Mises à jour de juin, 2016 Activer/désactiver les fils de commentaires | Raccourcis clavier

  • admin9596 6:45 pm le June 12, 2016 Permaliens  

    L’art de laboratoire 

    Dans sa série « Ways of Knowing », le Britannique Daniel Stier interroge le besoin commun qu’ont les artistes et les chercheurs de comprendre le monde avec peu de moyens. Il met en scène des expérimentations qui deviennent des sujets artistiques.

    Toutes les photos sont issues du livre « Ways of Knowing » (Yes Editions).

     
  • admin9596 10:01 pm le June 9, 2016 Permaliens  

    En Inde, la chasse aux fraudeurs fiscaux se fait au son des tambours 

    L’envoi de percussionnistes devant le domicile des mauvais payeurs a permis de faire rentrer 4 millions d’euros dans les caisses de la ville de Thane.

    Thane est une ville de 2 millions d’habitants noyée dans l’agglomération grouillante de Bombay, sur la côte ouest de l’Inde. Adossée aux contreforts d’une gigantesque forêt connue pour abriter une trentaine de léopards en liberté, elle vient d’expérimenter une recette imparable pour faire la chasse aux administrés qui se montrent rétifs au paiement des impôts locaux.

    Un orchestre lors d’une fête traditionnelle à Bombay.

    Après avoir publié leur nom dans le journal sans que cela ne produise d’effet, la municipalité a décidé d’envoyer un groupe de percussionnistes faire du tapage sous les fenêtres des fraudeurs, comme on le fait d’ordinaire pour les mariages ou les anniversaires. Dans un pays où l’on craint énormément le qu’en-dira-t-on, la méthode est radicale : le son des tambours déclenche un sentiment de honte tel qu’au bout de quelques minutes seulement, les intéressés se précipitent à la mairie pour payer leurs arriérés.

    « Si un orchestre se déchaîne devant votre maison, c’est votre réputation qui est en jeu. » Sanjeev Jaiswal, inspecteur en chef des impôts de Thane

    A l’origine de cette initiative inspirée des pratiques du Moyen Age, Sanjeev Jaiswal, l’inspecteur en chef des impôts de Thane. « Quand vous recevez au courrier une injonction de payer, vos voisins ignorent que le fisc vous réclame de l’argent, explique-t-il. Mais si un orchestre se déchaîne devant votre maison, c’est votre réputation qui est en jeu. » Lancée au début de l’année, la collecte tambour battant de l’impôt foncier et de la taxe sur l’eau a permis de récupérer plus de 300 millions de roupies (4 millions d’euros) avant la clôture de l’exercice fiscal, fin mars.

    La méthode a néanmoins ses limites. D’après les calculs des comptables de la municipalité, la fraude fiscale entraîne un manque à gagner cinq fois plus important (1,6 milliard de roupies, l’équivalent de 21 millions d’euros). Difficile, effectivement, d’envoyer des musiciens partout. Compliqué aussi d’identifier nommément les fraudeurs (personnes physiques ou entreprises). D’où l’idée d’offrir une carotte supplémentaire aux contribuables repentants, sous la forme d’une amnistie fiscale. Les administrés qui consentaient d’eux-mêmes à se mettre en règle ont eu droit à une réduction de 50 % sur les pénalités de retard, ce qui a fait revenir 300 millions de roupies supplémentaires dans les caisses de Thane.

    Après les musiciens, les transsexuels

    C’est bien connu, la musique adoucit les mœurs et Sanjeev Jaiswal n’a pas tardé à craindre que la population finisse par s’habituer aux bruits des tambours. Il vient donc d’abattre une nouvelle carte : cette année, il va envoyer chez les fraudeurs fiscaux, non plus des musiciens, mais des transsexuels, qui viendront danser sur le pas de leur porte.

