La famille d’une disparue réclame 100 millions de dollars à Robert Durst

Soupçonné de plusieurs meurtres, ce richissime Américain s’était involontairement « dénoncé » à la télévision. Il attend son procès en prison. Et pourrait avoir à régler d’énormes dommages financiers à la mère de sa première femme, disparue en 1982.

Robert Durst, ici le 17 mars 2015, est suspecté de deux meurtres. Il a été acquitté pour un troisième, celui de son voisin, pour lequel il a plaidé la légitime défense.

L’invraisemblable affaire Robert Durst finira-t-elle par trouver un épilogue ? Cet héritier excentrique d’une richissime famille new-yorkaise de l’immobilier est soupçonné d’avoir commis plusieurs meurtres entre 1982 et 2003. Emprisonné depuis neuf mois, le voilà en sus objet de poursuites financières de la part de la mère d’une des victimes.

Ann McCormack, 101 ans, et trois de ses filles encore en vie, réclament à Robert Durst 100 millions de dollars pour la disparition, en 1982, de sa première épouse, Kathleen McCormack, alors âgée de 29 ans. Bien que la justice n’ait jamais réussi à établir sa culpabilité, les poursuites se fondent sur une loi en vigueur dans l’Etat de New York qui donne le droit à chaque famille de disposer du corps d’un défunt pour procéder à l’inhumation.

« Au cours des trente-trois dernières années, Durst a soustrait le corps de Kathleen à ses proches, les empêchant de lui réserver une sépulture décente », indique la plainte, déposée le 30 novembre devant la Cour suprême de Mineola, dans l’Etat de New York. « En raison du comportement scandaleux et extrême de M. Durst, les proches de Kathleen ont souffert et continuent de souffrir d’une détresse émotionnelle absolue, d’humiliation, d’angoisse mentale et physique », poursuit le document.

Il décapite son voisin… en état de légitime défense

L’histoire de Robert Durst n’en est pas à son premier rebondissement. Outre la disparition, non élucidée, de sa femme, les enquêteurs ne sont pas parvenus, non plus, à prouver sa responsabilité dans le meurtre d’une de ses amies, Susan Berman. Cette écrivaine, fille d’un mafieux de Las Vegas, avait été tuée d’une balle dans la tête en 2000, à Los Angeles. Robert Durst, enfin, a été jugé en 2003 pour l’assassinat de son voisin, Morris Black, dont le corps avait été retrouvé décapité et démembré. Mais l’accusé avait été acquitté, son avocat ayant plaidé avec succès la légitime défense et justifié le comportement de son client par le syndrome d’Asperger, une forme d’autisme.

Suspect parmi les plus célèbres des Etats-Unis, la roue a commencé à tourner, pour Durst, il y a neuf mois. Sujet d’un documentaire de la chaîne HBO,il a négligé, en se rendant aux toilettes, le micro sans fil attaché au revers de sa veste. On l’entend murmurer pour lui-même : « Et merde, qu’est-ce que j’ai fait ? Je les ai tous tués, bien sûr. »

Les “aveux” de Robert Durst à la télévision

La police l’a arrêté à la Nouvelle-Orléans le 14 mars 2015, veille de la diffusion, à la télévision, de ces aveux involontaires. Ses avocats avaient bien tenté de dissuader le millionnaire de participer au documentaire. Sans succès. Sûr de son fait, Durst avait déclaré lors d’un entretien deux jours auparavant : « Cela fait si longtemps. Il faudrait qu’un procureur entreprenne une enquête considérable et ruineuse. Je ne l’imagine pas. »

Erreur peut-être fatale : un procureur de Los Angeles a pensé, lui, que rouvrir le dossier en valait la peine. Sans que l’on sache si la gaffe commise par Robert Durst a joué un rôle dans cette décision, un mandat d’arrêt pour meurtre a été lancé, qui a abouti à son arrestation à la Nouvelle-Orléans. Trouvé en possession de faux papiers, d’un masque en latex et de près de 40 000 dollars, il était vraisemblablement en train d’organiser sa fuite des Etats-Unis. Le 17 décembre, l’homme sera jugé une première fois pour port d’arme illégal. Courant 2016, il devrait comparaître à Los Angeles (Californie) pour le meurtre de Susan Berman.

Ann McCormack (à droite), 101 ans, réclame à Robert Durst (à gauche) 100 millions de dollars pour la disparition, en 1982, de Kathleen McCormack (au centre), sa fille et la première et épouse de Robert.

La mère et les sœurs de Kathleen McCormack réclament 50 millions de dollars à titre de dommages compensatoires et 50 millions à titre punitif, ce qui représente la quasi-totalité de sa fortune. Celui-ci avait hérité de l’entreprise créée par son père, la Durst Organization, qui gère, entre autres, le One World Trade Center, le building édifié à l’emplacement des tours jumelles détruites lors des attentats du 11-Septembre.