Donald Trump et Corey Lewandowski unis pour le meilleur et pour le pire
Le directeur de campagne du magnat de l’immobilier avait violemment agrippé une journaliste qui souhaitait poser une question au candidat à la présidentielle américaine.
C’est l’alliance entre le torrent verbal et le silence, entre le cheveu travaillé et le poil ras, entre l’aisance et le laborieux. L’embauche par Donald Trump de Corey Lewandowski, six mois avant sa déclaration de candidature, a été le premier jalon de l’aventure électorale du magnat de l’immobilier. Pour le meilleur, puisque le milliardaire caracole en tête des primaires républicaines en vue de l’élection présidentielle américaine. Mais aussi, désormais, pour le pire, car le zélé Lewandowski doit affronter une embarrassante inculpation pour voie de fait après avoir agrippé trop vigoureusement, le 8 mars, une journaliste qui tentait de poser une question à son patron.
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Au départ, l’arrivée du futur directeur de campagne dans l’entourage de Trump n’a surpris personne. Et pour cause. Corey Lewandowski, 42 ans, est un praticien de la politique comme il en existe sans doute des centaines aux Etats-Unis. Et il était plutôt, jusqu’alors, un spécialiste des causes désespérées.
Un parcours éclectique
Son CV, avant de se mettre au service du milliardaire, était banal. Après avoir perdu, en 1994, une campagne pour un siège de représentant à la Chambre du Massachusetts, Corey Lewandowski participe quatre ans plus tard à la réélection d’un membre du Congrès des Etats-Unis, Bob Ney, dont il devient brièvement le chef de cabinet. Mais ce dernier tombe quelques mois plus tard dans le cadre d’une vaste affaire de corruption et de fraude fiscale, le scandale Jack Abramoff.
En 2002, le jeune homme reprend du service pour la campagne d’un ancien républicain passé par la case indépendant, Bob Smith, qui ambitionne de se faireélire au Sénat des Etats-Unis. Ce dernier l’accueille, selon ses souvenirs confiés au Washington Post, par une formule assez peu encourageante : « Si vous cherchez à faire carrière au Parti républicain, vous n’êtes sans doute pas au bon endroit. » Bob Smith se montre perspicace puisque sa défaite lors des primaires républicaines éloigne le jeune ambitieux de la politique active.
Lewandowski s’oriente ensuite vers la défense du secteur de la pêche en Nouvelle-Angleterre, puis vers un cabinet de lobbying. Une formation au sein de la police d’Etat du Massachusetts, en 2006, ajoute une note d’éclectisme à un parcours placé sous le signe de la nécessité. En 2008, il prend encore une autre direction, au sein de l’organisation Americans for Prosperity, un groupe d’intérêts lié aux milliardaires conservateurs Charles et David Koch. Le caractère abrasif de Lewandowski, directeur de l’antenne du New Hampshire, y laisse des traces.
Un sentiment d’impunité
Autant dire que la rencontre avec Donald Trump, en avril 2014, relève pour lui de l’aubaine. D’autant que le milliardaire lui laisse rapidement les coudées franches, s’affranchissant très vite de son ancien conseiller politique, Roger Stone. A l’inverse de ce dernier, qui voulait faire évoluer son image, Corey Lewandowski a toujours plaidé pour que « Trump [soit] Trump », selon le mot d’ordre lancé le jour de la déclaration de candidature, le 16 juin.
Cette attitude respectueuse a assurément garanti la solidité de l’attelage pendant les mois du succès, lorsque le milliardaire convertissait les intentions de vote des sondages en véritables bulletins pour les primaires. Elle a, en revanche, privé Donald Trump d’un garde-fou au moment des épreuves. Le sentiment d’impunité entretenu par les victoires à répétition a-t-il poussé Lewandowski à la faute ? La justice se prononcera le 5 mai sur l’affaire de l’agression présumée de la journaliste Michelle Fields.
En attendant, le magnat de l’immobilier a déjà élargi son cercle. Il bénéficie depuis peu des conseils d’un vétéran de l’industrie politique, Paul Manafort. Exposé à la lumière par la réussite spectaculaire de son modèle, Corey Lewandowski pourrait bien retourner à une ombre beaucoup plus familière.
Vidéo de l’agression de Michelle Fields