Mises à jour de mai, 2016 Activer/désactiver les fils de commentaires | Raccourcis clavier

  • admin9596 4:53 pm le May 29, 2016 Permaliens  

    En Sicile, le journaliste anti-Mafia était un pourri 

    Profitant de sa réputation d’intégrité, Pino Maniaci usait et abusait de son influence depuis des années. Il vient d’être mis en examen pour extorsion.

    Pino Maniaci en 2013 dans les studios de Telejato, la chaîne de télévision anti-Mafia qu’il dirigeait depuis 1999.

    Certains ont encore du mal à y croire. Pour les nombreuses associations anti-Mafia de Sicile, il était un héros. Par l’intermédiaire de sa petite télévision locale, Telejato, qu’il avait rachetée et dirigeait depuis 1999, Pino Maniaci, un entrepreneur, était devenu leur porte-parole, la face visible de leur combat.

    Avec ses moustaches fournies, ses lunettes, son bagout, sa manière de livrer sans détour dans ses journaux télévisés le nom des personnes soupçonnées de collusion avec le crime organisé, il passait même, à 63 ans, pour l’héritier de Peppino Impastato, un autre journaliste qui en savait trop, assassiné le 9 mai 1978. L’association Reporters sans frontières le comptait parmi sa liste des « héros mondiaux de l’information ».

    Le 4 mai, tout s’est effondré. Depuis cette date, Maniaci est « mis en examen pour extorsion » et interdit de séjour dans les provinces de Palerme, Trapani et Messine. Depuis cette date, il se tait. A la suite d’une enquête ouverte en 2014 par les carabiniers de l’île sur des complicités entre élus et membres de Cosa Nostra, le masque de Pino Maniaci est tombé.

    Amère comédie

    Grâce à une caméra-espion dissimulée dans le bureau du maire d’une petite commune, on peut voir et entendre le journaliste réclamer à son hôte la somme précise de 466 euros pour le prix de son silence. Il avait, disait-il, des informations capables de « faire sauter » toute l’administration municipale. L’élu fouille ses poches et règle sans discuter la somme exigée.

    Dans une autre écoute, il se fait fort de trouver un emploi à sa maîtresse. « Ne t’inquiète pas, j’en fais mon affaire. Tu n’as pas encore compris la puissance de Pino Maniaci », lui lance-t-il. La dame rêvant d’un CDI dans une administration, il la rassure de nouveau. « Sois tranquille, lui dit Maniaci, je te ferai gagner le concours. » Sa compagne est aux anges : « Toi, vraiment, avec cette télévision, tu fais trembler tout le monde. » On se croirait dans une comédie italienne, pourtant elle est amère.

    « Maintenant, ils sont tous à s’agiter. Même ce connard de Renzi m’a téléphoné. On va bientôt me donner une escorte ! » Pino Maniaci

    Pendant des années, l’homme aurait joué sur tous les tableaux, profitant de sa réputation d’intégrité, se faisant un honneur des menaces qu’il recevait : n’a-t-il pas failli être étranglé avec sa cravate par le fils d’un boss local ? Sa voiture n’a-t-elle pas été incendiée ? C’est la Mafia qu’il dénonce énergiquement sur le plateau de sa télévision lorsqu’il retrouve, en 2014, ses deux chiens pendus par un fil de fer dans la cour de sa résidence. « Les salauds ! », se lamente-t-il au bord des larmes. Matteo Renzi l’appelle pour l’assurer de la solidarité de la classe politique.

    En réalité, les mafieux n’y sont pour rien. C’est le mari de sa maîtresse qui a voulu se venger. Maniaci le sait, qui fanfaronne au téléphone en riant : « Maintenant, ils sont tous à s’agiter. Même ce connard de Renzi m’a téléphoné. On va bientôt me donner une escorte ! »

    Hypocrisie et naïveté

    « Que Maniaci s’explique ou qu’il disparaisse à jamais !, a explosé un député membre de la commission parlementaire anti-Mafia devant ces révélations. Nous avons eu le tort d’être naïfs, de nous être fiés de bonne foi à sa réputation. » Naïveté des uns, double jeu des autres.

    Ce n’est pas la première fois, hélas, qu’un paladin de la légalité se fait pincer en Sicile, ruinant ainsi des années de lutte des associations. En 2015, Roberto Helg, le président de la chambre de commerce de Palerme qui avait ouvert un bureau afin que les commerçants victimes d’extorsion puissent dénoncer le crime organisé, était arrêté. Il aurait exigé le versement de pots-de-vin pour permettre l’ouverture d’une pâtisserie dans l’aéroport de la ville.

    La même année, Antonello Montante, représentant local de la Confindustria, le Medef italien, et chantre de la légalité, tombait à son tour dans une affaire d’appels d’offres truqués.

     
  • admin9596 1:24 pm le May 27, 2016 Permaliens  

    A France télévisions, on sort les seniors de l’écran 

    Plusieurs animateurs-vedette du service public quittent le groupe ou voient leur temps d’antenne réduit. De gré ou de force.

    Le 4 mai, Gérard Holtz à la retraite

    Gérard Holtz avec son épouse Muriel Mayette, à l’Elysée, en mai 2015.

    « Je vais sortir de l’écran comme d’autres sortent de scène », a expliqué Gérard Holtz à Paris Match. Pour le dinosaure du sport de France 2, c’est l’heure de la retraite, à 69 ans. Un dernier Tour de France, cet été, et il partira en Italierejoindre sa femme, Murielle Mayette, directrice de la Villa Médicis. Une décision prise « par amour », dit-il.

    Le 3 mai, Patrick Sabatier au placard

    Patrick Sabatier.