    Désignées en Inde par le terme d’« hijra », ces personnes sont très respectées. Mais elles inspirent aussi la peur car elles sont réputées capables de jeter des mauvais sorts. La créativité de Thane pourrait-elle inspirer l’Etat fédéral indien, lequel a le plus grand mal à collecter l’impôt sur le revenu ? D’après les dernières statistiques publiées fin avril par le gouvernement de Narendra Modi, les Indiens ont été moins de 50 millions à remplir une déclaration de revenu en 2015. Et à peine plus de 25 millions à payer au bout du compte un impôt. Une goutte d’eau dans ce pays de 1,3 milliard d’habitants, où le taux des prélèvements obligatoires ne représente que 21 % du produit intérieur brut (contre 53 % en France), calculait tout récemment le FMI.

    Stéphane Picard

     
  • admin9596 12:03 pm le June 8, 2016 Permaliens  

    A Nantes, le temps d’un été, la Cantine fait potager 

    Le Voyage à Nantes, série d’événements culturels dans la métropole de Loire-Atlantique, cultive son Potager de la Cantine : une agriculture bio destinée à nourrir 500 personnes par jour.

    Tous les légumes du Potager  composeront l’entrée de La Cantine, qui propose, 7 jours sur 7, un menu à 10 € le midi et à 13 € le soir.

    Evénement culturel protéiforme,Le Voyage à Nantes déplace les foules tous les étés depuis 2012. Land art, installations durables ou éphémères, parcours urbains décalés, opérations de végétalisation débridées, happenings culinaires, chaque édition apporte son lot de nouveautés au cœur de la métropole de Loire-Atlantique.

    Cette année, Le Voyage à Nantes ou VAN (dont le lancement officiel est prévu le 1er juillet) a déjà démarré avec la réouverture de La Cantine du Voyage, haut lieu de cuisine populaire implanté sur les anciens docks de l’île de Nantes depuis quatre ans, mais aussi avec la création d’une vaste annexe potagère.

    Lutter contre « l’hostilité urbaine »

    Erigé sur un grand carré de bitume nu, Le Potager de la Cantine du Voyage a été inauguré début mai, lors d’un raout où se sont rassemblés près d’une dizaine de milliers de Nantais, jusque tard dans la nuit. Conçu par l’agriculteur Olivier Durand, l’architecte Etienne Péneau et le patron de la Cantine Philippe Clément, conjointement à l’équipe technique du Voyage à Nantes, ce singulier jardin fait le pari de « transformer l’hostilité urbaine en île végétale au cœur de la ville ».

    900 m2 d’emprise au sol, 650 m2 de surfaces cultivées, 2 230 palettes transformées en bacs et plateformes, un chantier zéro déchet (les chutes de palettes ayant été utilisées comme porte-pots) et une masse de pousses de salades, radis, concombres, courgettes, tomates, fraises et herbes aromatiques, dont huit variétés de menthe et douze basilics différents, cultivés sans aucun traitement : pensé comme un outil nourricier et agronomique tout autant que pédagogique, ce potager moderne, ouvert au public, veut faire figure d’exemple, puisqu’il s’agit ici de nourrir les foules, et non quelques privilégiés gastronomes.

    Tous les légumes produits sont destinés à composer l’entrée de La Cantine, qui propose, 7 jours sur 7, un menu à 10 € le midi et à 13 € le soir (entrée + plat du jour) – soit près de 500 couverts au quotidien, et plus de 75 000 couverts par saison. Une cuisine simple, saine et bon marché, directement reliée à l’histoire du maraîchage nantais.

    « Je rêve de faire revenir les agriculteurs au cœur de la ville. C’est la manière la plus directe et efficace de nourrir les populations. » Olivier Durand, concepteur du Potager

    « Mon idée et mon souhait, explique Olivier Durand, c’est de prouver que l’on peut produire de très bons aliments, en grand volume, sur des surfaces réduites, et à moindre coût. » Reconnu pour la qualité de ses légumes (qu’il cultive par ailleurs en périphérie de Nantes depuis six ans), l’agriculteur sait associer les traditionnelles techniques maraîchères de sa région à des pratiques découvertes lors de ses multiples voyages.

