Amazon lance une carte Visa gratuite utilisable partout hors ligne
Comme s’il se sentait à l’étroit dans l’immensité du cyberespace, qu’il domine largement, Amazon multiplie les passerelles vers le monde physique. Il y a les librairies en dur : trois ont déjà ouvert aux Etats-Unis, cinq autres le seront bientôt. Et il y a désormais une carte de crédit Visa, utilisable n’importe où, en ligne bien sûr, mais aussi au restaurant, à la station service ou la pharmacie du coin, et à l’international. Une carte haut de gamme qui inclut de nombreuses assurances et récompense la fidélité, sous forme de points convertibles en cash ou en bons d’achat. Le tout gratuitement, sans cotisation annuelle.
La carte Amazon Prime Rewards Visa Signature, en métal bleu ou graphite, où n’apparaissent que les logos d’Amazon et Visa, pas celui de Chase, la banque émettrice (groupe JPMorgan Chase & co), est réservée aux résidents américains (pour l’instant) et aux abonnés au service Amazon Prime, qui paient déjà une souscription mensuelle (10,99 dollars) ou annuelle (99 dollars) afin de bénéficier de la livraison en un jour gratuite, du streaming illimité de musique, de films, de séries, et du stockage illimité de photos.
« Les membres Prime profiteront de 5% de gains en retour sur leurs achats sur Amazon, de 2% sur leurs dépenses réglées au restaurant, à la station service, en pharmacie, et 1% sur tous les autres achats – plus des avantages parmi les meilleurs du secteur, dont l’absence de commissions sur les paiements à l’étranger, des assurances voyage et un service de conciergerie disponible 24/7 » détaille Max Bardon, directeur en charge des paiements grand public chez Amazon, dans un communiqué.
Abonnés à valeur ajoutée et données shopping
Ce n’est en réalité pas la première carte de crédit lancée par Amazon : une carte Visa similaire existait déjà depuis 2013, ouverte à tous les clients du site, et rapportait 3% en cashback. Une autre carte, Store Card, est réservée aux abonnés Prime mais utilisable uniquement sur le site.
Aux Etats-Unis, Amazon commence à plafonner et la croissance se ralentit : le nombre d’abonnés à Prime est estimé à 65 millions par Consumer Intelligence Research, soit environ 20% de la population américaine ! Et ces clients fidèles dépenseraient deux fois plus que les autres sur le site : 1.200 dollars par an contre 600 dollars environ en moyenne.
Amazon serait-il le nouveau GAFA à l’assaut des services financiers ? Ce n’est pas sa première incursion dans le paiement : la firme de Seattle avait essayé de concurrencer Square en lançant en 2014 un mini lecteur de carte mobile pour les commerçants, abandonné l’année suivante. L’entreprise de Jeff Bezos ne rêve pas vraiment d’être une banque : elle cherche surtout à convertir plus de clients en abonnés Prime à valeur ajoutée – ce qu’elle tente à chaque fois que vous commandez, en insistant pour vous faire essayer gratuitement ce service pendant un mois. Amazon aimerait que ses clients ne puissent plus se passer de lui et ne réalisent plus jamais son shopping sans lui : il veut aussi multiplier les occasions de revenir faire du shopping sur son site en utilisant les fameux points gagnés à travers les achats réalisés ailleurs.
Le géant américain de l’e-commerce précise bien qu’il n’est « pas un fournisseur de service financier » et qu’il ne disposera pas d’information sur la situation financière des clients, ni sur leur historique de crédit. En revanche, il n’indique pas s’il recueillera les données, précieuses, sur les achats effectués hors de son site et en particulier hors ligne, tout cet univers qui lui échappe : ces données pourraient lui permettre d’affiner encore son algorithme de recommandation.