avec les organisations de défense des droits civils viennent compléter un programme mis en place deux mois avant l’investiture du nouveau président américain, prévue le 20 janvier.
L’enjeu est de taille : sur les 12 millions de clandestins présents sur le sol américain, 5,7 millions sont mexicains, cibles privilégiées du magnat de l’immobilier qui les a traités de « violeurs » et de « criminels » durant sa campagne. « Le Mexique doit se préparer au pire », a averti Luis Raúl González, président de la commission mexicaine des droits de l’homme. Les experts s’inquiètent notamment de l’incapacité de l’économie mexicaine à absorber de possibles retours massifs d’émigrés au pays. C’est là que le bât blesse, selon le quotidien de gauche La Jornada. « Le plan annoncé par le gouvernement est très insuffisant », a fustigé son éditorial du 17 novembre. Pour Fernando Herrera, sénateur du Parti action nationale (PAN, droite), « le gouvernement doit passer du discours à l’action ». Même critique du côté de son homologue du Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche) Miguel Barbosa : « La menace Trump impose que le gouvernement crée un cabinet de crise spécifique. »
Pour l’heure, l’application MiConsulmex conseille aux émigrés d’« éviter les situations de conflit et les actes illégaux ». Depuis son élection, Donald Trump a précisé que son programme de reconduite à la frontière visera en priorité deux à trois millions de sans-papiers qui ont commis un délit.
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