Le boom supersonique

La fin de l’espoir à la tombée de la nuit. Les deux membres d’équipage du Mirage 2000D dont des débris ont été retrouvés mercredi dans le Jura sont morts, a annoncé jeudi 10 janvier la ministre des Armées Florence Parly dans un communiqué. Voici ce que l’on sait de cette affaire.

L’avion de chasse qui avait décollé de la base de Nancy-Ochey (Meurthe-et-Moselle) a disparu des écrans radar vers 11 heures. Un « boum » a été entendu. Selon un témoin qui skiait dans le secteur, l’avion « est passé au-dessus des pistes du chalet de la Bourre ce mercredi matin vers 10h30 ». « Il y a eu un claquement, comme un moteur qui a pété, au moment de son passage… Une sorte de claquement ou de toute petite explosion s’est fait ressentir, comme un ‘boum’ du mur du son, mais en bien plus petit. Cela m’a fait m’arrêter dans mon élan. Mais, ayant entendu l’avion continuer, je ne me suis pas inquiété », baptême en avion de chasse confie le skieur de fond à France 3 Bourgogne Franche-Comté.

Aucune des balises de détresse, placées sur les sièges éjectables, n’ont été activées. Elles se déclenchent pourtant automatiquement lors de l’éjection, ou sont activées par les pilotes lorsqu’ils arrivent au sol. Sur Facebook, la gendarmerie du Jura précise que l’avion a disparu « alors qu’il survolait le massif jurassien entre Mouthe (Doubs)/Mignovillard (Jura) et la frontière suisse ». Comme l’a indiqué le porte-parole de l’armée de l’air dans son point presse mercredi soir à Paris, l’origine de la disparition reste inconnue.

L’avion effectuait, seul, « une classique mission d’entraînement en vol à basse altitude aux instruments », a indiqué le colonel Yann Bourion mercredi soir, selon France 3 Grand Est. « Le Mirage 2000D est un avion équipé pour voler dans les nuages et, c’est sa particularité, pour suivre le terrain quelles que soient les conditions météorologiques. C’est une mission à laquelle s’entraînent régulièrement les équipages de Nancy-Ochey », a-t-il précisé.

 

Le Mirage 2000D est biplace : il peut accueillir un pilote et un navigateur officier système d’armes. L’identité de ces deux membres d’équipage a été révélée jeudi soir par la ministre des Armées : il s’agit du capitaine Baptiste Chirié et de la lieutenant Audrey Michelon.

Ils n’avaient donné aucun signe de vie depuis la disparition de l’appareil. Mercredi soir, le porte-parole de l’armée de l’air déclarait encore son espoir de « les retrouver vivants ». Le colonel Yann Bourion insistait de son côté sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’un « équipage novice ».

Arnaud Delalande, spécialiste des questions de défense, avance, sur le site de France Soir, que les militaires n’ont peut-être pas eu le temps de s’éjecter car ils volaient à basse altitude. « Les ingestions de volatiles [par un réacteur] sont plus fréquentes et, bien sûr, les temps de réaction sont inférieurs. L’éjection reste possible mais l’espérance de survie est réduite. Avant de s’éjecter, le pilote doit également s’assurer que son appareil ne se crashera pas sur une zone habitée », explique-t-il.

Des débris de l’appareil ont été retrouvés dans le secteur de la Combe Noire, à plus de 1 000 mètres d’altitude, à Mignovillard. « Ces débris sont répartis sur plusieurs hectares dans un secteur enneigé », précise France 3 Bourgogne Franche-Comté. C’est un responsable des pisteurs-secouristes du Haut-Doubs, qui préfère rester anonyme, qui les a découverts le premier. « On avait une ou deux indications et, surtout, on s’est repérés à l’odeur. Un crash, ça laisse toujours des odeurs de kérosène », a-t-il raconté sur France Bleu Besançon. « On a trouvé les débris un peu partout, c’est un massif rempli de résineux, ce n’est pas facile d’accès. On est allés sur place avec un véhicule chenillé. »

Selon L’Est républicain, un parachute et une carte figurent parmi les débris. « On a trouvé du tissu qui ressemble à un parachute », a confirmé le colonel Duvivier lors du point presse. « Mais il est trop tôt pour dire s’il s’agit d’un parachute de l’équipage ou de l’appareil », selon lui.

Une enquête a été ouverte pour « recherche des causes de l’accident » par le parquet de Metz, compétent pour les affaires pénales militaires dans la zone Est, a indiqué le procureur, Christian Mercuri. « On a saisi la section de recherches de la gendarmerie de l’air, un service spécialisé » basé dans les Yvelines, a-t-il ajouté.

Une cellule de crise a été mise en place à la préfecture du Doubs. Le plan Sater (pour « sauvetage aéro-terrestre ») a été déclenché par le préfet.

Les recherches ont mobilisé plus de 150 gendarmes jeudi près de Mignovillard, indique France Bleu Besançon. Des membres de l’institut de recherche criminelle de la gendarmerie ont été dépêchés sur les lieux, notamment un dentiste et un médecin légiste. C’est le même institut qui avait enquêté en mars 2015, sur le crash du vol de la Germanwings dans les Alpes du Sud.