Débat sur les valeurs des forêts

De nombreuses études montrent que la valeur des forêts dépasse largement celle du bois. En 2002, Peyron et al. Indiquent que la valeur récréative est « probablement égale à celle du bois ». Selon le Commissariat au Développement Durable (CDD, 2010), la valeur des forêts est égale à 3 à 6 milliard d’euros, dont un peu plus d’1,2 milliard pour les produits forestiers. Une synthèse réalisée par la FRAPNA et le WWF (Lebreton et Vallauri, 2004) arrive à une conclusion similaire : le bois n’est pas l’essentiel de la richesse produite. Pour les forêts publiques, l’Etat assure jusqu’alors une part du financement de ces services non marchands. Monin (2003) indique que le versement compensateur à l’ONF pour la gestion des forêts communales est une « méthode de financement des frais de gestion permettant d’assurer l’ensemble des fonctions marchandes ou non marchandes pour chaque forêt communale ». De même, la péréquation au niveau de l’ONF entre forêts au niveau national permet d’utiliser les bénéfices générés par les unes pour financer la gestion des autres. Selon Monin (2003), « le système actuel garantit donc une péréquation efficace qui permet à chaque forêt domaniale, quelles que soient les recettes marchandes qu’elle procure, d’assurer l’ensemble des fonctions relevant des objectifs de gestion durable et de satisfaction des besoins collectifs ». Selon lui, « l’émergence croissante de nouvelles demandes sociales, au bénéfice d’utilisateurs de plus en plus distants, sans financement pour le propriétaire, pose clairement la question de la rémunération des fonctions non marchandes des forêts, clé d’un équilibre socio-économique qui reste le principal garant de la gestion durable des forêts. La diminution relative des cours des bois accentue cette tendance de fond ». A défaut de financements sonnants et trébuchants provenant du bois et de la chasse, les moyens manquent. S’il est vrai que des mesures fiscales ou des subventions peuvent et doivent orienter la gestion vers plus de multifonctionnalité, nombre d’actes de gestion favorables à la biodiversité sont aussi favorables au producteur de bois. L’opportunité de financer la transition vers « une politique de gestion durable et multifonctionnelle », pourtant inscrite dans la loi d’orientation forestière de 2001, a-t-elle été ratée dans la gestion de l’après-tempête ? Pourtant, cette période, par le fait qu’elle a mis la question des forêts et de la gestion au premier plan médiatique, est sans nul doute celle ayant exercée la plus forte pression de la société sur le monde forestier, le poussant à se remettre en question, au moins de façon passagère.