    A 64 ans, Patrick Sabatier sillonne les plateaux télé depuis 1976, avec son sourire plein de dents. Son émission « Mot de passe », diffusée chaque samedi en access prime time sur France 2, ne sera pas reconduite à la rentrée. Clap de fin ? L’animateur affirme avoir d’autres projets.

    Le 18 avril, Georges Pernoud au repos

    Georges Pernoud, à Nice.

    En 2015, « Thalassa » a fêté ses 40 ans. Georges Pernoud, son célèbre animateur, file lui vers ses 69 ans. Il assure ne pas avoir mal pris que son magazine de la mer, institution de France 3, soit prié de passer à un rythme mensuel. Une préretraite heureuse, en quelque sorte.

    Le 10 mars, Michel Drucker à la diète

    Michel Drucker.

    Il y a dix ans, Michel Drucker avait pris la place de Jacques Martin, chaque dimanche en début d’après midi, avec « Vivement dimanche », suivi en fin d’après-midi de « Vivement dimanche prochain ». Seule survivra à la rentrée la seconde partie de l’émission, dans une version un peu allongée, a annoncé le vétéran de 73 ans, qui s’est par ailleurs mis au théâtre.

    Lire aussi : Michel Drucker annonce l’arrêt de « Vivement dimanche »

    Le 7 janvier, Julien Lepers hors jeu

    Julien Lepers.

    Lorsque la direction de France Télévisions lui a annoncé qu’il ne présenterait plus « Questions pour un champion », Julien Lepers, 66 ans, s’est fâché tout rouge. Depuis, il a fait une pige sur Comédie +, tourné une pub et joué les chroniqueurs pour Cyril Hanouna. On l’a aussi vu, entre autres, au Salon des seniors de Reims.

    Lire aussi : La première timide de Samuel Etienne à « Questions pour un champion »

     
  • admin9596 6:11 am le May 26, 2016 Permaliens  

    En Grèce, les médias au secours des réfugiés 

    Afin d’apporter des informations vérifiées aux migrants, le présentateur de la télévision publique grecque ERT anime chaque jour trois JT en arabe.

    En quelques minutes, la fumée embrume le champ de poussière. Les centaines de silhouettes courent dans tous les sens. Derrière les barbelés, les sentinelles en noir s’agitent. Les gaz lacrymogènes frappent indistinctement hommes, femmes, enfants. Le 10 avril, Idomeni, à la frontière gréco-macédonienne, où se dresse un camp de réfugiés de 10 000 personnes, s’est embrasé. Les policiers macédoniens ont repoussé les migrants voulant forcer le passage fermé depuis deux mois. Faisant, selon Médecins sans frontières, 260 blessés.

    En Grèce, les migrants peuvent désormais suivre, grâce à leur portable, les actualités les concernant. L’Ert, la chaîne nationale, et ANA-MPA, l’agence de presse gréco-macédonienne, ont mis en place des sites en arabe à leur intention (ici, dans le camp d’Idomeni).

    Ce jour-là, s’ils étaient si nombreux à espérer une brèche, c’est à cause de LA rumeur. La frontière gréco-macédonienne « devait rouvrir ». Tous espéraient partir du camp insalubre.

    La colère a succédé à la désillusion. « Cette rumeur dangereuse revient souvent, déplore le journaliste gréco-libanais Walid Elias, basé à Athènes. C’est avant tout pour lutter contre ça que nous avons créé ces programmes. »

    Depuis le 22 mars, ce présentateur de la radio-télévision publique grecque ERT (Ellinikí Radiofonía Tileórasi), anime chaque jour trois JT en arabe. « La frontière est fermée », martèle-t-il à chacune de ses interventions consacrées aux migrants coincés en Grèce. Ces 54 000 déracinés d’Irak, d’Afghanistan, de Syrie rêvent d’Europe de l’Ouest, mais attendent dans des camps précaires ou des hôtels glauques du pays. Ne parlant pas le grec, mal l’anglais, ils s’informent généralement par bouche-à-oreille ou sur les réseaux sociaux, pour ceux qui ont les moyens d’acheter des cartes de téléphone locales avec accès Internet.

    Les migrants peuvent télécharger les podcasts des journaux en langue arabe sur leur portable… Quand la connexion Internet s’y prête (ici dans le camp d’Idomeni).

    Glanant des données parfois floues ou invérifiables. Un manque d’information auquel pallient les JT en arabe, que les migrants peuvent ensuite retrouver sous la forme de podcast, grâce à leur mobile, en suivant le hashtag #Ert4refugees sur Twitter et Facebook. Des rediffusions également disponibles sur le site Ert4refugees, en grec uniquement, mis en place afin d’informer plus spécifiquement les habitants sur les façons d’apporter de l’aide aux réfugiés.

    Livrer des « infos pratiques » aux migrants

    L’ambition des journaux en arabe est de livrer des « infos pratiques » aux migrants, insiste le présentateur, qui adopte une ligne éditoriale différente des journaux nationaux. « Je ne parle pas de la situation économique du pays, cela ne les intéresse pas ! » Il choisit d’évoquer la météo, « comme le niveau des vents, pour ceux qui seraient tentés de traverser l’Egée de la Turquie ». D’expliquer les procédures pour faire une demande d’asile, « où est-ce qu’ils doivent se rendre, quels numéros Skype contacter pour les services d’immigration ». De détailler la situation dans les camps officiels, « les conditions de vie ne sont pas bonnes, mais meilleures que dans les camps improvisés ».

    Le JT en langue arabe, présenté par Walid Elias sur la chaîne grecque ERT.

    Pour Petros Demetropoulos, responsable de l’agence de presse ANA-MPA (Athens News Agency-Macedonian Press Agency), informer c’est aussi donner une existence à ces exilés. Comme l’ERT, l’agence a lancé mi-mars une page d’actualités en arabe sur son site. « Les réfugiés ne sont pas des marchandises, mais des gens avec une histoire. Il faut les aider à s’intégrer, à comprendre où ils sont », explique ce Grec. S’adresser à ces exclus était pour lui devenu un « devoir professionnel ».