    Avec ce nouveau défi, il entend prouver la nécessité et la viabilité de l’agriculture urbaine à grande échelle. « Je rêve de faire revenir les agriculteurs au cœur de la ville, poursuit-il. C’est la manière la plus directe et efficace de nourrir les populations, mais aussi une façon de réinventer nos métiers de paysans, en les insérant dans l’effervescence urbaine et plus dans la solitude du champ. J’aimerais, à Nantes et ailleurs, qu’il ne s’agisse plus seulement de créer de jolis projets de paysagistes, mais de faire vivre les producteurs comme les consommateurs. » Et même si Le Potager de la Cantine est censé disparaître quand le restaurant refermera ses portes, en octobre prochain, Olivier Durand a déjà mille autres idées pour poursuivre son doux rêve vert.

    Le Voyage à Nantes, du 1er juillet au 28 août 2016. http://www.levoyageanantes.fr

     
  • admin9596 7:14 am le June 7, 2016 Permaliens  

    Francis Ford Coppola, « parrain » d’un distributeur de nouvelles made in France 

    Amateur de « short stories », le réalisateur américain a fait venir à San Francisco une machine qui en distribue.

    Le réalisateur Francis Ford Coppola a installé un distributeur d’histoires courtes au Cafe Zoetrope, son restaurant de San Francisco.

    Alors que d’autres figures du cinéma sont à Cannes, Francis Ford Coppola fait la ­promotion de la ­littérature à San Francisco, au Cafe Zoetrope, son restaurant de North Beach, le quartier italien. Cette brasserie très parisienne, aux rideaux de velours rouge, est située au rez-de-chaussée du Sentinel Building, bâtiment au nez pointu et à la façade de cuivre datant de 1907. Dans ce « Flatiron de San Francisco », que le cinéaste a racheté au début des années 1970, il a installé le siège d’American ­Zoetrope, son studio de ­production, et tout en haut, son bureau.

    Le cinéaste féru des formats courts

    Ce 10 mai, les convives dînent joyeusement. Parmi eux, Willie Brown, ancien maire de la ville, attablé sous une grande affiche des Vacan­ces de ­Monsieur Hulot. Coppola n’est cette fois pas assis dans l’alcôve décorée de menus artistiquement ­gribouillés qui lui est habituellement réservée, mais sur une banquette, près de l’entrée. Un dîneur parmi d’autres… ou presque. L’assemblée fête la sortie du dernier numéro de Zoetrope : All-Story, un magazine trimestriel de nouvelles. Le réalisateur aime les short stories, un genre, dit-il, qui lui ­rappelle le cinéma. Comme les films, les histoires courtes se consomment d’une traite. Le personnage central, ce soir, n’est pas l’auteur du Parrain mais une machine.

    Francis Ford Coppola a permis à Quentin Pleplé, cofondateur de Short Story, de filmer leur entretien lorsque celui-ci est venu lui livrer la machine (en haut à droite, les deux hommes, le 9 mai). Le distributeur trône désormais au Sentinel Building (à gauche), l’immeuble acquis par le cinéaste dans les années 1970, siège de son studio de production ainsi que de sa brasserie.

    Cette borne cylindrique terminée par une dalle de bois laquée de verre est un distributeur automatique de nouvelles, connecté à Internet. L’appareil est arrivé de France quelques jours plus tôt. Coppola a insisté pour la placer au centre du café, devant le bar. Avec ses lumières, elle exerce un attrait mystérieux. Les convives hésitent avant d’appuyer sur le bouton à options. Veulent-ils lire pendant une minute ? Trois ? Cinq ? Une fois qu’ils ont décidé, le distributeur leur livre un texte sur un petit rouleau de papier. Format facturette allongée.

