Mises à jour de avril, 2016 Activer/désactiver les fils de commentaires | Raccourcis clavier

  • admin9596 8:25 am le April 11, 2016 Permaliens  

    La course à l’image amateur, nouvel enjeu de l’information 

    Face à la prolifération des photos ou vidéos réalisées par des non-professionnels, de plus en plus de médias créent des cellules spécialisées.

    Cette photo d'un garde de sécurité privé venant en aide à une femme blessée devant la station de métro Maelbeek, à Bruxelles, le 22 mars, a été prise par un particulier.

    Quel est le point commun entre la photo d’un garde de sécurité plaquant un masque à oxygène sur le visage d’une femme blessée dans le métro de Bruxelles, le 22 mars, et la vidéo d’un lycéen parisien frappé par un policier en marge des manifs contre la « loi travail », deux jours plus tard ? Ces deux images sont appelées dans la presse des UGC, pour user generated contents, c’est-à-dire des photos ou vidéos prises par des personnes qui ne sont pas des journalistes professionnels.

    Saisis sur le vif par de simples témoins, ces clichés captés au smartphone sont diffusés sur les réseaux sociaux, où les médias qui couvrent l’actualité à chaud traquent désormais systématiquement les images les plus fortes. « La photo du garde de sécurité du métro Maelbeek, que nous avons diffusée deux heures après qu’elle a été postée sur Twitter, est l’image qui a été le plus téléchargée par les clients de l’agence le 22 mars, explique Grégoire Lemarchand, responsable de la cellule “réseaux sociaux” à l’Agence France-Presse.Le New York Times et The Economist l’ont publiée, comme de nombreux sites d’infos et médias internationaux. »

    Réseau d’observateurs

    Même diffusion virale pour la vidéo du lycéen frappé à Paris, posté sur YouTube par un témoin. La vidéo a fait l’ouverture du « JT » de 20 heures de TF1, le 24 mars. Pour les journalistes, il y a désormais deux terrains : le physique et le virtuel. « Les smartphones et la 4G ont révolutionné la manière dont on couvre l’actualité », confirment les animateurs de la plateforme Guardian Witness, chargés de dénicher des images pour le quotidien anglais et son site. Depuis deux ans, les reporters se livrent une course intense à l’image amateur, qui correspond à l’essor des chaînes d’info en continu. Tous les grands médias ont désormais une cellule consacrée à la veille sur les réseaux sociaux. En France, BFMTV, pionnière du secteur, lance ses « appels à témoins » plusieurs fois par jour depuis dix ans (5 % des images envoyées par le public passent à l’antenne). France 24 s’appuie depuis huit ans sur un réseau de 6 000 « observateurs » partout dans le monde, qui repèrent les UGC susceptibles de faire l’actu.

    Vidéo du lycéen frappé par les forces de police

    « Les UGC sont éditorialement intéressants, explique le New-Yorkais Tom Kent, rédacteur en chef pour les normes journalistiques à Associated Press, car ils sont pleins de spontanéité. C’est le “cinéma vérité”. Les images ne sont pas professionnelles, mais elles ont une authenticité qui peut toucher profondément le lecteur. Surtout, ce sont parfois les seules images disponibles au moment de l’événement. » C’est ainsi que la guerre en Syrie, peu couverte sur le terrain, a largement accéléré l’utilisation des UGC par les rédactions. Le 14 mars, l’une de ces vidéos amateurs, postée sur YouTube par deux Syriennes et reprise par la chaîne suédoise Expressen TV, a fait le tour du monde : les deux femmes ont filmé en caméra cachée la vie quotidienne à Raqqa, une ville du nord du pays tombée aux mains d’Etat islamique en 2013. Une vidéo qui aurait pu leur coûter la vie, et dans laquelle elles expliquent avoir pris ces risques « pour que le monde sache, en espérant qu’un jour (on) sera libre »…