    Alors que près d’un million de personnes ont transité par le pays, que la crise migratoire a tragiquement pris le dessus sur la crise économique. « Tous ces migrants vont rester bloqués ici peut-être des mois, voire des années. Il faut être là pour le leur expliquer », justifie Petros Demetropoulos. Le reporter n’oubliera jamais les images des femmes en pleurs, de bébés aux yeux arrondis de frayeur, progressant dans une eau boueuse.

    « Il faut mettre les réfugiés en garde contre les trafics. » Petros Demetropoulos, responsable de l’agence de presse ANA-MPA

    « Mi-mars, plus de 1 500 migrants ont tenté de passer la rivière entre la Grèce et la Macédoine », soupire l’homme. Trois Afghans sont décédés. Pour prévenir ce genre d’incident « indigne », « il faut mettre les réfugiés en garde contre les trafics, estime-t-il. Nous aimerions faire du contenu en farsi, pour les Afghans, mais nous n’en avons pas les moyens. »

    Ces nouvelles ont encore du mal à percer chez les migrants. Il n’y a pas de télévisions et les connexions Wi-Fi mises en place dans les camps ne sont pas toujours efficaces, parfois saturées. « Avec une entreprise de télécommunications, nous y distribuerons bientôt des cartes Sim, afin qu’ils aient un accès à Internet et puissent consulter le site », annonce Petros Demetropoulos. ANA envisage aussi de lancer un compte Twitter en langue arabe. « La fréquentation des podcasts du site ERT progresse, se réjouit de son côté Walid Elias. Des Syriens, comme des Grecs, nous remercient. »

    Le premier ministre Alexis Tsipras a également félicité sur Twitter les initiatives internes des deux médias publics. Mais elles ne sont pas du goût de tous, en témoignent des réactions radicales sur la page Facebook de l’ERT. « Ici, on parle grec, pas arabe », « Y a-t-il des JT grecs en Arabie saoudite ? Non, alors pourquoi fait-on des infos en arabe en Grèce ? », « Qui paie ce JT ? », cite Walid Elias.

    Le 23 mars, une image de leur journal a été détournée et relayée. On pouvait y voir une présentatrice voilée. Le journaliste nuance : « Il y a des extrémistes, mais la majorité des habitants comprend l’odyssée de ces gens. Car une partie des Grecs sont eux-mêmes des descendants de réfugiés, venus de l’Anatolie. »

     
  • admin9596 7:04 pm le May 23, 2016 Permaliens  

    Le grand défilé de Nathalie Kosciusko-Morizet 

    Le Monde | 13.05.2016 à 14h21 • Mis à jour le16.05.2016 à 17h09 |Par Marc Beaugé (Magazine)

    [Chronique] Lancée dans la course à la primaire à droite, l’ex-ministre tombe la veste et remonte le pantalon.

    2005 : nymphe des bois

    Dans son jardin à Longpont-sur-Orge.

    Quelle classe ! Pour Paris Match, Nathalie a enfilé sa belle robe en mousseline, sorti sa grosse Bible, puis s’est allongée dans son jardin, à Longpont-sur-Orge, une main sur le banc, une main sur le bébé à venir. Et pourquoi se priver ? A 32 ans, la députée, en pleine ascension, n’a peur de rien, et paraît entourée de ce halo de lumière qui symbolisait l’état d’extase chez les peintres de la Renaissance. En matière de pose, NKM est une artiste. Et une harpiste, aussi, visiblement.

    2009 : une sacrée touche

    A Paris, le 15 mai 2009.

    L’heure de la pose est revenue. Nommée secrétaire d’Etat à l’économie numérique, l’ambitieuse NKM sourit, devant un mur couleur saumon, les bras chargés de claviers. Car, après tout, quoi de mieux qu’un clavier pour apporter une touche de modernité à un look d’institutrice versaillaise ? Une artiste, on vous dit.

    2013 : en pilote automatique

    Le 6 Avril 2013, Nathalie Kosciusko-Morizet essaie un Bikeboard place de la Bourse, à Paris, dans le cadre de la semaine du développement durable.

    Modernité, toujours. Désormais candidate à la Mairie de Paris, et prête à tout pour désengorger le trafic de la capitale, NKM pilote le Bikeboard, premier tricycle homologué pour la route. Pour l’occasion, elle a revêtu une veste en peau retournée, semblable aux « bombardiers » que portaient les pilotes pendant la seconde guerre mondiale. Tout ça tient la route.

    2014 : la pose clope

    En maraude avec la protection civile dans le 14e arrondissement de Paris.

    Malgré son bombardier, sa candidature à la Mairie de Paris peine à prendre son envol. Alors NKM a décidé de descendre dans la rue pour convaincre un par un les Parisiens, même les plus démunis, et même par temps humide. Une démarche risquée ? Rassurez-vous : forte de son expérience en matière de pose, nul doute que la candidate aura préalablement pensé à imperméabiliser son cuir. Et sa cigarette.

    2016 : bien culottée

    A l’Assemblée nationale, le 2 février 2016.

    Cuir toujours. Nathalie Kosciusko-Morizet est entrée dans la course à la primaire. Avec plein d’idées. Elle propose notamment de supprimer le poste de premier ministre. Mais cela suffira-t-il à attirer l’attention et les suffrages ? Sans doute pas. Alors, en désespoir de cause, NKM a remonté son pantalon pattes d’éph’jusqu’au nombril. Subtile façon de convoquer l’esprit de Jacques Chirac et de revendiquer son héritage.

