Un maillot de Zidane de 1998 aux enchères à Drouot
Mise à prix 6 000 euros, la tunique du footballeur français est le produit star de la vente organisée le 12 décembre à l’Hôtel Drouot à Paris. Les enchères d’objets et de souvenirs sportifs sont en plein essor.
Ce maillot des Bleus, Zinedine Zidane aurait pu le porter. Son nom surmonte encore, intact, le numéro 10 floqué au dos du vêtement. Brodé au niveau du cœur, le coq doré qui accompagne l’inscription « Brésil France 12-07-98 » n’a pourtant jamais connu le grand air de la pelouse du Stade de France. Le soir de la finale victorieuse de la Coupe du monde de football, alors que son propriétaire inscrivait deux buts de la tête, la tunique patientait au vestiaire, pliée, comme les deux ou trois autres maillots supplémentaires fournis ce jour-là aux joueurs par le sponsor Adidas.
Le samedi 12 décembre, dans la salle 13 de l’Hôtel Drouot, à Paris, ce maillot sera tout de même mis aux enchères au prix de départ de 6 000 euros, avec d’autres souvenirs sportifs. « Il est possible qu’il parte pour le double », prédit Jean-Marc Leynet, l’un des principaux experts en objets et souvenirs sportifs en France, organisateur de la vente, la troisième du genre cette année.
560 lots mis à prix entre 20 et 15 000 euros
Cette vente à Drouot illustre un petit phénomène : en l’espace de cinq ans, le chiffre d’affaires des ventes aux enchères d’objets sportifs a doublé, passant de 500 000 à un million d’euros annuels. Cela reste une broutille au sein des 371 millions de chiffre d’affaires réalisé par Drouot en 2014, mais l’engouement est réel.
Outre le maillot de « Zizou », les acheteurs français et étrangers vont se disputer au marteau quelque 560 lots, parmi lesquels un peignoir de l’ancien champion de boxe Robert Gallois (1 200 euros) ou encore une « cape » – casquette – de sélection d’Augustin Hourdebaigt (3 000 euros), l’un des rugbymen français ayant disputé le premier Tournoi des cinq nations, en 1910. Affiches, dessins, trophées, médailles, peintures, les pièces seront mises à prix entre 20 euros et 15 000 euros. « Il est très important qu’il y ait des lots accessibles, que tous les passionnés puissent se faire un petit plaisir même si leurs moyens sont limités, commente le commissaire-priseur Olivier Coutau-Bégarie. Si on ne faisait pas cela, les spécialités comme les ventes consacrées au sport ne progresseraient pas. »
Un rendez-vous de collectionneurs acharnés
Certains objets ont, plus que d’autres, le pouvoir d’assurer le succès d’une vente : les torches olympiques. Pour acquérir les flambeaux qui leur font défaut, certains acharnés sont prêts à dépenser des fortunes. En 2011, une des torches des JO d’Helsinki de 1952 a été adjugée chez Ivoire, une autre société de vente aux enchères, pour 348 000 euros. Faites d’argent massif, elles n’avaient été confectionnées à l’époque par les Finlandais qu’à 22 exemplaires. Habitué de ces « ventes sport », André Lejeune possède une trentaine de flambeaux. A 73 ans, ce cadre à la retraite a derrière lui toute une vie de passion pour l’olympisme. A l’apogée de son désir de s’approprier toutes ces reliques sportives, André Lejeune pouvait dépenser de 15 000 à 20 000 euros par an. Pourtant, bien rangée dans sa demeure située dans la région de Colmar, la pièce à laquelle il tient le plus, dénichée auprès d’un ami de l’athlète, ne lui a pas coûté plus d’une poignée d’euros. « C’est le disque en bois cerclé de fer du seul Français médaillé au lancer du disque », raconte-t-il. L’homme, médaillé de bronze aux JO de 1932, à Los Angeles, s’appelle Paul Winter. Un Alsacien.
Ses pièces, Jean-Marc Leynet les chassent auprès des brocanteurs, des chineurs avertis, des acheteurs qui se débarrassent de certaines acquisitions ou encore lors de successions. « On a vraiment tous les cas de figure. C’est un réseau que l’on fait fonctionner », raconte l’expert. Reste à s’assurer de l’authenticité des objets. Le travail relève presque de l’investigation. Il s’appuie notamment sur des fichiers constitués au fil du temps. « En fonction de tel ou tel match, de tel ou tel maillot, je peux vous dire si Ribéry a mis du M ou du L », sourit Jean-Marc Leynet. Les maillots des Bleus de la Coupe du monde 1998, comme celui de Zinedine Zidane, ont des caractéristiques reconnaissables. Fabriquées au Royaume-Uni, les tuniques possèdent sur l’étiquette cousue au creux du col la mention « made in United Kingdom ». Et un numéro de série particulier à cinq chiffres, seulement connu des initiés : le 16 593.
Par Franck Berteau