    Le film tourné en caméra cachée par deux Syriennes à Raqqa

    Des motivations très éloignées de celles des « reporters involontaires », qui dégainent souvent leur téléphone par réflexe. Et sont parfois submergés par le retentissement des images qu’ils ont prises. C’est le cas de J. M., l’auteur de la vidéo sur laquelle on voit les frères Kouachi abattre le policier Ahmed Merabet en pleine rue, publiée sur Facebook le 7 janvier 2015. Désormais, certains auteurs d’UGC demandent expressément à ne pas être « crédités ». A l’inverse, d’autres sont tentés de vendre leurs images au lieu de les poster sur Facebook, Twitter ou Snapchat. « Rarement aux tarifs qu’ils imaginent ! », confie Alexis Delahousse, rédacteur en chef adjoint de BFMTV. Ce dernier dit avoir racheté les images de Samy Amimour, l’un des kamikazes du Bataclan, s’entraînant à la salle de sport, « quelques centaines d’euros ».

    Travail d’authentification

    Reste à bien authentifier les photos ou vidéos. « Face au flot d’images qui nous arrivent, la vérification est un énorme enjeu. A chaque événement, des “hoaxes”, c’est-à-dire des images fabriquées ou manipulées par des plaisantins ou des militants, ressurgissent », constate Julien Pain, journaliste à France 24. Un panel d’outils et de techniques permet aux journalistes de débusquer les intox avant de diffuser photos et vidéos : Google (images-maps-earth et street view), la géolocalisation, ou encore les données EXIF qui figurent sur une photo originale : « Lorsqu’un smartphone prend une photo, il intègre automatiquement des données “cachées” dans le fichier qu’il produit. Un fichier jpeg peut par exemple contenir la date de la prise de vues et la marque de l’appareil utilisé. Sur PC, un clic droit sur la photo (puis propriétés > avancées) permet d’accéder à ces informations. Un outil comme le Jeffrey’s EXIF Viewer peut aussi voussimplifier la tâche en extrayant ces données », explique Julien Pain.

    L’enjeu est tel que tout le monde progresse très vite, comme en témoigne la diffusion de l’image du garde de sécurité de Maelbeek, débusquée sur le compte d’un twitto qui compte à peine une cinquantaine de followers : « Elle a été prise par un passant qui l’a publiée sur Twitter à 11 h 05 avec le hashtag #Maelbeek, raconte l’équipe de l’AFP. A 11 h 13, nous demandons à cette personne l’autorisation de la publier, qu’elle nous accorde à 11 h 29 sur Twitter, puis par e-mail à 12 h 20. » Ne reste plus qu’à apprendre aux témoins de BFMTV à filmer à l’horizontale… dans le sens de la télé.

     
  • admin9596 3:57 am le April 10, 2016 Permaliens  

    Au Mexique, lynchée sur le Web après avoir été agressée 

    L’agression sexuelle dont a été victime une journaliste américaine à Mexico a donné lieu à un déchaînement de réactions sur les réseaux sociaux. Et ravivé le débat sur les violences subies par les Mexicaines dans l’indifférence générale.

    Lors d'une manifestation contre les violences faites aux femmes, le 8 mars, à Mexico.

    Le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, Andrea Noel marche dans une rue de Mexico quand une main se glisse sous sa jupe et baisse sa culotte. L’Américaine de 27 ans tombe au sol, tentant de dissimuler son intimité. L’agresseur s’enfuit. Cette journaliste free-lance, qui vit depuis trois ans dans la capitale mexicaine, récupère la vidéo d’une des caméras de surveillance plantées un peu partout dans le quartier branché de Condesa. Bien décidée à humilier publiquement son agresseur, elle poste les images sur son compte Twitter. « Si quelqu’un reconnaît cet imbécile, merci de l’identifier. Les femmes doivent pouvoir se promener en sécurité », écrit-elle avant de se rendre au commissariat pour porter plainte.