    Lire aussi : Le grand défilé de Pedro Almodovar

    • Marc Beaugé (Magazine)

     
  • admin9596 7:52 pm le May 19, 2016 Permaliens  

    Festival de Cannes : la Palme d’or paie-t-elle ? 

    Le Monde | 10.05.2016 à 16h46 • Mis à jour le10.05.2016 à 17h02

    La récompense suprême décernée au Festival de Cannes, qui s’ouvre mercredi 11 mai, serait synonyme d’entrées en salles et de recettes… Pas évident.

    La récompense suprême décernée au Festival de Cannes garantirait le triomphe en salles et un budget rentabilisé… Pas évident. Même les 2,8 millions d’entrées de Pulp Fiction (1994), record de ces trente dernières années, ne font pas le poids face aux 10,5 millions d’un blockbuster comme Star Wars 7 : le réveil de la force, absent de la Croisette.

    Nombre d'entrées en millions pour les films récompensés de la Palme d'or à Cannes.
     
  • admin9596 1:31 pm le May 17, 2016 Permaliens  

    Emmanuel Macron marche seul 

    Accusé par les uns de tirer la couverture à lui, par les autres de marcher sur les plates-bandes de ses camarades, le ministre de l’économie ne cesse d’essuyer les tirs de ses collègues.

    Le 1er mai : Hidalgo tacle

    Anne Hidalgo à l'ouverture de la Foire de Paris.

    Anne Hidalgo ne va pas jusqu’à proposer au ministre de l’économie un stage à la Mairie de Paris, mais elle ne prend pas de gants pour le rappeler à son sens de l’intérêt collectif. « Quand on est maire (…), on est ramené à un monde réel qui vous éloigne du narcissisme de ceux qui ne se positionnent que dans des itinéraires personnels (…), parce que, tout petits, on leur aurait dit qu’ils le valaient bien », a-t-elle déclaré, sur Europe 1.

    20 avril : Valls charge

    Avec le premier ministre Manuel Valls, le 10 avril, à Alger.

    En évoquant la piste d’une suppression de l’impôt sur la fortune en échange d’une hausse des droits de succession, Emmanuel Macron s’attire les foudres de Manuel Valls, son plus grand rival sur le créneau social-libéral, qui voulait pourtant naguère, lui aussi, réformer cet impôt. « Supprimer l’ISF (…) serait une faute », a grogné le premier ministre, sur France Info.

    14 avril : Hollande se rebiffe

    Francois Hollande lors de l'émission "Dialogues Citoyens" sur France 2, le 14 avril.

    François Hollande a-t-il été dépassé par l’objet politique non identifié qu’il a lui-même créé, en le prenant d’abord sous son aile à l’Elysée puis en le plaçant à Bercy ? « Il est sous mon autorité » et« il sait ce qu’il me doit », riposte sèchement le président de la République, interrogé sur les ambitions de son ministre, sur France 2.

    6 avril : Boistard ironise

    "Je marche seul" de Jean-Jacques Goldman.

    En lançant son propre mouvement politique, En marche !, à Amiens, « ni à droite ni à gauche », Emmanuel Macron a ouvert en grand les vannes des critiques. Mention spéciale à sa collègue Pascale Boistard, secrétaire d’Etat chargée des personnes âgées et de l’autonomie, dont l’ironique conseil sur Twitter a été fort remarqué : « Ecoutez “Je marche seul” de Jean-Jacques Goldman (…) #Amiens ».

    4 mars : Cazeneuve lance une pique

    Bernard Cazeneuve, le ministre de l'intérieur, à l'Elysée, en mars 2015.

    Au Financial Times, Emmanuel Macron laisse entendre que la France, en cas de « Brexit » des Anglais, laisserait filer ses migrants vers la Perfide Albion. Bernard Cazeneuve s’étrangle en découvrant que son collègue marche sur ses plates-bandes de ministre de l’intérieur. Sur ces sujets, « il faut travailler beaucoup et parler peu », a-t-il conseillé sur BFM TV à son jeune collègue.

    Lire aussi : A Orléans, Emmanuel Macron a rendu hommage à Jeanne d’Arc qui « a su rassembler la France »

     
  • admin9596 7:13 pm le May 15, 2016 Permaliens  

    Cannes 2016 : Jodie Foster, la rançon de la gloire 

    En 1976, l’actrice découvrait Cannes à 13 ans pour « Taxi Driver ». Quarante ans plus tard, elle y présente « Money Monster ».

    Jodie Foster a inauguré son étoile sur Hollywood Boulevard, le 4 mai 2016.

    Elle ne peut s’empêcher de regarder Cannes 2016 dans le miroir de Cannes 1976. Il y a exactement quarante ans, Jodie Foster montait les marches pour Taxi Driver, de Martin Scorsese. Elle avait 13 ans, l’âge de son personnage, une prostituée cornaquée par Harvey Keitel et sortie de l’abîme par Robert De Niro. A 53 ans, c’est cette fois en tant que réalisatrice qu’elle participe au Festival. Elle y présente Money Monster (sortie le 12 mai), son quatrième film après Le Petit Homme (1991), Week-end en famille (1995) et Le Complexe du castor (2011).

    Pour Jodie Foster, l’enjeu n’est pas seulement le temps qui passe, mais l’utilisation intelligente de ce temps. « Qu’ai-je fait de tout ce temps ? Etait-ce pour produire quelque chose de valable ? » C’est la question posée au personnage principal de Money Monster, incarné par George Clooney.

    Un animateur de télévision, gourou de la finance, dont les conseils, rarement judicieux, le goût pour la caricature et la vulgarité affichée à l’écran vont le conduire à se retrouver pris en otage en direct par un spectateur ruiné après avoir suivi ses recommandations. « Le centre du film, estime la réalisatrice, n’est pas tant la crise financière de 2008 que le drame d’un individu pris en otage, en pleine crise spirituelle, quelqu’un qui ne sait plus qui il est, ce qu’il vaut. Et cette interrogation vaut autant pour lui que pour moi. »

    Dans "Money Monster" de Jodie Foster, George Clooney campe un animateur télé, gourou de la finance, pris en otage en direct par un spectateur.