    « Quelle bonne idée ! Retourner à l’analogique, c’est si rafraîchissant », commente Sam Johnson, un jeune designer « tombé » sur The one who was bored (« celui qui s’ennuyait »), de Sarah Beaulieu. Casson Kauffman, ­plasticienne, apprécie que la machine délivre les textes de manière aléatoire : « C’est cool. Il y a un petit élément de destin. » Elle vient de lire In front of our eyes (« sous nos yeux »), une nouvelle d’une minute de Nicolas Juliam.

    Start-up grenobloise

    Les textes, traduits pour l’occasion en anglais, ont à l’origine été publiés en ­français sur la plateforme de Short Edition. Cette start-up qui compte maintenant une quinzaine de salariés a été lancée à Grenoble en 2011 avec l’idée de mettre en relations auteurs et lecteurs : les écrivains amateurs y postent leur ­histoire en ligne (condition expresse : qu’elle se lise en moins de vingt minutes). Les lecteurs s’abonnent (gratuitement) et votent (« j’aime cette œuvre »). Quelque 11 000 auteurs ont déjà publié des nouvel­les sur la plateforme, laquelle revendique un fonds de 40 000 textes et plus de 166 000 lecteurs. Chaque histoire est lue avant publication par un comité éditorial d’une centaine de personnes issues de la ­communauté des abonnés.

    « L’Interview découverte » de Christophe Sibieude, l’un des cofondateurs de Short Story, sur « La matinale d’Europe 1 », le 3 février 2016 :

    C’est en se servant à la machine à boissons de son lieu de travail qu’en 2013, Quentin Pleplé, cofondateur de Short Edition avec sa mère, Isabelle, et Christophe Sibieude, a eu l’idée du distributeur de ­nouvelles. Moins de deux ans plus tard, en octobre 2015, la première borne était installée à l’hôtel de ville de Greno­ble. Depuis, une vingtaine d’autres sont apparues en France, notamment dans les gares de Rennes, Brest, Bordeaux et Quimper ainsi qu’au centre commercial Italie 2, à Paris. « Quarante autres sont en commande », indique Quentin Pleplé, qui est venu installer le distributeur à San Francisco. Les machi­nes sont louées au mois. Les écrivains amateurs touchent des royalties sur la location des bornes. Les utilisateurs ont accès au contenu gratuitement.

    Coppola espère faire école aux Etats-Unis

    L’histoire du rapprochement avec Coppola se lit comme un conte de fées. Après avoir eu vent d’un article du New Yorker sur l’installation de la première machine à ­Grenoble, le cinéaste a contacté Short Edition. Isabelle Pleplé, qui a reçu son ­courriel, a cru à une farce. Coppola a insisté. « Je suis allé les voir à Paris et je me suis présenté », raconte-t-il, farceur.

    Contrairement aux clients « ­ordinaires », le réalisateur a obtenu de pouvoiracheter – et non louer – son distributeur (pour un montant confidentiel). Il entend y introduire des auteurs américains, et en particulier ceux de son magazine. Son objectif est de faire école, de voir fleurir des rouleaux dans les lieux publics, les bars, les files d’attente des administrations, pour que les citoyens puissent « accéder gratuitement à la culture ». Quentin Pleplé, 27 ans, polytechnicien, spécialiste du big data, est éberlué. Non seulement le maestro aime « sa » machine, mais il lui a permis de filmer leur entretien. « Pour nous, c’est une énorme reconnaissance », apprécie-t-il.

    La vending machine (distributeur automatique) a-t-elle un avenir au paradis de la technologie ? Pourquoi les gens de San Fran­cisco adopteraient-ils le papier alors qu’ils peuvent lire le texte directement sur leur smartphone ? Coppola, 77 ans, pionnier des effets ­spéciaux, ami de George Lucas et de Pixar, croit à l’avenir du papier. « C’est une expérience, nous dit-il. Et ce n’est pas commercial. »

     
  • admin9596 1:21 pm le June 5, 2016 Permaliens  

    Taïwan veut en finir avec le culte de Tchang Kaï-chek 

    Le Parti progressiste démocratique, qui vient d’arriver au pouvoir, pourrait changer la vocation du mémorial dédié à l’ex-dictateur.