    Sur le compte Twitter d’Andrea Noel, la vidéo montrant son agression

    Si alguien reconoce a este imbécil, favor de identificarlo. Women should be able to walk safely. #FelizDiaDeLaMujerpic.twitter.com/U7flOoJoks

    — Andrea Noel ϟ (@metabolizedjunk) March 9, 2016

    La vidéo est vue des milliers de fois. Au début, les réactions affluent pour condamner cet acte machiste. Puis la tendance s’inverse, laissant place à une hostilité croissante. La victime se retrouve alors en position d’accusée. Des internautes mettent en cause sa tenue légère, d’autres félicitent l’agresseur. Certains sites Web d’actualité, tel La Silla Rota, doutent même de la véracité de l’histoire. La date du 8 mars, le déroulement des faits, la victime journaliste…, autant de faits laissant penser, selon eux, à une mise en scène. Einer Juarez, éditorialiste à SDPnoticias.com, va jusqu’à traiter Andrea Noel de « feminazi »l’associant à des militantes féministes radicales.

    Menacée de mort

    La Toile s’embrase. La jeune femme reçoit des messages nuit et jour sur les réseaux sociaux. Beaucoup la soutiennent. Certains l’insultent ou la menacent : « J’aurais aimé qu’il te viole, s***** de blonde », « Le patron a donné l’ordre, et malheureusement tu vas mourir aujourd’hui ». Ce dernier tweet étant assorti d’une photo avec une arme et des cartouches. De virtuelle, la menace devient réelle. Quelqu’un près de chez elle la reconnaît et communique ses coordonnées GPS sur le Web, invitant les internautes à la « finir ». Un message similaire est posté sur Twitter avec la photo du restaurant, où elle est en train de se restaurer. Le soir du 15 mars, alors qu’elle travaille dans son appartement, elle sent un rayon sur son front. Elle aperçoit par la fenêtre une BMW blanche garée devant son immeuble avec à son bord plusieurs individus, dont l’un pointe un laser sur elle. Elle appelle la police, mais aucun agent ne viendra. « Je n’aurais jamais pensé être menacée de mort alors que je défends seulement mon droit à marcher dans la rue en sécurité », a confié Andrea Noel à des médias mexicains en dénonçant les failles de la justice en matière d’abus sexuels.

    Selon la Commission exécutive d’aide aux victimes (CEAV), les deux tiers des Mexicaines de plus de 15 ans ont subi une agression à connotation sexuelle. La plupart des victimes ne portent pas plainte, car seulement 2 % des délits sont jugés. Et toujours selon la CEAV, chaque jour, sept femmes sont assassinées au Mexique. Les crimes de genre sont si répandus que la population les a baptisés « féminicides ».

    Une menace de mort reçue par Andrea Noel sur son compte Twitter, après la médiatisation de agression.

    Mi-mars, SDPnoticias.com, après avoir condamné ses propos misogynes, a licencié l’éditorialiste, Einer Juarez. Son directeur, Federico Arreola, a également posté un tweet d’excuse sur la page d’Andrea Noel. Son lynchage médiatique a ouvert un débat. Une victoire douce-amère pour cette collaboratrice du magazine Vice, qui la soutient dans sa dénonciation de l’impunité des violences faites aux femmes au Mexique. Le 19 mars, la Californienne annonçait sur Twitter qu’elle était rentrée aux Etats-Unis.

     
  • admin9596 9:25 am le April 8, 2016 Permaliens  

    Au « JT », la tête de l’émoi 

    Depuis 2009, le photographe slovène, Jure Kastelic, saisit, par captures d’écran, les visages des présentateurs de journaux américains, anglais ou chinois qui annoncent une catastrophe.

    Sur la chaîne chinoise CCTV News le 2 août 2014 : 69 personnes sont mortes dans l’explosion d’une usine à Kun­shan, dans l’est de la Chine.