    Il y a quarante ans, à Cannes, Jodie Foster n’était presque rien. Elle était déjà apparue dans un autre film de Scorsese, Alice n’est plus ici (1974), mais le nouveau long-métrage du réalisateur américain allait donner à la très jeune ­comédienne une toute autre visibilité. Du tournage, elle se souvient surtout de la séquence de carnage finale : un bain de sang, réalisé en fait avec une eau rouge sucrée. Cela donnait à la scène une allure de Disneyland étrange, un aspect infantile très éloigné du vécu du spectateur pour lequel il s’agit au contraire de l’acmé d’un cauchemar perçu dès la première scène du film.

    A Cannes, une actrice comme les autres

    Scorsese et De Niro avaient fait beaucoup d’efforts pour expliquer à la jeune fille ce qui se passait à l’écran, lui donner des indications avec pédagogie, ce qui n’avait rien d’évident : pas facile, en effet, de détailler ce que fait une prostituée, dont le quotidien diffère sensiblement de celui d’une gamine de 13 ans.

    A Cannes, c’était différent. Taxi Driver était arrivé sur la Croisette précédé d’une réputation sulfureuse en raison de sa ­violence. On était très loin, en début de Festival, de la Palme d’or octroyée au moment de la distribution des prix. Scorsese, Harvey Keitel et De Niro, terrifiés, restaient à l’écart, à l’Hôtel du Cap-Eden-Roc, à une demi-heure en voiture de la Croisette, pour n’apparaître qu’à l’occasion de la conférence de presse du film et de sa présentation.

    La réalisatrice lors de la montée des marches à Cannes, en 2011, pour "Le Complexe du castor".

    Jodie Foster, elle, ne devait pas être présente sur la Côte d’Azur. La Columbia, qui produisait le film, ne voyait pas l’intérêt de lui faireeffectuer le voyage. C’est la mère de l’actrice qui avait insisté, prenant en charge le billet d’avion de sa fille, et obtenant du studio qu’il paie sa chambre d’hôtel, au Majestic, à deux pas du Palais des festivals.

    « Les autres étaient planqués, tandis que j’étais en plein centre-ville : j’étais donc la seule personne du film qui se montrait. C’était fantastique. Ma mère me voyait déjà comme une fille plus âgée que mes 13 ans et ma carrière était assez singulière, mais là, je me suis vraiment sentie une actrice comme les autres. Après Taxi Driver, je suis retournée à des productions Disney, comme La Course au trésor ou Un vendredi dingue, dingue, dingue, je pouvais me le permettre. »

    La jeune actrice Jodie Foster en 1976 lors de sa première fois à Cannes pour le film "Taxi Driver", de Martin Scorsese.

    La culture de la célébrité se trouve au cœur de trois des quatre films qu’elle a réalisés. Mais Money Monster apparaît comme celui qui pose le plus clairement la question de la médiatisation des individus, à l’heure d’Internet et des réseaux sociaux, avec le ­principe d’un fait divers vécu en direct par la terre entière. Dans les années 1970, Jodie Foster avait pu mener sa ­carrière et sa vie, enchaîner les films tout en vivant ­discrètement sa scolarité à l’université.

    « Cette carrière que j’ai eue, je n’en voudrais pas désormais. Je n’aurais même pas envie de devenir actrice. » Jodie Foster 

    Une scolarité si heureuse qu’à la fin des années 1980 elle avait sérieusement hésité entre un avenir sur grand écran et une activité universitaire. Elle n’était pas satisfaite de son ­travail dans Les Accusés (1988), pour lequel elle héritera d’un Oscar, guère plus de sa performance dansLe Silence des agneaux(1991), qui lui permettra ­pourtant d’en décrocher un second. Puis les choses ont repris leur cours.

    « Ce serait aujourd’hui impossible. Cette carrière que j’ai eue, je n’en voudrais pas désormais. Je n’aurais même pas envie de devenir actrice. Je ne pourrais pas supporter l’absence de vie privée. Dans les années 1970, je pouvais tranquillement compartimenter les choses dans ma vie, c’est impossible aujourd’hui. Je suis frappée de voir que les gamins ne ­comprennent pas qu’on ne soit pas sur Facebook. Ou que l’on ne veuille pas prendre un selfie toutes les cinq minutes. Si j’allais à l’université aujourd’hui, on ne me laisserait pas tranquille, je serais scrutée par la terre entière. “Money Monster” parle de ça, c’est un film sur la technologie, pour le meilleur et pour le pire. »

    Bande-annonce de « Money Monster »

     
  • admin9596 1:49 am le May 13, 2016 Permaliens  

    Nuit debout dans le sable de Camargue 

    En janvier, un arrêté préfectoral a sonné le glas du dernier camping sauvage d’Europe. Ses habitués organisent la résistance.

    Un agriculteur originaire de Cavaillon en 2012.

    C’est une lutte du bout du monde. Une Nuit debout dans le sable, le nez au vent iodé de Camargue. Depuis quelques semaines, les habitués de la plage de Piémanson, à l’extrême sud de l’immense commune d’Arles (Bouches-du-Rhône), près du village de Salin-de-Giraud, se révoltent. Unis pour sauver l’esprit de liberté soufflant sur le dernier tronçon du littoral français où le camping sauvage était encore toléré.

