Trump bloque les frontières avec effet immédiat

[Article mis à jour à 16h45]

Une semaine après son entrée en fonction, Donald Trump met à exécution son programme anti-immigration. Le nouveau président a signé vendredi soir un décret interdisant l’accès au territoire américain aux réfugiés pendant quatre mois et aux ressortissants de sept pays à la population majoritairement musulmane pendant 90 jours : la Syrie, mais aussi l’Irak, l’Iran, la Libye, la Somalie, le Soudan et le Yémen.

« Je mets en place de nouvelles mesures de contrôle pour maintenir les terroristes islamiques radicaux hors des Etats-Unis d’Amérique. Nous ne voulons laisser entrer dans notre pays que ceux qui soutiendront notre pays et aiment profondément notre peuple », a déclaré Donald Trump lors d’une cérémonie au Pentagone.

Trois pays de la zone, à la population majoritairement musulmane aussi et frappés par le terrorisme, sont absents de la liste : la Turquie, l’Egypte et l’Arabie Saoudite. Des pays avec lesquels l’empire Trump a fait des affaires ou cherche à en faire, comme le relève Bloomberg, avec une carte très parlante à l’appui.

carte décret Trump

[En rouge, les pays concernés par le décret, en jaune les pays avec lesquels l’organisation Trump a des liens business. Crédit: Bloomberg]

Même Google s’inquiète pour ses salariés

S’agissant de la Syrie, la suspension du programme d’accueil des réfugiés restera en vigueur jusqu’à nouvel ordre. Toutefois, une priorité sera accordée aux minorités religieuses, ce qui favorisera les chrétiens de Syrie, a précisé Donald Trump. Une mesure qui pourrait s’avérer inconstitutionnelle.

Des passagers ont déjà été bloqués à l’aéroport ce samedi : ainsi, cinq Irakiens et un Yéménite n’ont pas été autorisés à monter à bord d’un avion en partance pour New York samedi à l’aéroport du Caire, rapporte l’agence Reuters. Selon le New York Times, des réfugiés qui étaient dans l’avion au moment de la signature du décret ont été placés en détention à l’arrivée sur le sol américain. Une plainte a été déposée samedi devant un tribunal de Brooklyn par l’Union américaine pour les droits civiques (ACLU) et plusieurs organisations d’aide aux immigrés, au nom de deux Irakiens, porteurs de visas en règle, arrêtés vendredi à Kennedy Airport.

Les mesures annoncées ce vendredi figuraient dans le programme de Donald Trump, qui avait même évoqué pendant la campagne électorale l’interdiction de l’accès au sol américain à tous les musulmans.

La menace est prise très au sérieux, jusque dans la Silicon Valley, où le patron de Google, Sundar Pichai, a enjoint vendredi soir, dans un mémo interne révélé par l’agence Bloomberg, les salariés potentiellement concernés, environ une centaine, à rentrer au plus vite aux Etats-Unis. En effet, même les porteurs de « carte verte » de ces 7 pays sont concernés par ce décret, a précisé samedi une porte-parole du département de la Sécurité intérieure.

De nombreuses réactions indignées se sont fait entendre dans le monde. Le président iranien a réagi de manière indirecte. Dans une allocution retransmise à la télévision, Hassan Rohani a déclaré :

« Aujourd’hui, l’heure n’est pas à l’édification de murs entre les nations. Ils ont oublié que le mur de Berlin était tombé il y a des années. L’heure est à un rapprochement du monde grâce au commerce ».

(avec Reuters)