    L’une fait une tête d’oiseau tombé du nid, les yeux écarquillés et la bouche en cul-de-poule. Un peu comme si on venait de lui mettre une main aux fesses sans préavis. Un autre a le menton légèrement relevé et la bouche figée dans un rictus de souffrance qui semble intolérable, il ferme les paupières si fort que l’on se demande s’il parviendra jamais à les rouvrir. Un autre encore se mordille la lèvre tandis qu’une femme fait la grimace et qu’un homme semble contenir un éclat de rire.

    « Plus je regardais les journaux télévisés, plus je jugeais l’attitude des présentateurs inappropriée. A l’opposé de la façon dont ils devraient annoncer des nouvelles aussi tragiques. »

    A regarder ces visages, en gros plan et sans sous-titres, on imagine mal qu’il s’agit de captures d’écran de télévision réalisées au moment où des présentateurs annoncent une catastrophe. Une explosion en Chine, 233 morts dans l’incendie d’une boîte de nuit au Brésil, un crash d’avion au Kazakhstan, un accident de la route aux Etats-Unis, une tentative d’assassinat sur une jeune militante pakistanaise de 14 ans (Malala Yousafzai, qui obtiendra plus tard le prix Nobel de la paix)… Ce sont ces instants que le photographe Jure Kastelic a voulu saisir, choqué par le « décalage » entre la gravité des événements rapportés et l’expression des journalistes de télévision, qu’il juge souvent « ridicule ».

    Excès de compassion ou trop grande impassibilité

    Ce Slovène de 23 ans installé à Londres a eu l’idée de cette série de photographies un peu par hasard, alors qu’il entamait un travail expérimental sur les écrans, en 2009. Il la complète encore aujourd’hui. « Je regardais alors pas mal la télévision, raconte-t-il. Plus je regardais les journaux télévisés et les chaînes d’information, plus je jugeais l’attitude des présentateurs inappropriée. A l’opposé, le plus souvent, de la façon dont, me semble-t-il, ils devraient annoncer des nouvelles aussi tragiques. »

    Ce qu’il perçoit comme un excès de compassion affichée, une trop grande impassibilité ou une mimique indécente est, à ses yeux, le reflet des égarements d’une profession qui joue mal son rôle d’intermédiaire : « Si la plupart des catastrophes ne nous émeuvent pas, ce n’est pas seulement parce qu’elles se déroulent loin de nous et ne nous touchent pas directement, c’est aussi parce que les présentateurs transmettent mal l’information », estime-t-il, tout en dénonçant le « show » que sont devenus nombre de journaux télévisés, notamment aux Etats-Unis.

    Existe-t-il une « bonne » attitude ?

    Encore faudrait-il savoir s’il existe un comportement approprié à pareilles circonstances. « Qu’un reporter puisse paraître un peu froid à l’annonce d’une catastrophe, c’est assez logique car c’est ce qu’on enseigne à l’école de journalisme, explique le sociologue des médias Jean-Marie Charon. Un journaliste ne doit pas se situer excessivement dans le registre de l’émotion, il ne doit pas en rajouter, sans pour autant paraître indifférent. Il est là pour permettre au téléspectateur de comprendre l’information et de se constituer son propre avis », poursuit-il.

    Toutes les études montrent d’ailleurs que l’intermédiaire n’a rien à voir avec la façon dont l’information est perçue. « C’est le contexte du récepteur [en l’occurrence, le téléspectateur] qui détermine s’il va être amené à croire telle ou telle nouvelle, à se montrer empathique ou pas… Comme, par exemple, lors du tsunami qui a frappé l’Asie du Sud-Est en 2004. Certains disent que les Occidentaux ont été touchés parce qu’ils ont eux-mêmes été victimes en nombre [537 Occidentaux ont péri]. Ce qui illustre bien que cela n’a aucun rapport avec la façon dont les journalistes ont, ou n’ont pas, présenté l’événement ». Une leçon de modestie.

     
  • admin9596 7:37 am le April 6, 2016 Permaliens  

    Bruxelles : alors on chante 

    Le Monde | 25.03.2016 à 18h04 |Par Magali Cartigny

    Cette semaine, Toc-Toc, la rubrique de « L’Epoque », le supplément du « Monde », rend hommage aux victimes des attentats belges.