    Avec ses parois de marbre blanc et son toit octogonal de tuiles bleues, le mémorial de Tchang Kaï-chek, au centre de Taipei, est l’une des attractions favorites des touristes chinois venus du continent. Ils posent pour des selfies devant le bâtiment ou viennent admirer le changement de la garde devant le bronze du « Généralissime » assis sur son trône.

    A Taipei, le mémorial de Tchang Kaï-Chek suscite la polémique.

    Tchang Kaï-chek, qui avait fui la Chine pour Taïwan en 1949 après la victoire de Mao, a gouverné l’île d’une main de fer jusqu’à sa mort, en 1975. Quarante et un ans plus tard, le culte dont il continue de faire l’objet divise toujours profondément les Taïwanais. Vénéré par les caciques du Kouomintang (KMT), le parti unique sur lequel reposa son règne, l’ancien dictateur est critiqué et même conspué par le camp adverse. Les anciens opposants rappellent les exactions commises par le régime durant la « terreur blanche » qui dura jusqu’en 1987.

    La victoire remportée en janvier par Tsai Ing-wen et son Parti progressiste démocratique (le DPP) pourrait changer la vocation du mémorial. Si Taïwan est une démocratie depuis vingt ans, c’est la première fois que l’opposition obtient la majorité au Parlement. Les nouveaux députés ont commencé, le 2 mai, les auditions publiques autour d’un projet de loi sur la justice transitionnelle. Mme Tsai, qui a pris officiellement ses fonctions vendredi 20 mai, devrait consacrer à cet ambitieux chantier législatif les premières grandes décisions de son mandat de présidente.

    Lire aussi : Taïwan : la nouvelle présidente, Tsai Ing-wen, tend la main à Pékin

    Cette loi vise à faciliter l’accès aux dossiers politico-judiciaires de l’époque et à revenir sur certains verdicts injustes. Sous la « terreur blanche », les procès expéditifs étaient courants. Il s’agira aussi de passer au crible le patrimoine du KMT, issu en partie de spoliations perpétrées sous la loi martiale. Dernier objectif : « Faire disparaître les symboles de l’autoritarisme et préserver la mémoire des injustices. »

    Un espace « terreur blanche »

    Le mémorial de Tchang Kaï-chek est évidemment concerné. Déjà en 2007, le président Chen Shui-bian, du DPP, mais qui gouvernait sans majorité parlementaire, avait tenté de le rebaptiser Hall national de la démocratie, à Taïwan. L’esplanade contiguë était devenue la place de la Liberté. Mais, dès le retour du KMT au pouvoir en 2009, le mémorial reprit son nom originel. Seule la place de la Liberté survécut.

    Désormais dans l’opposition, le KMT, qui estime avoir fait amende honorable, tente de résister. Pour contrer les témoignages d’anciennes victimes et de militants d’ONG, il a mandaté des experts et des historiens censés défendre le legs de Tchang Kaï-chek. C’est grâce à ce dernier, a rappelé un historien pro-KMT, que les trésors des collections impériales chinoises, qui avaient été transférées à Taïwan, sont aujourd’hui l’une des principales attractions touristiques du pays. Avec le mémorial, justement.

    L’un de ses confrères s’est emporté : si Tchang Kai-chek est responsable de tout, alors « rasez son mémorial ! », a-t-il lancé. Les promoteurs de la loi sur la justice transitionnelle disent rechercher le consensus. Le mémorial pourrait être transformé en « musée de la démocratie » : des espaces y seraient consacrés à la « terreur blanche », au lieu de l’exposition hagiographique actuelle. D’autres souhaitent y créer un « musée des présidents de Taïwan ». Une chose est sûre, quelle que soit la solution choisie, Tchang Kaï-chek en prendra pour son grade.