    En janvier, le préfet de région a mis fin à cette exception.« Ce qui a pu être toléré (…) ne peut plus l’être, justifie Stéphane Bouillon, car cette situation entraînait de nombreux problèmes en matière de sécurité des personnes et des biens, et de protection de la nature. » La signature du plan de prévention des risques d’inondation (PPRI), conséquence de la catastrophe de La Faute-sur-Mer, en Vendée, lors du passage de la tempête Xynthia, a mis fin à l’indifférence de l’Etat pour cette langue de sable longue de 4,5 kilomètres, à l’embouchure du Rhône, qui connaît des pointes de fréquentation à 10 000 vacanciers et 800 caravanes autour du 15 août.

    La fin d’un paradis

    Toute présence humaine la nuit à Piémanson est désormais interdite. La plage est fermée aux véhicules. Interdits également les chiens en liberté, les feux de bois et surtout les soirées entre amis, dans des campements plus ou moins improvisés. Piémanson sera ouverte de 6 heures à 22 heures. Et seulement aux piétons. « C’est la fin de notre paradis, quoi… », résume, dépitée, Nathalie Vin, originaire de Fos-sur-Mer, vingt ans d’étés les pieds dans le sable, qui anime la page Facebook Les amoureux de Piémanson.

    Lire le reportage (édition abonnés) : « Ici, c’est le bout du monde »

    Pour ces habitués, l’enfer a pris corps dimanche 1er mai. Sous un ciel d’apocalypse, nuages noirs et pointes de mistral à 110 km/heure, les gendarmes de la brigade d’Arles les attendaient au bout de la départementale 36D, toujours avec la même question polie : « Connaissez-vous la nouvelle réglementation de la plage ? » Pendant l’hiver, un parking pour 2 000 véhicules a été aménagé et une porte symbolique plantée au milieu de nulle part.

    « Camper, vivre en autarcie et ne fairechier personne : c’est un concept de vie. »Armelle Sourribes, collectif des usagers de Piémanson

    « D’habitude, le 1er mai, c’est l’ouverture. On se retrouve entre amis, chacun cale sa caravane pour l’été, c’est la fête, rage Léo Chardonnens, quarante ans sur place. Aujourd’hui, c’est bouclé, on repart. Je pense à tous ceux qui n’ont pas les moyens de se payer des vacances ailleurs. Cela me rend malade. Qui on gênait ? » Son épouse, Marie-Claude, qui préside l’Association des plaisanciers de Piémanson, bouillonne : « On nous parle de problèmes d’hygiène, mais nous nettoyons à notre arrivée et à notre départ. Qui va enlever les ordures des personnes à la journée ? La mairie, peut-être ? » « Malgré l’austérité des lieux, on a appris à vivre sans eau, sans électricité, avec nos toilettes sèches, souligne Armelle Sourribes, membre du collectif des usagers de la plage de Piémanson. Venir en journée ne nous intéresse pas. Camper, vivre en autarcie et ne faire chier personne : c’est un concept de vie. »

    La plage de Piémanson pouvait accueillir jusqu'à 10 000 vacanciers et 800 caravanes autour du 15 août.

    A l’entrée de la plage bouclée, une centaine d’habitués piétinent, frigorifiés. La sono diffuse une version du Color Gitano, de Kendji Girac, où le refrain est remplacé par « Pié-man-son ». La décision de l’Etat a rapproché des associations d’usagers qui, jusqu’alors, se boudaient. Des lettres ont été adressées au président de la République, au premier ministre, à la ministre de l’environnement… « Tous nous renvoient vers le préfet, note Didier Bel, chargé de la communication du collectif. Et le préfet a la main ferme. »

    « Les campeurs, c’est 60 % de mon chiffre d’affaires annuel. Les habitants de Salin ne s’en sont pas encore rendu compte, mais cela va tuer les commerces. »Clémence Malpart, Bar des Sports

    Les révoltés de la plage se sont repliésdans l’église catholique de Salin-de-Giraud, que le curé a accepté d’ouvrir. « Il faut mobiliser avant l’été », s’inquiète Armelle Sourribes. Blocage routier, manifestation devant la sous-préfecture, « descente » à Marseille, occupation pacifique… Les perspectives d’actions sont étudiées une à une. Une demande de recours gracieux va être envoyée au préfet. Accompagnée d’une « convention de retour », sorte de code de bonne conduite et de défense de la plage, élaborée par le collectif et les associations, prêtes à payer une – petite – taxe d’occupation.

    « Nous aurions préféré que l’Etat attende 2017 pour réglementer, note Nicolas Juan, adjoint spécial de Salin-de-Giraud auprès du maire d’Arles, Hervé Schiavetti (PCF). Mais maintenant c’est fait. Et la question est : comment aborde-t-on cette petite révolution ? Comment attirer la clientèle journalière au Salin ? » Derrière le comptoir de son Bar des Sports, cheveux courts et Doc Martens vertes aux pieds, Clémence Malpart, 39 ans, doute d’une issue heureuse : « Les campeurs, c’est 60 % de mon chiffre d’affaires annuel, assure-t-elle. Les habitants de Salin ne s’en sont pas encore rendu compte, mais cela va tuer les commerces. »

    Les révoltés de Piémanson sur France 3 Languedoc-Roussillon, en juillet 2015


    Piemanson, dernier camping sauvage de Camargue, menacé

    Yeux vifs, cheveux noirs s’échappant de son bonnet, Tova Darling – un pseudonyme – ne décolère pas : « Ce qui gêne à Piémanson, c’est qu’il n’y a jamais eu de fric. Aujourd’hui, notre société considère la gratuité comme une faiblesse. » Le 1er juillet, lui plantera sa tente à Piémanson. « Quand la loi est injuste, explique-t-il, il faut franchir le cap de la désobéissance civile. » Son slogan est déjà prêt : « Sous la plage, les pavés. »

     
  • admin9596 2:20 am le May 11, 2016 Permaliens  

    Dominique Blanc : « J’ai toujours eu le désir d’être d’une tribu » 

    Pensionnaire à la Comédie-Française depuis mars, l’actrice se prépare à y jouer Agrippine dans Britannicus, de Racine. Une double consécration pour cette comédienne au parcours singulier. 