    Le 24 mars 2016.

    J’ai des frissons quand sonne le téléphone, l’émission sur la télé résonne. Il pleut sur Bruxelles. J’ai froid, j’ai peur, le soir se penche. Cruel duel celui qui oppose Paris névrose et Bruxelles abruti. Comme si c’était tout comme dans les prières, qui emprisonnent et vous libèrent. Quand il s’agit d’enterrer en plein centre-ville au nom de Dieu, auquel il faut croire. Je l’ai prié pendant des heures, on m’a dit qu’il était trop vieux pour nos pleurs. Les hommes, ils en ont tant vu que leurs yeux sont devenus gris. Et là tu t’dis que c’est fini, car pire que ça ce serait la mort. Quand tu crois enfin que tu t’en sors, quand y en a plus et ben y en a encore. Les saint Jean bouche d’or qui prêchent le martyre. Mourir pour des idées, c’est le cas de le dire. C’est leur raison de vivre, ils ne s’en privent pas. Le cas du kamikaze, l’abc du condamné. Bombez le torse, bombez ! Prenez des forces, bombez ! Ne pas s’enfuir ne pas s’en faire. Dans toutes les rues de Paris, on traite les braves de fous. Et les poètes de nigauds. Mais dans les journaux de partout, tous les salauds ont leur photo. Moi, je veux vivre dans un monde où les chiens embrassent les chats. Et où.. ils dansent.. Ils dansent une rumba. Que ça plane pour moi, être the king of the divan. A demain sur la Lune, aux quatre coins des dieux. Quand on a que l’amour, que la force d’aimer, nous aurons dans nos mains, amis, le monde entier.

    (Lio, Bashung, Barbara, Dick Annegarn, Stromae, Brassens, Brel, Arno, Plastic Bertrand, Philippe Lafontaine)

    •  Magali Cartigny

      Journaliste au Monde
      SuivreAller sur la page de ce journaliste
     
  • admin9596 8:56 am le April 5, 2016 Permaliens  

    Jeanne d’Arc, une pucelle très convoitée 

    Le Monde | 27.03.2016 à 13h03 |Par Louise Couvelaire

    Sous la houlette de Philippe de Villiers, le Puy-du-Fou vient d’acquérir un anneau qui aurait appartenu à Jeanne d’Arc. Une récupération de la guerrière devenue icône de l’extrême droite. Ce qui n’a pas toujours été le cas.

    XIXe siècle : adulée à droite et à gauche

    La statue de Jeanne d'Arc, à Paris.

    La pucelle d’Orléans a longtemps été ignorée. C’est après la défaite de la France contre la Prusse que naît son culte, avec l’apparition du concept politique de « nation ». Deux camps s’arrachent l’icône : il y a, d’un côté, la Jeanne de droite – guerrière, monarchiste et pieuse –, et de l’autre, celle de gauche, issue du peuple, trahie par le roi et brûlée par l’Eglise.

    Début du XXsiècle : écartelée entre de Gaulle et Pétain

    Le général de Gaulle à Orléans, en 1959.

    Jeanne d’Arc est béatifiée en 1909 et canonisée en 1920. Pendant la seconde guerre mondiale, le général de Gaulle ne cesse d’utiliser son souvenir tandis que Vichy veut la récupérer en la substituant à Marianne. La figure est peu à peu délaissée par la gauche, puis, à la fin des années 1970, par tous les républicains. Avant d’être rattrapée par le Front national.

    Années 1970 : confisquée par l’extrême droite

    Jean-Marie Le Pen lors de la fête de Jeanne d'Arc, le 12 mai 1985, à Paris.

    Même si les partis dits traditionnels tentent régulièrement de se réapproprier la sainte, l’extrême droite a mis la main sur le symbole dès la fin des années 1970. Le FN a commencé par participer aux défilés créés en son honneur par l’Action française (extrême droite royaliste) avant d’organiser dès le 1er Mai 1988 sa propre manifestation.