     
  • admin9596 10:59 am le June 4, 2016 Permaliens  

    Coulé dans le béton, un caïd new-yorkais refait surface 

    La découverte du cadavre de Peter Martinez à Brooklyn refait parler de cette funeste méthode supposément marquée du sceau de la Mafia.

    Le 2 mai 2016, le corps de Peter Martinez, surnommé « Petey Crack », a été retrouvé à Manhattan Beach, à New York. La mort a eu lieu par noyade, pieds dans le ciment et haut du corps entouré de sacs en plastique.

    La littérature policière fourmille de recettes pour fairedisparaître un corps. Dissolution dans l’acide, enfouissement, incinération… Les ­criminels n’ont que l’embarras du choix. L’une de celles qui frappent le plus l’ima­ginaire est certainement la méthode qui consiste à noyer sa victime après lui avoir coulé les pieds dans le béton. Ce fut prétendument pendant des années la ­signature de la Mafia, que l’on retrouve dans certains films ou romans noirs.

    Quelle ne fut donc pas la surprise des ­policiers de New York, quand, alerté début mai par un étudiant qui se promenait sur Manhattan Beach au sud de Brooklyn, le long d’Oriental ­Boulevard, ils ont découvert un cadavre échoué sur le rivage, les jambes emprisonnées jusqu’aux tibias dans un énorme seau rempli de ciment, les mains liées dans le dos. Le haut de la dépouille avait été emmailloté dans des sacs en plastique noirs, tandis que la tête était recouverte d’adhésif gris. Une ­véritable « momie », dixit l’officier chargé de l’enquête.

    Disparu depuis trois mois

    Après autopsie, la police a identifié le corps. L’immense tatouage d’une Vierge Marie tenant une rose que la victime portait dans le dos lui a sans doute facilité la tâche. Il s’agissait de Peter Martinez, connu sous le nom de « Petey Crack », l’un des caïds d’un gang de Brooklyn. Il n’avait que 28 ans, mais un casier judiciaire déjà bien rempli. Arrêté trente et une fois, il avait notamment purgé une peine de deux ans de prison en 2011 pour vol.

    L’homme avait disparu le 5 février 2016, alors qu’il était parti chez le coiffeur pour se « faire les tresses ». Ne le voyant pas revenir, sa petite amie avait lancé l’alerte. Petey Crack a refait surface trois mois plus tard, au propre comme au figuré. Visiblement, il avait eu le temps de passer chez le coiffeur. « Il a perdu ses doigts, mais ses cheveux sont encore ­parfaitement tressés », a expliqué un policier.

    « Ils ont bâclé le travail : il y avait de l’air dans le béton, c’est pour cela qu’il est remonté à la surface. » Les policiers

    Etait-il vivant lorsque ses assassins lui ont plongé les pieds dans le béton ? Difficile à dire. Si la méthode semble imparable sur le papier et la matière première pas très difficile à se procurer, la mise en pratique est beaucoup moins simple qu’il n’y paraît. Car le mélange ne durcit qu’après plusieurs heures. Et plus la température est basse, comme c’était visiblement le cas puisque le meurtre remonte à février, plus le temps de solidification est long. Par ailleurs, apparemment, sa fabrication n’est pas à la portée de tout le monde. « Ils ont bâclé le travail, parce qu’il y avait de l’air dans le béton, c’est pour cela qu’il est remonté à la surface », a expliqué la police au site d’informations locales, DNAinfo.

