Les prévisions de croissance de Bercy pour 2017 jugées « plausibles »

Un peu optimistes mais réalisables tout de même. Le Haut conseil des Finances publiques (HCFP), organe indépendant évaluant la crédibilité des prévisions budgétaires du gouvernement, a validé mercredi les hypothèses de croissance du gouvernement pour la période 2017-2020 inscrites dans le « programme de stabilité » qui doit être envoyé à Bruxelles.

Tout en observant que la prévision de croissance du gouvernement pour 2017 « est légèrement supérieure à la plupart des prévisions disponibles », l’organe présidé par Didier Migaud estime dans un avis qu’elle « reste plausible », « au regard des enquêtes de conjoncture favorables et de l’amélioration de la croissance mondiale ». Les anticipations de la Banque de France et des grandes institutions internationales s’échelonnent entre 1,3% et 1,4%.

La croissance revue à la baisse pour 2018 et 2019

Bercy a maintenu inchangée sa prévision de croissance pour 2017, à 1,5%, dans son projet de budget pluriannuel à destination de la Commission européenne. La Commission européenne et l’OCDE tablent pour leur part sur un taux de 1,4% tandis que le FMI prévoit 1,3%. Le ministère des Finances a en revanche abaissé ses prévisions à 1,5% en 2018 contre 1,75% jusqu’alors anticipé, et à 1,6% en 2019, contre 1,9% annoncé auparavant, une initiative saluée par le Haut conseil.

« Ce scénario, plus prudent, peut constituer une base raisonnable pour la construction de trajectoires de finances publiques », estime le HCFP.

Présenté à dix jours du premier tour de l’élection présidentielle, ce cadrage macroéconomique pluriannuel revêt cette année un caractère théorique, puisque le respect ou non de la trajectoire fixée par l’actuel ministre des Finances incombera au prochain gouvernement.

Le Haut conseil juge aussi « plausible » l’augmentation de la masse salariale anticipée par le gouvernement. Cette dernière a été légèrement revue à la hausse, à 2,8% contre 2,7% auparavant.

Réduction « artificielle » du déficit structurel

Alors que le gouvernement a relevé dans le programme de stabilité sa prévision de déficit public à 2,8% du PIB fin 2017, contre 2,7% auparavant, le HCFP souligne que « les dernières informations budgétaires et mesures communiquées par les administrations ne modifient pas l’appréciation critique » formulée dans son avis de septembre dernier. Il avait alors qualifié également d’« incertain » le retour du déficit public sous le seuil de 3% du PIB l’an prochain, jugeant cette prévision fragilisée par les prévisions de dépenses mais aussi de recettes du budget 2017.

Le Haut conseil fustige ainsi « le caractère peu vraisemblable des estimations d’écart de production et de croissance potentielle présentées par le gouvernement », qui conduisent « à réduire artificiellement le déficit structurel et donc à minorer l’effort à réaliser pour rééquilibrer les finances publiques ». Il appelle à ce que « la prochaine loi de programmation corrige ces estimations » et à prendre mieux en compte « l’effort structurel ».

L’effort structurel, cher à la Commission européenne, correspond aux économies, ou aux moindres dépenses, réalisées hors effets de la conjoncture: celles qui ne peuvent pas être modifiées à court terme alors que la structure représente la composante permanente d’une économie.

(avec AFP et Reuters)