    20 mars 2016 : récupérée par Jean-Marie Le Pen

    Jean Marie Le Pen, lors du défilé du FN du 1er-mai 2014.

    Jean-Marie Le Pen, exclu du Front national, annonce sur France 3 vouloir lancer des comités baptisés « Jeanne d’Arc, au secours ! », dont l’objectif serait d’« influencer autant que faire se peut la marche du Front national ». Une référence à l’appel lancé le 1er mai 2015 lors de la manifestation du FN, place des Pyramides, à Paris.

    20 mars 2016 : vénérée par Philippe de Villiers

    L'anneau ayant prétendument appartenu à Jeanne d'Arc, acheté par le Puy-du-Fou.

    5 000 personnes se pressent au Puy-du-Fou pour suivre le cortège rapportant l’anneau qui aurait appartenu à Jeanne et qu’a racheté le parc de loisirs à une vente aux enchères à Londres pour 377 000 euros. Une cérémonie orchestrée par Philippe de Villiers : « C’est un petit bout de France qui revient, une parcelle de nos grandeurs déchues. »

    • Louise Couvelaire

     
  • admin9596 4:13 am le April 4, 2016 Permaliens  

    Dans les archives de Magnum 

    Une vie en suspens

    Il y a vingt-quatre ans, le 5 avril 1992, des snipers serbes ouvrent le feu sur des manifestants de Sarajevo. Après avoir embrasé la Croatie et la Slovénie, la guerre se répand en Bosnie-Herzégovine. Un mois plus tard, le 2 mai, débute le plus long siège de l’histoire moderne. Quatre ans durant, les 350 000 habitants de la capitale bosniaque subissent l’encerclement de l’armée serbe. Résistant avec les moyens du bord aux bombardements et à la faim. Sur cette photo, certains d’entre eux traversent la rivière Miljacka pour aller se ravitailler en eau. Nous sommes en 1993, à moins de 2 000 kilomètres de Paris.

     
  • admin9596 4:23 am le April 3, 2016 Permaliens  

    Fonctionnaire, l’emploi rêvé des Italiens 

    Mille candidats pour un poste d’infirmier, 10 000 pour 14 emplois de policiers… En Italie, trouver un poste fixe est un rêve quasiment inaccessible. Une série photographique en témoigne, montrant l’incroyable affluence aux concours de la fonction publique.

    En novembre 2015, pour les 12 emplois à pourvoir dans une école maternelle de Florence, plus de 2 800 aspirants instituteurs se sont retrouvés dans l'Obihall de la ville toscane.

    « Il posto fisso è sacro » (un poste fixe est sacré) : cette réplique du film de Gennaro Nunziante, Quo Vado ?, mettant en scène les mille et un stratagèmes d’un petit fonctionnaire des Pouilles pour garder son emploi et ses avantages, est devenue culte. Sorti le 1er janvier, ce long-métrage a battu tous les records italiens, détrônant Avatar de sa première place.

    A voir les photos de Michele Borzoni, on comprend mieux pourquoi. Ce n’est plus le rire qui l’emporte à la vue de ces gymnases, de ces palais des sports bondés de candidats pour un concours d’entrée dans la fonction publique nationale ou territoriale, mais l’effarement. Un exemple : 4 800 personnes se sont inscrites à l’épreuve de sélection pour un seul emploi d’infirmier ou d’infirmière dans un hôpital public de Vérone (Vénétie). Chacune d’elles a déboursé 5 euros, de quoi permettre aux organisateurs de louer le Palaolimpia, la salle de sport où se produisent habituellement les équipes de volley et de basket locales, et d’engranger un petit bénéfice.

    Des amitiés nouées

    Le reporter du quotidien La Repubblica, qui racontait cet événement dans l’édition du 2 mars, décrit des candidats qui en sont parfois à leur dixième tentative, des parents accompagnant un garçon ou une fille, des couples qui viennent avec leurs enfants. Certains ont fini par nouer des relations d’amitié à force de se croiser, du nord au sud de la Botte, à la recherche du fameux posto fisso.