    Un précédent en 1964

    La complexité de l’opération explique-t-elle la rareté du procédé ? Ou est-ce au contraire sa diabolique efficacité qui fait que les cadavres retrouvés avec des bottes de mortier aux pieds se comptent sur les doigts de la main ? En tout cas, selon le New York Times, le dernier cas dans la ville remonterait à 1964, lorsque le corps d’Ernest Rupolo, un indic qui avait balancé à la police plusieurs membres de la mafia, avait été retrouvé à Jamaica Bay avec un parpaing attaché à chaque pied. En 1987, pour le procès de John Gotti, le ­parrain de la famille Gambino, l’une des cinq familles de la Mafia new-­yorkaise, une femme avait été écartée du jury après avoir raconté que son petit ami l’avait menacée de représailles. « Si tu fais quelque chose de mal, je mettrai la Mafia à tes trousses. Tu vas porter des chaussures en ciment », lui aurait-il promis.

    Des anec­dotes qui entretiennent la légende. Mais, après tout, si aussi peu de corps lestés de la sorte ont été retrouvés, c’est peut-être parce que le travail avait été réalisé avec plus de professionnalisme que celui des assassins de Petey Crack.

    La méthode des chaussures de béton alimente la légende noire de la Mafia… et l’humour noir. Ici, un colis-canular envoyé en 1985 au député Gerald Kopel, qui avait critiqué la loterie américaine : une paire de chaussures, un sac de ciment et une lettre de menace signée « The Mob ».
     
  • admin9596 1:45 am le June 2, 2016 Permaliens  

    Le plancton, source de vie en danger 

    N’y allons pas par quatre chemins : il est difficile de trouver sujet plus important que le plancton. Si le plancton meurt, l’océan meurt. Et si l’océan meurt, nous mourons aussi. Ce n’est pas plus compliqué. Pourtant, qui, hormis les biologistes, se soucie de ce monde fugace qui dérive au gré des courants marins ? Qui se préoccupe du plancton ? Depuis treize ans, la célèbre goélette Tara a certes mis à profit ses médiatiques expéditions autour du globe pour communiquer sur le sujet, mais populariser la science ne suffit pas.

    Directeur de recherche émérite au CNRS, Christian Sardet a fait de cette certitude une seconde carrière. Voilà une demi-douzaine d’années, associé au duo d’artistes Les Macronautes (Noé Sardet et Sharif Mirshak) autour du projet « Chroniques du plancton », il s’est mis en tête d’appliquer les techniques d’imagerie qu’il utilisait en laboratoire pour saisir et donner à voir l’extraordinaire variété de formes, de couleurs et de comportements de ce bestiaire marin pour l’essentiel indécelable à l’oeil nu. Il expose son travail au festival Kyotographie, qui se tient jusqu’au 22 mai dans l’ancienne capitale impériale du Japon. Exposition qui sera visible à la Fondation Cartier, à Paris, à partir du 2 juillet.

    Une diversité insoupçonnable

    « Arrivé au terme de ma carrière scientifique, j’ai dit à mes collègues de l’expédition Tara Oceans que j’essaierai désormais de faireconnaîtrele monde du plancton au public par le biais de l’image, par la rencontre de l’art et de la science, raconte-t-il. Au XIXe siècle, l’Allemand Ernst Haeckel avait réussi à populariser la question grâce à la publication de ses dessins de radiolaires [une espèce planctonique], les premiers du genre, qui ont suscité à l’époque un intérêt considérable. »

    Les photos de Christian Sardet montrent une diversité insoupçonnable. Sphères iridescentes, enroulements d’anneaux, figures géométriques luminescentes, voiles irisés, monstres miniatures… « J’ai pris le parti de toujours utiliser un fond noir, qui permet de faire ressortir toutes les nuances de couleurs et les détails des formes les plus complexes », présente le chercheur-photographe.

    Leurs noms sont aussi bizarres et poétiques que leurs formes sont diverses et extravagantes. Coccolithophores et diatomées, foraminifères et chaetognathes, radiolaires et appendiculaires, siphonophores et phronimes, pyrosomes et porpites… Sans compter les innombrables virus, bactéries et protistes de tous poils. « C’est l’écosystème le plus diversifié, le plus complexe et le plus ancien de la planète, soutient Christian Sardet. Cela va des organismes microscopiques aux siphonophores, de minces filaments qui peuvent mesurer jusqu’à cinquante mètres de longueur ! »

    Symbiose, parasitisme, prédation ou photosynthèse : tous les comportements et toutes les stratégies du monde vivant se retrouvent dans cette faune et cette flore minuscules. La majorité des images exposées est prise à l’Observatoire océanologique de Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes), le fief du biologiste français. Mais d’autres, inédites, résultent d’un travail conduit à la station biologique de Shimoda, sur des organismes prélevés dans les eaux japonaises.