    Lire aussi : Dominique Blanc, moderne Agrippine

    Etre aujourd’hui pensionnaire de la Comédie-Française revêt quel sens pour vous ?

    J’étais très émue quand j’ai signé mon contrat. J’ai été accueillie par toute l’équipe. C’était à la fois un bonheur, un honneur et une fierté. Je tenais à en faire une fête et nous avons sablé le champagne. Il s’agit de bien plus qu’une invitation à jouer, j’entre dans une troupe et dans une maison de théâtre vieille de plus de trois siècles. Entrer au Français est une des envies qu’ont les jeunes actrices au sortir du Conservatoire. L’événement a d’autant plus d’importance qu’il se passe à un moment de ma vie et de ma carrière où je n’imaginais plus pouvoir faire un jour partie de cette famille.

    Quelle a été votre réaction quand Eric Ruf vous a proposé le rôle d’Agrippine sous la direction de Stéphane Braunschweig ?

    C’était incroyable pour moi de me savoir ainsi désirée simultanément par l’administrateur du Français, et par ce metteur en scène… Deux hommes pour qui j’ai le plus grand respect. Je trouvais surprenant qu’ils me proposent le rôle d’Agrippine. Je ne m’y voyais pas du tout, mais je pense que ce type de rôle est encore plus intéressant quand on ignore au départ jusqu’où il peut vous mener. Savoir que j’allais jouer aux côtés de Clotilde de Bayser, Laurent Stocker, Hervé Pierre, Stéphane Varupenne, Georgia Scalliet et Benjamin Lavernhe était aussi la promesse d’une grande aventure. J’ai dit « oui » à tout ça…

    Et ce n’est qu’à partir de ce moment-là que j’ai commencé à me rêver dans le rôle.

    Comment décririez-vous votre parcours au théâtre ?

    Depuis son tout début, il se déroule hors des clous et à rebours de la tradition. Je désirais apprendre le théâtre, mais ni le Conservatoire ni l’école de la rue Blanche n’ont voulu de moi. J’ai toujours eu le désir d’être d’une école, d’une tribu, d’un clan. Je me suis rapidement rendu compte que ça ne marcherait pas ainsi pour moi, que mon chemin se ferait hors des sentiers battus et qu’il serait un chemin solitaire. C’est grâce à Patrice Chéreau que les choses ont changé. Il m’avait repérée lors d’un travail que je présentais dans un atelier avec Pierre Romans au cours Florent et m’a proposé un petit rôle dans sa mise en scène de Peer Gynt d’Ibsen. Une année durant, j’ai observé de l’intérieur le travail des répétitions de la troupe magnifique qu’il avait réunie. La seule façon, pour moi, d’apprendre mon métier a été cette école du regard. Mais Patrice Chéreau a quitté son théâtre à Nanterre et, comme souvent dans cette profession, je suis revenue à la case départ.

    La dernière fois que vous avez interprété Racine, c’était Phèdre sous la direction de Patrice Chéreau. Eric Ruf jouait Hippolyte.

    J’y repense toujours avec beaucoup d’émotion. A cette époque Patrice Chéreau m’avait dit : « Tu n’as jamais fait de tragédie, moi non plus, c’est peut-être là qu’est notre principal atout. » Avec lui, il fallait tordre le cou à la tradition. Faire jaillir le sang et les larmes… Quand on y arrivait, le plaisir était fou et l’on avait le sentiment d’accéder à une liberté de jeu extraordinaire. On a souvent distribué Hippolyte en jeune adolescent immature. S’agissant d’Eric Ruf, il lui donnait la stature d’un homme. Cela changeait la donne de nos échanges et j’avais une confiance totale en lui comme partenaire.

    Comment se déroulent les répétitions avec Stéphane Braunschweig ?

    Il monte souvent sur scène. Il ne joue pas, mais nous indique avec une grande précision ce qu’il aimerait nous voir faire. Stéphane Braunschweig est capable d’une grande concentration dans le travail, mais il sait aussi s’amuser. Il a beaucoup d’humour. C’est un homme particulièrement heureux en ce moment après sa nomination à la tête de L’Odéon-Théâtre de l’Europe et c’est un artiste épanoui. Comme ce fut le cas avec Patrice Chéreau, lui aussi se confronte pour la première fois à la tragédie avec Britannicus.

    Quel est le point de vue de Stéphane Braunschweig sur la pièce ?

    Chaque metteur en scène a son avis sur le vers racinien. L’important étant que les comédiens se conforment à cette règle pour que le souffle du texte s’accorde entre eux tous. C’est à travers notre jeu choral que la pièce va trouver son unité, son rythme et sa respiration. Britannicus est basée sur les intrigues du pouvoir. Stéphane Braunschweig l’inscrit dans un décor d’aujourd’hui pour en faire l’écho de batailles politiques qui pourraient se dérouler à notre époque. Son parti pris est très contemporain. Incarner une femme politique de notre siècle me permet d’aller dans le sens de la grande modernité qui existe dans le personnage d’Agrippine.

    Propos recueillis par Patrick Sourd

    Britannicus, de Jean Racine, mise en scène de Stéphane Braunschweig. Avec Dominique Blanc, Clotilde de Bayser, Laurent Stocker, Hervé Pierre, Stéphane Varupenne, Georgia Scalliet, Benjamin Lavernhe. A la Comédie-Française, Salle Richelieu. Place Colette, Paris 1er. Tél. : 01-44-58-15-15. Du 7 mai au 23 juillet. http://www.comedie-francaise.fr

     
  • admin9596 7:35 am le May 9, 2016 Permaliens  

    L’interview d’Arnaldo Otegi, ex-leader de Batasuna, enflamme l’Espagne 

    Libéré le 1er mars après six ans de détention, l’ancien leader de la vitrine politique du groupe séparatiste ETA a réveillé les démons au Pays basque dès sa première apparition télévisée, le 17 avril.

