Pollution : Anne Hidalgo met en garde les lobbys
Le « défi écologique » devient progressivement la première priorité de la maire de Paris Anne Hidalgo. Face à « l’urgence environnementale » et « le défi de la transition écologique », elle met en œuvre des mesures dans la capitale qui peuvent déplaire à certains : elle veut diviser par deux la place de la voiture individuelle polluante sur certains grands axes parisiens, et prône la reconquête de l’espace public au profit des piétons, cyclistes et des « circulations douces ». Dans son sillage, elle souhaite entraîner d’autres « villes monde », en s’appuyant notamment sur les accords de Paris sur le climat signés en 2015 en guise de ligne de directrice. Un collectif de métropoles est d’ailleurs en train d’agir pour remplir ce mandat : le C40, un « club » présidé par Anne Hidalgo composé de près d’une centaine de maires de grandes métropoles mondiales.
Pression des lobbys
Face à cette structuration d’agglomérations internationales qui, si elle fonctionne, aura un impact économique important, les lobbys industriels (automobile, énergie…) commencent à s’organiser pour faire jouer leurs intérêts, a indiqué Anne Hidalgo lors de ses vœux à la presse ce mercredi. Et si elle ne veut pour l’instant pas préciser exactement de qui il s’agit, elle assure que les maires commencent à subir des pressions négatives. « Les lobbys, qui avaient jusqu’ici dans le viseur les pouvoirs nationaux, européens, les parlementaires, les médias, s’attaquent désormais aux maires », a-t-elle indiqué. Ils ont, selon Anne Hidalgo, des stratégies qui consistent à « faire croire que le monde carboné » est l’avenir, que moins de voiture ne fait pas forcément moins de pollution etc. Des arguments qu’Anne Hidalgo rejette et qualifie de « post-vérités ». « Je propose que l’on revienne à la vérité », demande-t-elle, en se basant sur des « fondamentaux » : « Une voiture polluante pollue plus qu’un véhicule non polluant ; moins de voitures, c’est moins de pollution ; et il faut aussi parler des dégâts que les particules fines font sur les poumons, mais aussi sur le cœur et le cerveau », détaille la maire.
Mise en garde de la mairie de Paris
Ainsi, Anne Hidalgo ne compte pas laisser les lobbys influencer la politique de la Ville de Paris, comme cela peut être le cas pour d’autres institutions parlementaires: elle n’hésitera pas à rendre publique toute tentative d’ingérence de ces lobbys vis à vis de sa politique environnementale. « Nous diront qui ils sont, comment ils agissent et pour qui ils agissent », avertit sèchement la maire de Paris. De quoi dissuader les grands industriels qui prennent toujours le plus grand soin à ne pas écorner leur image. Mais à l’inverse, Anne Hidalgo assure que la mairie de Paris « valorisera » les industriels qui « font le jeu de la transition énergétique. » Celle qui se qualifie comme une « social-démocrate » convaincue ouvre donc largement la porte aux discussions avec le monde des affaires pour la réalisation de projets à finalité environnementale. Charge à elle, ensuite, de garantir l’intérêt général.