    Méduse « Oceania armata », baie de Villefranche-sur-Mer.
    Fluorescence des cyanobactéries filamenteuses, baie de Shimoda, Japon.
    Siphonophore « Hippopodius hippopus », baie de Villefranche-sur-Mer.
    Organismes planctoniques unicellulaires et coloniaux, baie de Toba, Japon.
    Annélide polychète « Vanadis sp. », baie de Villefranche-sur-Mer.
    De gauche à droite et de haut en bas : Foraminifère Globigérine, baie de Villefranche-sur-Mer. Diatomée Licmophora, baie de Shimoda, Japon. Cténaire juvénile, Villefranche-sur-Mer. Crevette du Krill, mer Méditerranée. Radiolaire, baie de Shimoda. Diatomée « Chaetoceros », baie du Saint-Laurent, Canada.
    Mollusques, annélides, diatomées, larves de poisson et crustacés planctoniques, baie de Shimoda, Japon.
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    Méduse « Oceania armata », baie de Villefranche-sur-Mer.

    Christian Sardet et Les Macronautes

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    Nous aurions tort de mépriser cet univers invisible. Sur ses épaules reposent les grands équilibres bio-géologiques de la planète. Au poids, il pèse plus de 95 % de toute la biomasse présente dans les océans. Sa part végétale forme le socle de la chaîne alimentaire. Elle pompe des milliards de tonnes de gaz carbonique dans l’atmosphère et produit autant d’oxygène que l’ensemble de la végétation des terres émergées. « Chacune de nos respirations est un cadeau du plancton », écrit Christian Sardet dans le beau livre Plancton. Aux origines du vivant (Ed. Ulmer) publié en 2013 et qui rassemble son travail.

    A l’origine des montagnes

    Nous sommes redevables au plancton vivant, mais aussi au plancton mort, accumulé au fond des océans depuis des centaines de millions d’années. Leurs milliards de cadavres agglomérés au fil du temps ont formé les épaisses couches de roches sédimentaires dont sont constituées nos montagnes et dans lesquelles on retrouve encore parfois l’empreinte discrète d’un petit coquillage.

    S’il faut se soucier, aujourd’hui plus que jamais, de ce bestiaire caché, c’est qu’il risque fort de souffrir des dégâts infligés à l’océan par les activités humaines. Eaux de surface étouffées par les effluents agricoles, microplastique à la dérive, réchauffement des mers du globe, acidification par dissolution du dioxyde de carbone émis par la combustion forcenée du charbon, du pétrole et du gaz…

    En 1973, le film post-apocalyptique Soleil vert imaginait la disparition du plancton et la catastrophe alimentaire qui en découlerait pour les sociétés humaines. Cette éventualité ne relève peut-être plus totalement d’un scénario de science-fiction. En début d’année, des océanographes de l’Université du Maryland aux Etats-Unis publiaient dans la revue Geophysical Research Letters les résultats d’observations satellites montrant que, dans l’ouest de l’océan Indien, l’abondance de phytoplancton avait décliné de 30 % environ au cours des seize dernières années. L’information est passée remarquablement inaperçue.

    Festival international de la photo Kyotographie, à Kyoto (Japon). Jusqu’au 22 mai.

    La Fondation Cartier pour l’art contemporain présentera les photographies de Christian Sardet du 2 juillet 2016 au 8 janvier 2017, dans le cadre de l’exposition « Le grand orchestre des animaux ».

     
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