    « Cela reste un horizon pour la classe moyenne italienne, raconte Michele Borzoni. Le CDI dans la fonction publique était synonyme de tranquillité et de sécurité. Grâce à cela, on pouvait envisager de se caser, de quitter ses parents et de fonder une famille. Mais depuis les réformes du premier ministre Matteo Renzi, l’assouplissement du marché du travail et l’austérité, ce rêve est devenu presque inaccessible. Ce qui m’a fasciné dans ce sujet, c’est de voir comment des lieux habituellement consacrés aux loisirs peuvent se transformer en espaces de travail ou, plutôt, de recherche d’un travail. »

    Seule perspective dans le sud

    Situé aux alentours de 12 % de la population active, le chômage touche plus particulièrement les jeunes et, parmi eux, ceux du sud de l’Italie où le taux de sans-emploi atteint près de 40 %. Moins industrialisées, les régions méridionales n’ont rien d’autre à offrir qu’un poste de fonctionnaire. L’éducation nationale compte d’ailleurs un gros contingent d’enseignants originaires du sud de l’Italie.

    Ces images sont extraites d’un travail au long cours de Michele Borzoni consacré à la crise du travail. Il enquête également sur les mises aux enchères d’entreprises en faillite, sur le travail au noir dans les ateliers textiles chinois de Prato (Toscane), sur les braccianti, ces immigrés ramasseurs de tomates et d’oranges en Calabre pour un salaire journalier de misère, et sur les sociétés d’e-commerce où tout est géré par ordinateur. Autant de lieux où le posto fisso n’a jamais existé, pas même en rêve.

    En avril 2014, 14 emplois de policier sont à pourvoir à Milan, et plus de 10 000 candidats s'affrontent durant l'examen qui se tient au Mediolanum Forum, dans la banlieue de la capitale lombarde.
    En mai 2014, un concours organisé par la direction régionale de l'eau de Toscane se déroule dans l'auditorium d'une banque florentine.
    En octobre 2014, 238 candidats briguent l'unique poste de technicien de laboratoire biomédical à Parme (Emilie-Romagne) lors d'épreuves organisées dans le stade de Fidenza.
    En juin 2014, 3 700 candidats concourent pour les 80 postes d'officiers de police proposés par la ville de Rome. Les épreuves ont lieu dans une salle de l'Hôtel Ergife, un palace de la capitale italienne.
    En novembre 2015, pour les 12 emplois à pourvoir dans une école maternelle de Florence, plus de 2 800 aspirants instituteurs se sont retrouvés dans l'Obihall de la ville toscane.
    En juin 2015, plus de 1000 candidats sont en lice pour un poste d'infirmière à l'hôpital de Crémone (Lombardie). Le concours se déroule à l'intérieur du stade de la ville.
    En juillet 2014, au centre de recrutement militaire de Foligno (Ombrie), 7 672 candidats planchent pour tenter de décrocher l'un des 860 postes à pourvoir dans l'armée italienne.
    Précedent

    1/7

    Suivant

    En avril 2014, 14 emplois de policier sont à pourvoir à Milan, et plus de 10 000 candidats s’affrontent durant l’examen qui se tient au Mediolanum Forum, dans la banlieue de la capitale lombarde.

    Michele Borzoni

    › Accéder au portfolio

     
  • admin9596 1:02 pm le April 2, 2016 Permaliens  

    Les Italiens, à la recherche du poste fixe 

    En avril 2014, 14 emplois de policier sont à pourvoir à Milan, et plus de 10 000 candidats s’affrontent durant l’examen qui se tient au Mediolanum Forum, dans la banlieue de la capitale lombarde.

     
c
compose new post
j
next post/next comment
k
previous post/previous comment
r
reply
e
edit
o
show/hide comments
t
go to top
l
go to login
h
show/hide help
shift + esc
cancel