    Les réseaux sociaux se sont échauffés. Les partis politiques de droite et de gauche ont exprimé leur « dégoût ». Les journalistes se sont divisés. Les associations de victimes et de gardes civils ont critiqué un discours « vomitif » et « immoral »… Diffusée dimanche 17 avril sur La Sexta, la première interview télévisée d’Arnaldo Otegi depuis sa sortie de prison le 1er mars n’a laissé personne indifférent en Espagne.

    Arnaldo Otegi le 5 mars, lors d'une fête célébrant sa libération à Saint-Sébastien. L'ex-dirigeant de Batasuna a été libéré le 1er mars après six ans de détention.

    Durant une heure, le journaliste Jordi Evole, connu pour son ton incisif, va confronter l’ex-dirigeant de Batasuna, la vitrine politique du groupe séparatiste basque ETA, à son passé d’etarra. Il lui rappelle les attentats les plus sanglants du groupe terroriste et la douleur toujours vivace des proches des victimes.

    Lire aussi : Libération en Espagne d’Arnaldo Otegi, figure de l’ETA

    En face, Arnaldo Otegi, qui a dirigé l’organisation de 1998 à 2003, reconnaît avoir été « troublé » et se sentir« en partie ­responsable » de ces crimes. Mais il explique aussi les « raisons » de l’ETA, racontant son virage « stratégique » en faveur de l’abandon de la violence. Il profite surtout du micro qui lui est tendu pour demander la sortie de prison des condamnés et le retour des exilés. Dès les premières minutes, quand il raconte qu’il a fallu que sa mère décède, alors qu’il était en prison, pour comprendre la douleur des victimes de l’ETA, le malaise s’installe chez les téléspectateurs.

    Les plaies du terrorisme encore ouvertes

    Donner la parole à Arnaldo Otegi, condamné à six ans d’emprisonnement pour avoir voulu refonder Batasuna, était un défi en Espagne, où les plaies du terrorisme ne sont pas ­refermées. Accusé de financer l’ETA et de justifier les attentats, le parti d’Otegi avait été interdit en 2003.

    Lire aussi :Batasuna forme un nouveau parti rejetant la violence de l’ETA

    Sur les réseaux sociaux, beaucoup ont critiqué la décision « d’interviewer un terroriste », de le « laisser légitimer ses crimes ». D’autres ont rappelé qu’Arnaldo Otegi, 57 ans, a parié en faveur d’un processus de paix dès le début des années 2000 et travaillé pour inciter l’ETA à abandonner les armes…

    Cinq ans après la déclaration de la « fin ­définitive de la violence » par l’ETA, les ­fantômes des victimes hantent toujours le pays. Le retour des héritiers de Batasuna dans les institutions sous le nom Sortu en 2011 a été accueilli avec animosité. Ceux qui ont souffert de la terreur craignent que l’oubli l’emporte. Et certains redoutent de voir s’imposer le récit véhiculé par la gauche abertzale.

    Selon ces indépendantistes proches de l’ETA, le Pays basque aurait vécu un « conflit », dont les responsables sont autant le groupe séparatiste armé que l’Etat. Une lutte ayant fait des victimes dans les deux « camps ». Les associations ont peur que ce genre de discours n’ouvre la voie à une réhabilitation historique de l’ETA, en particulier auprès des jeunes qui n’ont pas vécu les tirs dans la nuque, les voitures piégées, la peur et les morts.

    Pas de condamnation claire des attentats

    Devant les caméras, l’ancien membre d’ETA sous Franco, condamné dans les années 1980 pour enlèvement, joue les équilibristes entre son pari actuel pour la paix et sa fidélité à son passé d’etarra. Mais il est des mots qu’on ne dit pas. Des susceptibilités qu’il vaut mieux ne pas chatouiller.

    Arnaldo Otegi (au centre) et plusieurs centaines de militants basques indépendantistes ont réclamé, le 17 avril 2016, à Bilbao, l'amnestie pour tous les prisonniers de l'ETA.

    Quand Jordi Evole constate qu’il n’a jamais condamné les attentats de l’ETA, ses quarante ans de violence et ses 829 morts, Arnaldo Otegi s’irrite, expliquant que le mot « condamner » est tabou, qu’il peut signifier que l’on « baisse son pantalon ». « Comment peut-on me demander aujourd’hui de condamner quelque chose que je n’ai pas condamné quand ça s’est produit ? J’ai payé pour ne pas l’avoir fait. En quoi cela contribue-t-il à l’actuelle situation de paix ? », s’agace-t-il.

    Selon lui, ce n’est pas la pression policière et judiciaire intense, l’arrestation successive des dirigeants du groupe armé, l’interdiction de Batasuna et la lutte contre les réseaux de soutien dans la société qui ont permis la fin d’ETA, mais bien le pari de la gauche abertzale pour la fin de la violence. Un virage qui, reconnaît-il, est arrivé « tard », sans toutefois accepter de préciser quand il aurait dû être pris. Et s’il assure que « jamais la violence d’ETA ne reviendra », il met en même temps en garde le journaliste lorsqu’il lui demande s’il n’a pas la sensation « que l’ETA n’a servi à rien », n’est parvenu à aucun de ses objectifs politiques mais a causé beaucoup de souffrance : « Ne cherchons pas à remuer certaines blessures, car les conséquences peuvent être graves. »

    Lire aussi : L’horizon compliqué du nationalisme basque

     
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