La mysoginie ordinaire

Scène de «misogynie ordinaire», selon les mots de l’entourage de la secrétaire d’Etat à l’Ecologie Brune Poirson, hier au Sénat. Rien ne le présageait, pourtant. Déjà parce qu’au palais du Luxembourg, ils sont généralement un peu plus polis qu’à l’Assemblée. Surtout parce que les sénateurs étaient censés parler de la diplomatie climatique de la France à l’aune de la Cop 24 et qu’a priori, cela n’a pas grand-chose à voir avec les relations femmes-hommes. Voilà la scène. Dans l’hémicycle, le sénateur LR Gérard Longuet vante les mérites de la filière nucléaire française. Mais il commence son intervention par un remarqué «madame LE ministre». Une formule qu’il répète dans sa question quelques secondes plus tard. Evidemment, ça proteste du côté des sénateurs. «Je fais comme vous : parfois, je profite d’une tribune pour parler d’un tout autre sujet et en l’occurrence, là, il est ancré dans la réalité, monsieur le sénateur, je vous demande de m’appeler « madame LA ministre ». Le débat est clos. C’est comme ça et pas autrement», rétorque Brune Poirson avant de reprendre le cours normal de son intervention. Les remarques de la ministre ont-elles fait réaliser à Gérard Longuet qu’il était sur la mauvaise voie ? Pas du tout. «Madame Poirson ignore qu’à cet instant en langue française, le neutre n’existant pas, le masculin est générique et vaut tant pour le genre masculin que pour le genre neutre», nous rapporte-t-il. Un argument défendu par l’Académie française mais remis en cause par les défenseurs de l’écriture inclusive.